Par sa dissolution prononcée au soir des élections européennes, le président de la République souhaitait une “clarification”. Trois semaines plus tard, la France se trouve dans une confusion totale avec trois blocs minoritaires au sein d’une Assemblée nationale aux allures d’une IVe République dont on ne voulait plus entendre parler.
Pressé par le Nouveau Front Populaire de nommer un premier ministre issu de leur rang, Emmanuel Macron est enfin sorti de son silence médiatique à travers une lettre aux français. Le chef de l’État se positionnant en garant des institutions et unique titulaire du pouvoir de nomination du locataire de Matignon conformément à l’article 8 de la constitution appelle les partis modérés à la formation d’une majorité absolue estimant que “personne n’avait remporté les élections”. Le bloc de gauche arrivé en tête crie au “déni”. Marine Le Pen dénonce un “cirque indigne” du président de la République. L’Élysée qui souhaitait via cette missive l’apaisement a eu pour son argent.
Emmanuel Macron semble être en totale déconnexion avec la situation politique que traverse le pays. Faisant fi de la défaite de son camp, le chef de l’État persiste dans sa tentative de grande coalition, de gouvernement d’union national qu’il appelait de ses vœux en 2022 au lendemain des élections législatives.
Or, l’union ne se décrète pas, elle se construit.
Contrairement à ce que déclare le président de la république, il y a bien un vainqueur et un vaincu à l’issue de ces élections. Le grand gagnant de cette séquence reste le parlement qui dévient plus que jamais le centre du pouvoir.
Le pouvoir a officiellement traversé la Seine.
Emmanuel Macron est quant à lui le grand perdant. Lâché par une partie des chapeaux à plume de son camp, se trouvant dans l’incapacité de se représenter en 2027, il apparaît désormais comme un Lame Duck(canard boiteux) à trois ans de la fin de son mandat.
Le président “disruptif » par sa décision incongrue et incendiaire est devenu un président “éruptif” qui à chaque prise de parole semble aggraver les divisions plutôt que de les réduire. Dans ces moments de confusion, d’incertitudes retentissent sûrement dans le cœur des français les paroles de l’ecclésiaste “ Malheur à toi terre dont le roi est un enfant”.
Carlyle GBEI
Chef du service politique
Fréquence Protestante