L’institut Montaigne a publié un rapport sur l’intégration du numérique à l’école. Pour le think tank, l’adoption des nouvelles technologies, accompagnée d’un changement de pédagogie, pourrait devenir un « atout pour la réussite des élèves ». Il espère voir les candidats à la primaire pour la présidentielle s’inspirer se ses propositions.
L’échec scolaire est un de ces sujets qui revient régulièrement dans l’actualité. Les gouvernements de droite comme de gauche peinent à régler durablement le problème. Pourtant les conséquences constituent un handicap majeur pour notre pays qui voit sa cohésion sociale comme sa compétitivité menacée. François Hollande s’était d’ailleurs fixé comme objectifs de réduire le nombre de jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme de moitié d’ici la fin du quinquennat, mais le compte n’y est pas.
Le rapport de l’institut Montaigne, sorti en mars, propose d’intégrer « les avancées de la révolution numérique » à l’école pour favoriser la réussite du plus grand nombre. Il synthétise 8 mois d’analyses, de consultations et souhaite agir sur le primaire, car c’est « la source des difficultés qui affectent le système éducatif français ». Pour eux, il n’y a pas de fatalité. En effet, de nombreuses études scientifiques « montrent que 95 % des enfants peuvent réussir, lorsque des méthodes d’enseignement appropriées sont déployées très tôt ».
Le numérique : un atout sous conditions
Pour le think tank, le numérique peut donc « répondre aux défis qui se posent au système scolaire » car il permet la mise en place d’un enseignement individualisé, favorise l’autonomie et la créativité des élèves. Il rend également possible, en utilisant les données recueillies, l’amélioration « des performances du système éducatif (détection précoce des difficultés, pilotage fin grâce à l’évaluation continue, etc.) ».
Mais pour l’institut Montaigne, cela ne peut fonctionner qu’à la condition de repenser la pédagogie. Il affirme que le numérique est souvent « perçue comme une menace » par les différents acteurs de l’éducation et que « ces craintes sont justifiées, car l’adoption du numérique sans changement des pratiques pédagogiques n’a jamais produit d’effet ». Il faut donc former les maîtres « aux usages et pas seulement aux outils » afin d’intégrer pleinement la technologie à l’enseignement. L’Australie et la Norvège sont citées en exemple. Dan ces pays, l’adoption du numérique s’est accompagné de nouvelles pratiques comme les travaux en petits groupes ou encore l’apprentissage par projets qui ont montré leur efficacité.
8 propositions pour le numérique à l’école
Partant des analyses de nombreuses actions et initiatives existantes, en France comme à l’étranger, l’institut Montaigne avance 8 propositions qui devront « engager l’ensemble des parties prenantes (enseignants, élus locaux, parents, ministère de l’Éducation nationale, recteurs, etc.) » :
- Encourager la production de techniques pédagogiques, ressources et dispositifs conformes aux standards de recherche internationaux, les évaluer et favoriser leur diffusion. Le think tank défend notamment la création d’une fondation afin de prendre en charge les expérimentations et promouvoir des bonnes pratiques.
- Se fixer comme objectif de diviser le taux d’échec scolaire par deux en focalisant les actions sur « l’échec scolaire et sa remédiation par le numérique ».
- Augmenter le temps d’apprentissage en utilisant également le temps hors école via des applications « ludo-éducatives » et le soutien scolaire.
- Repenser la formation des jeunes enseignants et la formation continue.
- Donner aux enseignants les moyens de mesurer les progrès et d’établir des diagnostics précoces des difficultés individuelles de leurs élèves. Il est proposé de mesurer les performances de façon régulière en mettant à disposition des « outils de suivi » et des « méthodes de remédiation ».
- Inciter les enseignants à innover et à développer leur créativité en facilitant leur ouverture à la recherche et au monde de l’entreprise. Les maîtres devraient selon le think tank pouvoir exercer une activité libérale secondaire (via le statut de micro-entrepreneur) et pouvoir facilement suivre des stages en entreprises ou en laboratoire.
- Promouvoir l’apprentissage d’un nouveau savoir fondamental. Le numérique, la culture informatique, le code… doivent directement faire partie des enseignements.
- Informer les maires pour investir judicieusement via une charte des bonnes pratiques.
L’objectif étant, in fine, de « mettre le numérique au service de la réussite scolaire et de l’égalité des chances ». Certaines des idées de se rapport se retrouveront sans doute dans les programmes des candidats à la présidentielle de 2017, pour qui le numérique à l’école devrait-être une évidence.
Alexandre Gavard