Depuis les années 1980, nombre d’ouvrages sur et contre le racisme se réduisent soit à des catéchismes idéologiques de gauche ou « progressistes » se présentant comme « antiracistes », de facture académo-militante et se réclamant de plus en plus souvent des « sciences sociales », soit à des pamphlets politiques agrémentés de nombreuses citations leur donnant une allure érudite ou savante, mais dont les contenus informatifs sont voisins de zéro, n’étant que des sottisiers se recopiant les uns les autres. Il faut cependant pointer le fait que, dans les publications labellisées « antiracistes », la frontière entre catéchismes et pamphlets est souvent indéterminable.
Leur objectif commun, sous couvert de lutter contre le racisme par la connaissance de ses causes et de ses effets, est de dénoncer « les Blancs » et la civilisation occidentale (dite « blanche ») comme intrinsèquement racistes, donc, conformément à la vulgate antiraciste, colonialistes et génocidaires. Il s’agit là clairement d’une entreprise de culpabilisation d’une partie du genre humain, accusée d’être la matrice du racisme, lequel est défini comme « le péché vraiment capital ». C’est recourir à une méthode éprouvée de criminalisation et de diabolisation d’un groupe humain, préalablement essentialisé (« les Blancs », « les Occidentaux », etc.). Comment ne pas voir dans cet antiracisme expressément anti-Blancs un pseudo-antiracisme qui serait l’expression d’un racisme anti-Blancs, objet de déni par ceux-là mêmes qui l’incarnent ? Qui ne se souvient des « ratonnades anti-Blancs » qui eurent lieu à Paris le 8 mars et le 26 mars 2005 ?
Il est temps de s’interroger sérieusement sur la signification, disons plutôt les significations, d’une insulte comme « sale Blanc ! ». Pour autant que l’insulteur pense que « les Blancs » sont racistes, son « sale Blanc » ! » signifie « sale raciste ! ». C’est là une illustration, dans le discours polémique ordinaire, de ce que certains spécialistes du racisme, à partir des années 1960 – moment de la décolonisation –, ont appelé « racisme inversé », « racisme à rebours » ou « contre-racisme », un racisme réactionnel observable chez les colonisés ou les ex-colonisés, caractérisé alors par la LICA comme un « néoracisme anti-blancs ». Ces réponses mimétiques au « racisme blanc », aussi contextualisables soient-elles, relèvent cependant du champ du racisme.
Il ne faut donc pas fermer les yeux devant les expressions du « racisme anti-Blancs » observables dans le discours ordinaire de certaines minorités « non blanches ».
Les insultes ou les injures racistes visant « les Blancs », les Occidentaux, les chrétiens ou les Français peuvent prendre plusieurs formes, notamment argotiques. En France, un « Blanc » peut être traité de « sale Blanc », de « sale from’ », de « sale chrétien » ou de « sale chien », de « jambon » (« face de jambon » ou « gammon »), de « blondin », de « sale Français », de « toubab » ou de « babtou », de « gwer », de « face de craie », etc. Si « sale Juif ! » est une insulte antisémite, « sale nègre ! » une insulte raciste négrophobe et « sale Arabe ! » une insulte raciste arabophobe, alors « sale Blanc ! » est une insulte raciste, expression du « racisme anti-Blancs », qu’on peut dire aussi « leucophobe ». Et pourtant, des professionnels de l’antiracisme militant, postulant que le racisme est nécessairement et exclusivement produit par les « Blancs », donnent dans le déni de réalité. Ils nient l’existence du « racisme anti-Blancs », faisant surgir un nouveau type de « négationnisme », que ce dernier porte sur le « racisme anti-Blancs », le « wokisme » ou l’« islamo-gauchisme », phénomènes politico-culturels dont ils nient l’existence en les réduisant à des « épouvantails » créés par « l’extrême droite » pour susciter des « paniques morales ».
Définir le racisme ? Vrais et faux débats
Le mot « racisme » se dit en plusieurs sens, ce qui ne facilite pas les débats sur la question, et ce qu’on appelle « le racisme » se manifeste dans des domaines différents, ce qui fait du racisme un phénomène pluridimensionnel.
Discours charriant des préjugés et des stéréotypes, opinions, représentations et croyances exprimées ou implicites, doctrines ou idéologies (la « pensée raciale », « raciste » ou « racialiste »), passions idéologisées (les « discours de haine »), comportements individuels ou collectifs, normes et structures institutionnelles, mobilisations politiques : ce qu’on appelle « racisme » renvoie dans le désordre à tous ces domaines. Les définitions données oscillent entre trois thèmes-pivots : la croyance à l’inégalité des races (préjugés raciaux, idéologie de la supériorité raciale), l’hostilité envers un groupe humain ou plusieurs (aversion ou mépris, haine ou intolérance), et le pouvoir ou la domination d’un groupe humain sur un autre ou plusieurs autres, impliquant un ensemble plus ou moins organisé de discriminations (racisme institutionnel, structurel ou systémique, racisme d’État) ou un ordre hiérarchique jugé intrinsèquement injuste. En outre, les formes idéologiques et institutionnelles du racisme n’échappent pas au changement : elles ont une histoire.
Ce sont là des vérités trop souvent ignorées, méconnues ou négligées pour diverses raisons, alors même qu’elles devraient constituer les points de départ de toutes les investigations sur le phénomène complexe qu’est « le racisme », dont les définitions sont en conséquence problématiques, souvent contradictoires et toujours contestables. En quoi, par exemple, le racisme se distingue-t-il de la xénophobie ou de l’ethnocentrisme ? Peut-on voir dans le racisme une sous-catégorie de l’hétérophobie, donc du « rejet de l’autre », comme l’a suggéré Albert Memmi ? La pensée raciste implique-t-elle une absolutisation des différences collectives ou un rejet de la différence ? Le racisme est-il une conséquence nécessaire de la racialisation des identités de groupe, c’est-à-dire du racialisme, notamment à travers le nationalisme ou l’ethnisme ? La pensée raciste se réduit-elle à une vision biologique et héréditariste dogmatique de la diversité humaine ? Est-elle une expression parmi d’autres de la pensée essentialiste ? Implique-t-elle nécessairement une vision inégalitaire des groupes humains, définis biologiquement ou culturellement ?
Reprenons notre interrogation. Quand on parle de racisme, parle-t-on d’opinions, de préjugés ou de stéréotypes, de comportements (allant de l’agression à la discrimination), de formes de l’imaginaire social, d’idéologies, de fonctionnements institutionnels ou de pratiques sociales ? De tout cela en même temps et dans la plus grande confusion. Ceux qui dénoncent les « actes racistes » visent aussi bien les insultes ou les menaces que les violences criminelles faisant des blessés ou des morts. L’implicite se glisse dans les définitions savantes les plus rigoureuses du racisme. C’est ainsi que les cibles du racisme sont souvent si évidentes pour les spécialistes de la question qu’ils ne prennent pas la peine de les définir. Il y a donc de l’indéfini dans les définitions. Et ces définitions sont inévitablement variables et fluctuantes. S’engager dans l’exploration du champ du « racisme », c’est découvrir un ensemble diversifié de territoires peuplés de figures indistinctes, ambiguës, variables et néanmoins, pour la plupart reconnaissables et identifiables.
Quand, pour la plupart d’entre eux, les spécialistes occidentaux du racisme dissertent sur leur objet, ils sous-entendent que « le racisme » qu’ils explorent et analysent est le racisme blanc anti-Noirs ou, plus largement, le racisme blanc dirigé contre des « non-Blancs », catégorie fourre-tout, synonyme de « non-Européens » ou « non-Occidentaux », dans laquelle on trouve à la fois, selon les époques, les Africains et les Afro-Américains, les Juifs (réduits à leurs origines proche-orientales), les Arabes, les Roms, les peuples autochtones d’Amérique ou d’Australie, les Asiatiques, etc. Les victimes du racisme seraient donc les « peuples de couleur ». Cette vision « coloriste », privilégiant l’opposition entre « Blancs » et « Noirs », est présupposée par la plupart des approches du racisme en tant que phénomène moderne. C’est là ce qui va de soi pour l’écrasante majorité des anthropologues, des sociologues, des historiens ou des psychologues sociaux, sans oublier les quelques philosophes qui se sont illustrés par leurs travaux ou leurs réflexions sur « le racisme ». Dans leurs analyses, aussi brillantes soient-elles, ils n’évitent pas toujours de donner eux-mêmes dans l’essentialisme – qu’ils dénoncent litaniquement par ailleurs –, par exemple en affirmant, dans une perspective critique, voire criminalisante, l’existence d’une « blanchité », d’une « blanchitude », d’une « civilisation blanche » ou d’une « pensée blanche », refaisant à l’inversant le geste des théoriciens afrocentriques qui célébraient la « pensée noire » ou la « négritude », suivis par les activistes du « féminisme Noir » (Black feminism).
Ils reconduisent ainsi, naïvement ou non, la dichotomie raciale fondée principalement sur la couleur de peau, vision binaire qui structure les idéologies racistes modernes et alimente l’idée qu’il existe des « barrières raciales » entre les humains.
Or, cette vision de la « race » est en contradiction avec le savoir scientifique qui, pour reprendre une formule du biologiste évolutionniste Richard Dawkins, enseigne que « la race est un spectre » alors que « le sexe est un système binaire »[1]. Alors que la distinction homme/femme est « l’une des rares dichotomies véritables », la distinction « Blancs-Noirs » illustre un mode de catégorisation arbitraire, dépendant des choix subjectifs des sujets, comme le souligne Dawkins :
« La race est un spectre très large. La plupart des Afro-Américains sont des métis, il y a donc vraiment un spectre. Quelqu’un qui a l’air blanc peut même se dire noir, peut avoir un très léger héritage africain. Les personnes dont l’un des grands-parents est amérindien peuvent se dire amérindien. Le sexe, en revanche, est plutôt binaire. Donc, à première vue, il semblerait plus facile pour quelqu’un de s’identifier à la race de son choix. Si vous avez un parent noir et un parent blanc, vous pourriez penser que vous pouvez choisir à quoi vous identifier[2]. »
Depuis les années 1980, nombreux sont les intellectuels antiracistes qui s’emploient à disqualifier les Droits de l’Homme en les réduisant à une « idéologie de l’homme blanc ». Ils sont suivis par les féministes radicales qui y voient en outre l’expression d’un imaginaire « patriarcal ». Une réduction polémique du même type s’applique à l’universalisme, orientation philosophique que ses critiques contemporains ne se contentent plus de récuser pour son caractère « abstrait », mais pour ce qu’il serait une invention trompeuse du « monde blanc » ou de la « civilisation blanche », à l’impérialisme de laquelle il fournirait une légitimation, masquant ainsi le « privilège blanc »[3]. L’exigence d’universalité ou l’universalisme ne serait donc qu’une expression de la « domination blanche ». La croyance dogmatique s’est propagée dans les milieux antiracistes : le racisme étant supposé « systémique » dans les « sociétés blanches », il faut donc combattre le « privilège blanc », premier impératif de l’antiracisme identitaire et racialiste[4], dont l’envers est le racisme anti-Blancs. Il faut souligner que, dans la littérature antiraciste, l’expression « pensée blanche » est toujours dépréciative, alors que l’expression « pensée noire » est toujours laudative.
À ces adeptes des pensées et des mouvements marqués par l’opposition entre « Noir » et « Blanc », il convient de rappeler le mot ironique de l’écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature (1986) : « Un tigre ne proclame pas sa tigritude[5]. » En dépit de la beauté de leur pelage, les tigres sont certainement plus sages que les humains, qui érigent leur couleur de peau en trait distinctif de leurs identités particulières. On observe donc que, dans l’ensemble, l’évolution idéologique de l’antiracisme militant a consisté à privilégier et à promouvoir d’une façon croissante la couleur de peau en tant que principal critère de différenciation ou d’identification, faisant de la norme proto-antiraciste de l’indifférence à la couleur une chose du passé.
À en croire la rumeur devenue vérité scientifique depuis le milieu du XXe siècle, le racisme serait donc une invention, intrinsèquement condamnable, due aux seuls « Blancs », c’est-à-dire aux peuples européens identifiés par leur couleur de peau (« race caucasienne », « aryenne », « nordique », etc.), et il ne viserait que des « non-Blancs ». Il ne serait donc pas un trait universellement observable dans les sociétés humaines. Telle est l’origine de nombreux dialogues de sourds et de faux débats autour de ce qu’on appelle « le racisme », en présupposant naïvement l’unicité, l’unité et l’homogénéité du phénomène.
« Racisme anti-Blancs » : réalité ou fiction ?
L’un de ces faux débats récurrents, partant de problèmes mal posés, porte sur l’existence même du « racisme anti-Blancs[6] », niée par la plupart de ceux qui se disent antiracistes, qu’ils soient de gauche ou d’extrême gauche, simples militants ou universitaires engagés. L’un des effets regrettables de cette négation est d’intimider les chercheurs et de les dissuader de s’engager dans des recherches sur ce phénomène[7]. Le vain débat qui ne cesse de rebondir sur l’existence du « racisme anti-Blancs » et prend la forme de polémiques stériles n’aurait pas lieu si l’on savait de quoi l’on parle en employant cette expression et si l’on s’en tenait à un échange d’arguments rationnels, fondés sur des faits bien établis, en supposant bien sûr la bonne foi des débatteurs. Mais lesdits faits étant nécessairement cognitivement et socialement construits, ils peuvent toujours être mis en doute, relativisés ou déconstruits. D’où la tentation de nier les faits pour ne considérer que des « effets de réel ».
C’est ainsi que s’efface la frontière entre faits et fictions : il n’y a plus que de constructions et des narrations (des récits ou des « narratifs », comme disent aujourd’hui les demi-cultivés). En outre, en guise d’arguments, les négateurs du « racisme anti-Blancs », sous l’emprise de biais cognitifs, émotionnels et idéologiques, recourent à des sophismes accompagnés de modes de diabolisation du contradicteur, le plus grossier d’entre eux consistant à « extrême-droitiser[8] » ceux qui adhèrent à la thèse de la réalité du « racisme anti-Blancs », illustrant ce faisant une opération rhétorique banalisée par les adeptes du « politiquement correct » depuis les années 1980. Appelons les premiers « négativistes » ou « néo-négationnistes » et les seconds « réalistes ».
J’emploie ici le mot « négationnisme » – créé en 1987 par l’historien Henry Rousso pour désigner la négation de la Shoah[9] – dans un sens général, pour caractériser la négation d’un fait ou d’un ensemble de faits, principalement pour des raisons d’ordre idéologique. Son principe est simple : lorsqu’un fait ne cadre pas avec une conviction idéologique, il est nié. C’est là ce qu’on peut appeler déni, en reprenant librement un mot et un concept introduits par la psychanalyse. On pourrait aussi, avec un zeste d’ironie, baptiser « inexistentialisme[10] » le geste négationniste élémentaire. On peut y voir l’effet d’une radicalisation de la logique du soupçon et du démasquage sur la base d’une vision idéologique. Une forme euphémisée de la négation est la minimisation du phénomène, considéré comme marginal ou négligeable, mais surtout mal nommé, tant l’accusation de racisme est perçue comme criminalisante, ce qui la rend intolérable.
Un phénomène est dit ne pas exister parce qu’il est censé ne pas pouvoir exister du seul fait qu’il contredit une croyance dogmatique. La négation suit la sidération, comme l’illustre cette réaction d’un avocat d’extrême gauche face à l’expression « racisme anti-Blancs » : « L’idée d’un “racisme anti-Blancs” empêche de penser. L’esprit se trouve comme sidéré face à cette notion dont chacun perçoit confusément le caractère antinomique, sans oser pourtant contester qu’elle puisse exister[11]. » Quant au sociologue d’extrême gauche Gérard Noiriel, questionné sur la tribune qu’il avait co-signée en 2012 dans Le Monde pour dénoncer l’usage de l’expression censée porter la marque infamante de « l’extrême droite »[12], il s’indigne et lance son appel à la vigilance : « Que des associations antiracistes comme la Licra et le MRAP reprennent à leur compte ce “racisme anti-Blancs” qui vient de l’extrême droite m’a semblé ahurissant. Il était nécessaire de tirer la sonnette d’alarme[13]. »
Pour les esprits simples croyant pouvoir se réclamer dogmatiquement de « la science » pour en finir avec le racisme, le problème posé par le « racisme anti-Blancs » s’évanouit dès lors qu’on affirme que la « race blanche » n’existe pas. Si l’entité désignée par l’expression « les Blancs » est fictive, alors, concluent-ils benoîtement, le « racisme anti-Blancs » ne peut être lui-même qu’une fiction, dont ils attribuent l’invention à l’« extrême droite », ce diable à tout faire. Voilà qui est rassurant pour certains milieux qui se veulent antiracistes et tiennent à dormir en paix, en attendant l’entrée de l’humanité dans l’âge de la paix universelle et perpétuelle. Dès lors, pour un intellectuel, un universitaire ou un chercheur, prendre pour objet de recherche ou de réflexion le « racisme anti-Blancs », c’est se stigmatiser imprudemment, c’est prendre le risque d’être inscrit sur une nouvelle « liste noire », établie par les antiracistes leucophobes s’érigeant en gardiens de l’orthodoxie.
Il faut souligner que cette négation de l’existence du « racisme anti-Blancs » témoigne en même temps d’une volonté d’innocenter ou de « blanchir » (si l’on peut dire) ceux qui, individus ou groupes, sont accusés de « racisme anti-Blancs », en particulier les « jeunes des banlieues » issus de l’immigration d’origine maghrébine ou sub-saharienne, considérés comme « racisés » et « discriminés ». L’argument est simple, voire simpliste : ils ne sont pas racistes parce qu’ils ne peuvent pas l’être, en raison de leur identité non-blanche. L’ancien dirigeant trotskiste Sadri Khiari, cofondateur du mouvement des Indigènes de la République, le reconnaît volontiers : « Aujourd’hui, la notion de “racisme anti-Blancs” est mobilisée pour délégitimer le mouvement antiraciste et stigmatiser, encore plus, les habitants des quartiers populaires[14]. » Le rejet de la notion de « racisme anti-Blancs » se fonde ainsi sur deux arguments pour le moins douteux, le premier relevant de la reductio ad Hitlerum, le second relevant du procès d’intention s’accompagnant d’un complotisme soft : en premier lieu, les origines « empoisonnées » de la notion, attribuées à l’expression maudite (« l’extrême droite »)[15] ; en second lieu, les mauvaises intentions « racistes » ou anti-antiracistes imputées à ceux qui l’emploient, considérés comme des stratèges pervers, qui « font le jeu de l’extrême droite » et sont ainsi jugés « lepénisés ». La nouvelle « liste noire » les attend.
Du déni diabolisant à l’acceptabilité croissante
Dans le champ des sciences humaines et sociales, concernant le « racisme anti-Blancs », s’est ouvert un nouveau domaine, occupé par des universitaires engagés, où s’exerce une surenchère permanente, une « sorte de course à la radicalité[16] » dans les jugements d’inexistence portant sur des faits contredisant des convictions idéologiques. Il en va ainsi de l’affirmation dogmatique : « Le Racisme anti-Blancs n’existe pas[17]. » Cette surenchère dans la négation produit un aveuglement face aux données socialement observables, lesquelles vont de l’insulte « sale(s) Blanc(s) », accompagnée ou non de violences physiques, à des formes feutrées ou euphémisées du « racisme anti-Blancs » ou de ce qu’on pourrait appeler la « préférence non-blanche », institutionnalisée par des mesures de discrimination positive (affirmative action) ou d’« inclusion » traduisant les trois valeurs-normes résumant le programme « woke » : « diversité, équité, inclusion » (DEI)[18]. Ces mesures, censées rendre justice aux minorités par la promotion de la diversité culturelle en entreprise ou dans les administrations, peuvent souvent se réduire à du « tokénisme », c’est-à-dire à la vitrine trompeuse d’un antiracisme publicitaire jouant la carte de la « diversité » visible, ce qui revient à ériger des traits physiques (couleur de peau, texture des cheveux, etc.) en critères permettant d’évaluer la conformité au programme DEI.
Les antiracistes négativistes – ou « néo-négationnistes », en dépit des fortes connotations du terme – que sont les négateurs du « racisme anti-Blancs » commencent par réduire le racisme au « racisme systémique » qui, dans une « société blanche », c’est-à-dire une société où les « Blancs » sont dominants et donc (selon eux) les seuls racistes, est par définition un racisme « blanc », c’est-à-dire un racisme des « Blancs » contre les « non-Blancs ».
Telle est leur définition du racisme qui suffit à justifier leur acte de négation. Il s’ensuit que seul le racisme « blanc », celui des dominants, peut exister réellement et représenter une véritable menace. La question du « racisme anti-Blancs » est ainsi réduite à une question de définition, posée dogmatiquement. On observe que la majorité des universitaires qui publient sur le racisme ou les racismes sont des amateurs de définitions rigides et de raisonnements abstraits présupposant de grosses évidences idéologiques. La notion de « racisme anti-Blancs » est ainsi idéologisée, au même titre que tous les problèmes qu’elle soulève. Si le seul racisme réellement existant est le racisme « blanc » ou « systémique », alors, affirment les antiracistes négateurs, ce qu’on appelle le « racisme anti-Blancs », qui ne concerne que des « cas isolés », n’est pas véritablement du racisme. Mais surtout, valider la notion de « racisme anti-Blancs », ce serait « faire le jeu de l’extrême droite ».
Certains de ces négateurs du « racisme anti-Blancs », minoritaires, reconnaissent cependant l’existence de réactions de style ou d’inspiration raciste contre tel ou tel « Blanc » (ou un groupe de « Blancs »[19]) dans l’espace public, réactions qu’ils attribuent à des dominés, des « discriminés » ou des « racisés », et qu’ils jugent soit légitimes, soit marginales, ou encore comme marginales et légitimes. Dans les deux types de jugements, les réactions racistes contre des « Blancs » sont interprétées comme compréhensibles, tolérables, voire excusables. Elles sont donc soit niées, soit minimisées, quand elles ne sont pas excusées, voire applaudies comme des actes de « révolte » contre les dominants (« blancs ») ou de « résistance » face au racisme « blanc ».
Reconnaissant l’existence marginale, sporadique et insignifiante de quelques manifestions du « racisme anti-Blancs », les antiracistes négativistes modérés ou (relativement) nuancés se disent scandalisés par la mise en équivalence du « racisme des dominants » et du « racisme des dominés ». À leurs yeux, il ne s’agit pas du même type de racisme. Disons qu’ils sont censés différer en nature, en intensité et en dangerosité. C’est pourquoi les négativistes ne leur reconnaissent pas le même degré d’intolérabilité. Pour eux, le racisme intrinsèquement mauvais et absolument condamnable est celui des dominants, c’est-à-dire, dans les « sociétés blanches » où il est « systémique », le racisme des « Blancs ». Seul le racisme des forts ou des puissants (dominants, « racisants », « colonialistes », etc.) est à combattre sans merci. Lorsque le racisme des victimes ou des faibles (dominés, « racisés », « discriminés », « colonisés », etc.) est reconnu comme une forme de « racisme anti-Blancs », il est soit sous-estimé, soit volontairement ignoré, pour ne pas « faire le jeu de l’extrême droite ».
D’une façon générale, la question du « racisme anti-Blancs » est extrême-droitisée : ceux qui la posent ou la traitent comme un objet de recherche sont dénoncés comme « d’extrême droite », « proches de l’extrême droite » ou « faisant le jeu de l’extrême droite »[20]. C’est ainsi qu’après avoir fait d’objet d’un déni par les milieux académo-militants, puis diabolisée, elle est devenue une question interdite[21]. La méthode de diabolisation s’accompagne d’une peur obsessionnelle de la contamination idéologique : poser une question que pose aussi « l’extrême droite », c’est être contaminé par le virus extrême-droitier. La contamination commence avec l’emploi d’un mot jugé porteur du virus idéologique, et s’étend avec le recours à des expressions perçues comme des actes d’allégeance à la figure du diable en politique, celle qu’on rencontre exclusivement à l’un des extrêmes, situé à droite. Il en va ainsi pour le « racisme anti-Blancs », notion régulièrement attribuée à « l’extrême droite ». L’extrême gauche dénonce rituellement le « racisme anti-Noirs » ou la « négrophobie » sans que jamais ces expressions soient diabolisées en tant que « d’extrême gauche » ou « faisant le jeu de l’extrême gauche ». Il y a là un bel exemple de « double standard ».
On trouve des analogies de ce traitement rhétorique dans d’autres domaines où l’idéologisation des problèmes n’est pas moins forte. Une argumentation idéologique comparable se rencontre par exemple dans le discours et le comportement misandres des lesbiennes néo-féministes « radicales ». Leur sexisme violemment androphobe est souvent présenté comme une réaction compréhensible et excusable, voire légitime contre la misogynie « hétéro-patriarcale ». Autre exemple de « double standard » : lorsqu’un Palestinien supposé « colonisé », un islamiste ou un immigré de culture musulmane « antisioniste » lance à un individu qu’il perçoit comme Juif l’insulte « sale Juif », les antiracistes négateurs refusent de reconnaître l’insulteur comme antisémite. Mais si un Juif supposé est traité de « sale Juif » par un individu identifié comme « d’extrême droite », « nationaliste » ou « réactionnaire », il n’est pas question pour eux de douter qu’il s’agit d’une insulte antisémite. Les « belles âmes » de l’antiracisme, de l’antisexisme et de l’ anti-antisémitisme prononcent des jugements à géométrie variable, qui dépendent de l’origine ou de l’identité politique de la personne mise en cause.
On relève cependant, depuis la fin des années 2010, de nombreux indices de l’acceptabilité idéologique croissante de la réalité du « racisme anti-Blancs ». Ces indices marquent la sortie de la prison droitière et extrême-droitière de ce thème longtemps jugé sulfureux, car contraire à l’un des dogmes fondamentaux de l’antiracisme militant, à savoir que le racisme va toujours du « Blanc » au « non-Blanc ». L’existence du « racisme anti-Blancs » est désormais reconnue dans l’espace public comme une évidence par plusieurs responsables politiques de gauche et du centre, tels Fabien Roussel et Sophie Primas. Le 23 mars 2025, invitée sur CNews, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement et ancienne sénatrice, a assuré « ne pas avoir de pudeur » à parler du racisme anti-Blancs, avant de déclarer : « Moi, j’habite dans un endroit dans les Yvelines avec des populations de toutes les origines. Et il est arrivé, par exemple, à ma fille au lycée de se faire traiter de “sale Blanche”. Donc ça, c’est du racisme, vraiment à l’état pur, du racisme anti-Blancs ». Pour la porte-parole du gouvernement de François Bayrou, « le racisme est universel, il va vers tous les types de population, qu’elles soient d’origine étrangère, qu’elles soient françaises, qu’elles soient blanches, qu’elles soient de je ne sais quelle origine. Le racisme, c’est la haine des autres et la haine de ceux qui sont différents ».
À nouveau interrogée sur ce sujet le 26 mars au micro de Public Sénat, Sophie Primas s’est étonnée du « buzz » que ses propos ont suscité : « Je n’ai décrit que ce que beaucoup de gens voient. » Elle a réaffirmé que « quand on lutte contre l’antisémitisme, on lutte contre toutes sortes de racismes, ces formes de racisme s’exercent à l’encontre de plusieurs populations ». Elle a ajouté qu’il s’agit « d’un lieu commun de dire ça » : « Notre société est tellement fragmentée, tellement éruptive, on la pousse dans cette violence des communautés les unes contre les autres, ce qui est contre les principes de la République ». La porte-parole du gouvernement a néanmoins apporté une nuance : « Est-ce qu’elle s’exerce majoritairement contre les Blancs ? Non, bien évidemment. »
Sur CNews, le 25 mars 2025, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a répondu sans détour à la question de la journaliste Laurence Ferrari portant sur l’existence du « racisme anti-Blancs » : « Bien sûr qu’il existe ! » Et de préciser ainsi sa pensée : « Mais le racisme anti-Blancs, le racisme anti-Noirs, le racisme anti-Chinois, anti-Asiatique (…) c’est terrible. Et vous savez ce que ça fait ce racisme de toutes sortes ? Il est fait pour diviser le peuple, pour diviser les Français, quelles que soient leur couleur et leurs origines. » Ces déclarations ont scandalisé nombre d’élus de LFI, accusant le dirigeant communiste de « banaliser des notions venues de l’extrême droite » ou de « flatter le prêt-à-penser réac ». C’est ainsi que Nadège Abomangoli, député LFI de Seine-Saint Denis et vice-présidente de l’Assemblée nationale, est allée jusqu’à qualifier Fabien Roussel d’« ennemi de l’antiracisme ». Face au « racisme anti-Blancs », l’aveuglement, le déni et la criminalisation poursuivent leur carrière politique dans la gauche et surtout l’extrême gauche française, suscitant à droite une surenchère dans l’indignation et la dénonciation. Cette guerre idéologique entre les extrêmes fait obstacle à une analyse froide de la notion et des questions qu’elle soulève.
Face au « racisme anti-Blancs » : le déni, la peur et les intérêts
Loin donc de se réduire à une réaction d’agacement ou à une saute d’humeur, la négation du « racisme anti-Blancs » apparaît avant tout comme l’expression d’une foi et d’un engagement militant politiquement situé à l’extrême gauche, ou plus exactement dans les mouvances néo-gauchistes qui ont professionnalisé la défense des « identités » ethno-raciales ou ethno-religieuses lorsqu’elles sont perçues comme des « minorités », ces dernières ne pouvant être racistes à leurs yeux car vouées à être « racisées ». C’est là le principe fondateur du néo-antiracisme qu’on peut caractériser comme « identitaire », « différentialiste » ou « racialiste », qui dénonce l’universalisme comme une « invention blanche » et postule que le racisme ne peut être que « blanc ».
Les nouveaux « négationnistes » peuvent être de bonne foi (ils se trompent simplement) ou de mauvaise foi (ils veulent tromper autrui).
Quoi qu’il en soit, mus ou non par l’intention de tromper, ils cherchent à persuader le public visé qu’ils sont à la fois dans le Vrai et dans le Bien. Les raisonnements fallacieux des néo-négationnistes partent tous de l’attribution à des leaders ou à des mouvements situés à l’extrême droite, et ainsi réputés « fascistes » et « racistes », l’« invention » et l’« instrumentalisation » politique du « racisme anti-Blancs », réduit à un mensonge de propagande fabriqué par des « racistes blancs ». C’est principalement par ce transfert de diabolisation que les néo-négationnistes croient pouvoir disqualifier les réalistes. Le « racisme anti-Blancs » n’étant qu’une fiction diabolique inventée par des incarnations du diable en politique[22], tous présumés racistes, ceux qui la reprennent à leur compte trahiraient, qu’ils en soient conscients ou non, leur propre vision raciste.
Quant à ceux qui dénoncent publiquement ces prétendus « racistes », ils affichent ainsi leur posture à la fois antifasciste et antiraciste. Une posture avantageuse, et qui ne coûte rien. Les néo-négationnistes prouvent par là qu’ils tiennent à s’installer confortablement dans le camp du Vrai et du Bien. Leur principal souci militant est de préserver le statut victimaire des minorités « non blanches », source de traitements préférentiels ou de privilèges relevant, directement ou non, des mesures de « discrimination positive » (Affirmative action). En niant la possibilité même du « racisme anti-Blancs », il se sont forgé un bouclier contre les objections de leurs contradicteurs qui se réclament du champ de l’observation et de l’expérience, sur la base d’enquêtes réalisées par des journalistes et des sociologues. Ils sont les nouveaux bien-pensants, saisis par de nouvelles grandes peurs. Des peurs qui ouvrent bien des portes.
Pierre-André Taguieff,
Philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS. Parmi ses derniers livres : L’Antiracisme devenu fou. Le « racisme systémique » et autres fables, Paris, Hermann, 2021 ; Le Nouvel Âge de la bêtise, Paris, Éditions de l’Observatoire / Humensis, 2023 ; Le Nouvel Opium des progressistes. Antisionisme radical et islamo-palestinisme, Paris, Gallimard, coll. « Tracts », 2023 ; Les Protocoles des Sages de Sion des origines à nos jours, Paris, Hermann, 2024 ; L’Invention de l’islamo-palestinisme. Jihad mondial contre les Juifs et diabolisation d’Israël, Paris, Odile Jacob, 2025.
[1] Richard Dawkins, « Race Is a Spectrum. Sex Is Pretty Damn Binary », 6 septembre 2024, https://quillette.com/2024/09/06/richard-dawkins-sex-is-binary/?ref=quillette-weekly-newsletter.
[2] Ibid.
[3] Horia Kebabza, « “L’universel lave-t-il plus blanc ?” : “Race”, racisme et système de privilèges », Les Cahiers du CEDREF, n° 14, 2006, pp. 145-172 ; https://journals.openedition.org/cedref/428.
[4] Robin DiAngelo, Fragilité blanche. Ce racisme que les Blancs ne voient pas [2018], tr. fr. Bérengère Viennot, préface de Maxime Cervulle, Paris, Les Arènes, 2020.
[5] Wole Soyinka, cité par Mariella Villasante Cervello, « La Négritude : une forme de racisme héritée de la colonisation française ? Réflexions sur l’idéologie négro-africaine en Mauritanie », in Marc Ferro (dir.), Le Livre Noir du colonialisme, Paris, Robert Laffont, 2003, p. 726.
[6] Pour une première discussion de la question dans la presse en France, voir Pierre-André Taguieff, « “Racisme anti-Blancs” : le vrai débat », 1er octobre 2012, https://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2012/10/01/10001-20121001ARTFIG00537-racisme-anti-blanc-le-vrai-debat.php; Emmanuel Debono, « Le racisme anti-Blancs, un impensé », 27 septembre 2018, https://www.lemonde.fr/blog/antiracisme/2018/09/27/le-racisme-anti-blancs-un-impense/.
[7] Trois exceptions notables : Pierre-André Taguieff, Une France antijuive ? Regards sur la nouvelle configuration judéophobe. Antisionisme, propalestinisme, islamisme, Paris, CNRS Éditions, 2015, pp. 157-171 (chap. 8 : « “Racisme anti-Blancs” et judéophobie en France : une frontière floue ») ; Emmanuel Debono, Le Racisme dans le prétoire prétoire. Antisémitisme, racisme et xénophobie devant la loi, Paris, PUF, 2019, pp. 537-573 ; Daniel Sabbagh, « Un racisme anti-Blancs ? », Pouvoirs, n° 181, avril 2022, pp. 97-107.
[8] Pierre-André Taguieff, « La gauche radicale et l’extrême-droitisation de l’adversaire », 7 novembre 2023, https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/la-gauche-radicale-et-lextreme-droitisation-de-lad.html.
[9] Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy 1944-198…, Paris, Le Seuil, coll. « XXe siècle », 1987, p. 166.
[10] Voir Marcel Gauchet, « De l’inexistentialisme », Le Débat, n° 1, mai 1980, pp. 25-27.
[11] Guillaume Weill-Raynal, « La “communauté juive” française, la gauche et le “racisme anti-Blancs” », in Sylvie Laurent & Thierry Leclère (dir.), De quelle couleur sont les Blancs ? Des « petits Blancs » des colonies au « racisme anti-Blancs », Paris, La Découverte, 2013, p. 262.
[12] Stéphane Beaud & Gérard Noiriel, « “Racisme anti-Blancs”, non à une imposture ! », Le Monde, 14 novembre 2012, https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/14/racisme-anti-blanc-non-a-une-imposture_1790315_3232.html.
[13] Gérard Noiriel, « Il n’y a pas de “question blanche”… » (entretien avec Thierry Leclère), in Sylvie Laurent & Thierry Leclère (dir.), De quelle couleur sont les Blancs ?, op. cit., p. 36.
[14] Sadri Khiari, « Nous ne voulons plus être les tirailleurs sénégalais d’aucune cause ! » (entretien avec Thierry Leclère), in Sylvie Laurent & Thierry Leclère (dir.), De quelle couleur sont les Blancs ?, op. cit., pp. 45-46.
[15] Pour une problématisation de la notion d’« extrémisme », voir Pierre-André Taguieff, Qui est l’extrémiste ?, Paris, Éditions Intervalles, 2022.
[16] Vincent Descombes, Exercices d’humanité, dialogue avec Philippe de Lara, Paris, Pocket, coll. « Agora », 2020, p. 37.
[17] Sur ce thème sloganisé, voir par exemple Rokhaya Diallo, « Pourquoi le racisme anti-Blanc·hes n’existe pas » (7 septembre 2018), 11 septembre 2023 (version modifiée), https://www.ritimo.org/Pourquoi-le-racisme-anti-Blanc-hes-n-existe-pas ; id., « Le racisme anti-Blanc·hes n’existe pas », 29 mars 2025, https://x.com/RokhayaDiallo/status/1906020983263125602.
[18] Aux États-Unis, à la suite d’un décret anti-woke signé le 20 janvier par Donald Trump, l’administration a pris des « mesures pour fermer et mettre fin à toutes les initiatives, à tous les bureaux et programmes DEI ».
[19] Au cours de sa garde à vue, le 10 mars 2025, un homme a agressé deux policiers aux cris de « sales Blancs ». Il a été condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse à six mois de prison, dont trois avec sursis ; https://www.ladepeche.fr/2025/03/12/il-nous-a-meme-traites-de-sales-blancs-un-homme-condamne-a-six-mois-de-prison-pour-avoir-gifle-sa-femme-et-agresse-deux-policiers-12566061.php.
[20] Voir par exemple AFP, « Le “racisme anti-Blancs”, une bataille culturelle de l’extrême droite », 29 mars 2025, https://information.tv5monde.com/international/le-racisme-anti-blancs-une-bataille-culturelle-de-lextreme-droite-2768180.
[21] Paul Sugy, « Racisme anti-Blancs : histoire d’un déni alimenté par la pensée décoloniale », 31 mars 2025, https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-racisme-anti-blancs-est-il-un-fantasme-ou-une-realite-20250331.
[22] Voir Pierre-André Taguieff, Du diable en politique. Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire, Paris, CNRS Éditions, 2014.