Dans un contexte délétère dans lequel les risques s’amplifient devant la montée d’une économie de guerre, devant une inflation de la précarité assurantielle face au climat – des fissures dans les maisons aux catastrophes naturelles ou à la pénurie d’eau, enfin devant une machine ‘déshumanisante’ marchant au carburant de la tech américaine de Musk et consorts, il semble que reprendre le contrôle passe par une réaffirmation du rôle essentiel du langage. Les algorithmes ne peuvent en tenir lieu.

Depuis les Grecs nous savons que la guerre est aussi affaire de langue.

C’est à l’aune de cette ambition que doit se développer une IA humaniste européenne open source. Langage, elle sera un ciment unificateur des peuples, outil de soft power des valeurs humanistes tout autant qu’outil de protection face aux risques cités. Elle participera à une Grande Santé dont parlait Nietzsche, elle protègera autant que faire se peut par de l’innovation et de l’éducation pour contrer les dérèglements climatiques, elle mobilisera les territoires, les citoyens et les pays pour la collecte de datas d’intérêt général (un big data patrimonial), elle sera au cœur de l’éducation pour tracer le chemin d’une espérance dans le futur.

La fenêtre d’Overton de l’enjeu de la défense militaire

2027 ne sera pas une simple élection, mais une refondation du cadre économique et politique.

La compression n’est pas une fatalité : c’est un levier pour reconstruire un projet structurant et fédérateur.

L’IA doit être pour la France ce que le nucléaire a été dans les années 1960 : un levier de souveraineté et un outil de puissance stratégique. »

En liant l’ensemble de ces éléments – contexte politique, rôle de l’IA, et effets des crises – se dessine le concept d’une possible **« économie de guerre » en temps de paix, qui pourrait structurer le débat présidentiel de 2027. Cette notion recouvre l’idée d’une mobilisation générale de l’économie pour répondre à des défis existentiels (guerre, compétition technologique, transition climatique), un peu comme on le ferait en période de conflit armé.

Il faut une IA au Service d’un Projet Politique Structurant.

L’intégration de l’IA dans un programme politique pour 2027 doit être pensée comme un levier de souveraineté, de protection et de puissance. Loin d’un simple enjeu technologique, c’est un nouveau contrat social qui doit être établi, articulant sécurité, progrès et fierté nationale.

L’analyse de Morgenstern (La compressibilité des systèmes économiques et le problème des constantes économiques » Princeton, Nw Jersey, USA, 1965) offre un cadre conceptuel puissant pour comprendre la reconfiguration économique actuelle. La compression économique, loin d’être un simple ajustement technique, s’accompagne d’une redéfinition des priorités politiques et symboliques. En ce sens, la crise actuelle en Europe, marquée par la montée des tensions géopolitiques et les recompositions économiques, illustre pleinement les enjeux soulevés par Morgenstern.

Les enjeux d’une économie de guerre y sont clairement posés.

Ils conduisent aujourd’hui et dans la perspective de la présidentielle de 2027 à dessiner la fenêtre d’Overton de la période qui s’ouvre. J’y reviendrai dans une prochaine contribution.

Pour l’heure posons la première pierre d’un langage qui ne serait pas normatif au sein d’une IA open source devenue le symbolique d’une mutation de la société de très grande ampleur.

Proposons le cadre, dans ce manifeste, d’une hope langue par opposition à la Novlangue qui agit dans les plis d’un dessein transhumaniste.

Les lacaniens diraient que cette IA est du symbolique pur.

Manifeste pour un projet politique : La Hope Langue, une alternative humaniste à la Novlangue

1. Contexte et Enjeux : La domination de la Novlangue

Dans un monde où l’information est massivement contrôlée par les grandes plateformes numériques et les États, la Novlangue s’est imposée comme un outil de domination politique et économique. Ce phénomène s’observe à travers :

• L’homogénéisation du langage médiatique, réduisant la complexité des débats publics.
• L’usage de formules simplificatrices, imposant une pensée binaire et manichéenne.
• L’algorithme au service de la rentabilité publicitaire, structurant les échanges selon des intérêts privés.
• La restriction du champ sémantique par des censures implicites et des interdits langagiers.

Face à cette dérive, la Hope Langue propose une alternative fondée sur l’ouverture, la diversité et l’émancipation par le langage, s’appuyant sur les principes de l’IA humaniste et open source.

1. La Hope Langue : Une IA au service de la pensée libre

La Hope Langue[1] est un projet de développement d’un langage ouvert et évolutif, favorisant l’expression et la créativité. Son ambition est de permettre aux citoyens de retrouver leur souveraineté cognitive et culturelle en proposant :

2.1. Une IA éthique et transparente

• Utilisation de modèles de traitement du langage naturel open source, accessibles à tous et audités publiquement.
• Interdiction des algorithmes propriétaires contrôlant la sémantique et orientant les débats.
• Intégration d’un cadre de régulation garantissant l’absence de biais idéologiques imposés par une minorité.

2.2. Une IA qui respecte la diversité linguistique et culturelle

• Développement de modèles linguistiques locaux, respectant la richesse des langues et des dialectes.
• Promotion du multilinguisme et de la diversité des références culturelles dans l’IA, contrairement aux standards uniformisés des grandes plateformes.
• Ouverture à l’interprétation et aux nuances, permettant un langage évolutif et adapté aux contextes.

2.3. Une IA qui restaure l’intelligence collective

• Favorisation de la pluralité des interprétations en évitant la standardisation des réponses automatiques.
• Création de communautés contributives permettant d’enrichir les bases de données IA avec des apports citoyens.
• Intégration de moteurs d’argumentation offrant aux utilisateurs la possibilité d’explorer des opinions contradictoires avant de se forger un avis.

1. Objectifs politiques : Une souveraineté cognitive et démocratique

La Hope Langue est un projet politique structurant visant à rééquilibrer le rapport de force entre les citoyens, les États et les entreprises du numérique.

3.1. Rétablir la souveraineté linguistique et numérique

• Création d’une infrastructure souveraine européenne de traitement du langage naturel, garantissant l’indépendance technologique vis-à-vis des géants américains et chinois.
• Développement d’outils IA publics et mutualisés, accessibles aux administrations, aux écoles et aux médias pour limiter l’influence des modèles centralisés étrangers.
• Protection des données linguistiques et culturelles nationales contre l’appropriation par des entreprises privées.

3.2. Défendre la liberté d’expression et la pensée critique

• Inscription du droit à une IA transparente et non-manipulatrice dans les Constitutions démocratiques.
• Création d’une Agence européenne de la diversité linguistique pour surveiller et empêcher toute tentative de restriction du langage via l’IA.
• Lutte contre la censure algorithmique par des modèles explicables et modifiables par la communauté scientifique et civile.

3.3. Favoriser une IA qui sert l’humanité et non le profit

• Financement public de l’IA open source humaniste, évitant la dépendance aux entreprises dont les intérêts financiers biaisent l’information.
• Partenariat entre recherche militaire et civile sur l’IA à l’instar du projet Manhattan à Los Alamos
• Promotion d’un logiciel libre européen garantissant la neutralité des modèles IA dans les médias, l’éducation et la recherche.
• Création d’un réseau de chercheurs et de citoyens travaillant à l’enrichissement de la Hope Langue, dans une logique de bien commun.

1. Un projet unificateur pour l’Europe et la France

La Hope Langue est une initiative qui réconcilie progrès technologique et valeurs humanistes. En s’appuyant sur l’IA open source, elle permettrait de :

• Redonner à la France et à l’Europe un rôle central dans l’innovation numérique, en s’émancipant de l’influence américaine et chinoise.
• Restaurer une souveraineté intellectuelle et culturelle, essentielle pour préserver l’identité et la diversité des sociétés européennes.
• Créer un projet mobilisateur, unissant chercheurs, entreprises et citoyens autour d’une ambition commune.

La Hope Langue est un outil de soft power permettant à l’Europe d’imposer un modèle alternatif au monopole de la Novlangue technocratique. En redonnant aux citoyens le contrôle sur leur langage et leurs outils de pensée, elle devient un vecteur de renouveau démocratique et de résistance contre les manipulations idéologiques et économiques.

Conclusion : Pour un humanisme numérique souverain

La lutte contre la Novlangue est un enjeu fondamental du XXIe siècle. L’IA ne doit pas être un instrument de conditionnement, mais un levier d’émancipation collective. En proposant une Hope Langue basée sur la transparence, la diversité et la souveraineté numérique, nous offrons aux citoyens la possibilité de reprendre en main leur propre langage, leur propre culture et leur propre pensée.

L’avenir du numérique ne doit pas être monopolisé par quelques multinationales ou États autoritaires : il doit être au service de l’humanité et de sa diversité. La Hope Langue est la première pierre d’une révolution cognitivepermettant de restaurer une démocratie fondée sur l’intelligence collective et le libre arbitre.

Un langage libre, une pensée libre, un futur libre.

En ce sens la hope langue est au service d’une deuxième force de dissuasion – une dissuasion d’intelligence.

Pierre Larrouy,
conseil en stratégies et essayiste, 2025

[1] Hope langue est langue de l’espoir et de la confiance là où  la novlangue est celle du contrôle