Depuis le début du quinquennat de François Hollande, les chiffres du chômage ne cessent de faire le « yoyo ». Après une forte baisse en janvier, le gouvernement a annoncé que le nombre de demandeurs d’emploi augmente de nouveau en février.
Le jour même de la présentation de la loi travail en conseil des ministres, le gouvernement a publié les statistiques de Pôle emploi pour le mois de février. Dans un communiqué de presse, il annonce que « le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité au mois de février, a augmenté de 38 400, soit une hausse de +1,1 % par rapport au mois dernier ». Au total, en considérant les catégories A, B et C, c’est une augmentation de 0,1 % du chômage que l’on constate en février.
Des chiffres du chômage à nuancer
En janvier, le chômage a fortement baissé. Pôle emploi a enregistré un recul de 0,3 % du nombre de demandeur d’emploi relevant des catégories A, B et C. Ce recul, très bien accueilli par le gouvernement, concernait essentiellement la catégorie A avec 27 900 demandeurs d’emploi sans aucune activité en moins. Malgré tout, Miriam El Khomri, la ministre du Travail, avait elle-même nuancé ce résultat par un nombre « inexpliqué » de personnes sorties des statistiques de pôle emploi faute d’actualisation de leur dossier.
En février, c’est donc l’inverse. Le nombre de chômeurs augmente fortement. Une hausse de 38 400 demandeurs d’emploi en catégorie A qui s’explique par un basculement de nombreuses personnes des catégories B et C. Il s’agit de chômeurs qui avaient une faible activité et qui n’en ont plus maintenant. Au total, si l’on considère les 3 catégories, il n’y a que 3 100 demandeurs d’emploi supplémentaires, soit une hausse de 0,1 %.
Ces statistiques sont donc à prendre en compte avec du recul. De nombreux facteurs ont une forte influence, à commencer par la multiplication des contrats de courte durée qui peuvent très facilement « fausser » les statistiques prises sur un mois. Le gouvernement relativise ces chiffres en mettant en avant un « mouvement de hausses et de baisses observé depuis neuf mois, traduisant une reprise timide de l’activité économique ».
Malgré tout, des tendances se dégagent de ces derniers mois. On s’aperçoit que le chômage de longue durée touche de plus en plus de demandeurs d’emploi (+8,5 % sur un an) et que les plus concernés restent les plus de 50 ans avec 8,1 % d’augmentation sur la dernière année. Élément positif, le chômage des jeunes (moins de 25 ans) reste en baisse sur la dernière année (-4,5 %), malgré une légère hausse en février (+0,5 %).
Le chômage : l’épine dans le pied de François Hollande
François Hollande l’a affirmé en 2012 et l’a rappelé tout au long son mandat : l’emploi est sa priorité. Il conditionne sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 à une inversion de la courbe du chômage. Il lui reste peu de temps pour obtenir des résultats concrets et pouvoir ainsi espérer briguer un second mandat sans se retrouver dans une situation peu crédible. Avec une reprise de la croissance annoncée par l’INSEE pour 2016, le gouvernement pourrait voir le chômage passer sous la barre symbolique des 10 % très rapidement. Reste à savoir si le plan pour l’emploi annoncé en janvier aura des effets concrets sur le chômage et surtout si ces effets arriveront avant l’échéance présidentielle. Une course contre la montre qui semble mal engagée pour François Hollande.
Alexandre Gavard