Dans “L’économie politique des capitalismes”, Robert Boyer explique que le capitalisme, un système composé de marchés, n’est pas une instance autonome qui imposerait ses lois à la société.
Robert Boyer, économiste, est un des membres majeurs de l’École de la régulation, avec entre autres Michel Aglietta. Il est, notamment, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS. Il fait partie des économistes qui considèrent que les sciences économiques sont enchevêtrées dans les autres sciences sociales : histoire, sociologie, sciences politiques, droit.. Ses travaux sont considérés comme hétérodoxes dans le sens où ils s’opposent aux courants de pensées dominants en économie (orthodoxie).
Son ouvrage fondateur a été publié en 1986 sous l’intitulé “La théorie de la régulation : une analyse critique” qui vise à l’élaboration d’une alternative à la théorie économique dominante.
Dans “L’économie politique des capitalismes” il explique que le capitalisme, un système composé de marchés, n’est pas une instance autonome qui imposerait ses lois à la société. Sa dynamique fait alterner phases de croissance et phases de crise structurelle et débouche sur des déséquilibres et sur des conflits. Ceux-ci, dit-il, sont sources d’innovation en matière d’institutions, d’organisations et de technologies. L’économiste devrait donc être l’analyste des innovations qui font époque, et tenter d’en cerner les conséquences à travers des études historiques de longue période et des comparaisons internationales systématiques. “Ainsi, malgré la mondialisation, tant de la finance que des discours économiques, les capitalismes sont loin de converger vers un modèle canonique dont les États-Unis constitueraient la figure emblématique.”
Les approches en termes de régulation font ainsi de la croissance et des crises, de leur variabilité dans le temps et dans l’espace une question centrale de l’analyse économique, et rattachent ces phénomènes aux institutions sociales en vigueur. La théorie de la régulation a emprunté à Marx l’analyse de la dynamique du capitalisme, à l’école des Annales la nécessité d’une mise en perspective historique longue, aux post-keynésiens les outils de la macroéconomie. Depuis elle n’a pas cessé d’approfondir ses concepts et méthodes et d’élargir son champ d’application. Une attention particulière est accordée à l’articulation de l’économique et du politique et des rapports sociaux.
Cet ouvrage constitue un manuel d’économie politique qui offre une synthèse de décennies de recherche dans ce domaine.
Robert Boyer
Economie politique des capitalismes, théorie de la régulation et des crises
La Découverte – Collection Grands repères, 2015
378 p. – 25 €