Dans notre monde en mutation, instable, marqué par des crises successives et des transformations profondes, les entreprises ont plus que jamais besoin de compétences solides, immédiatement opérationnelles. C’est ce que propose le management de transition, en mobilisant des profils expérimentés pour piloter un changement, assurer une continuité ou franchir un cap stratégique. Mais là où l’expérience est recherchée, les femmes restent trop souvent absentes.
Certes, ceci est le reflet d’une situation plus globale affectant la gent féminine dans le monde du travail. Ainsi, en France, seules 26 % des entreprises sont dirigées par des femmes, et à peine 15 % des postes de direction sont occupés par des femmes dans les grandes entreprises (INSEE, 2023). Pourtant, les données sont sans appel : selon McKinsey, les entreprises comptant plus de femmes dans leurs équipes dirigeantes ont 25 % plus de chances d’être rentables au-dessus de la moyenne de leur secteur. Et selon S&P Global, les entreprises du S&P 500 dirigées par des femmes PDG ont vu leur performance boursière dépasser de 20 % la moyenne.
Les femmes dirigeantes feraient preuve d’un style de leadership plus collaboratif, d’une meilleure gestion des risques, d’un sens plus aiguisé de la gouvernance et de l’engagement collectif.
Autant d’atouts précieux pour conduire le changement avec efficacité et sens.
Et que dire des femmes seniors, nombreuses à cumuler expérience, hauteur de vue et capacité d’engagement – mais trop souvent mises sur la touche ? Aujourd’hui, seules 13 % des femmes de plus de 55 ans occupent un poste de cadre dirigeant. De plus la plupart quittent les circuits classiques de l’emploi avant l’heure. Pourtant l’âge devrait rendre obsolète les arguments souvent avancés pour préférer, à compétences égales, le recrutement d’un homme : âge de procréer, gestion du foyer et notamment des enfants, manque de mobilité. … Si l’équilibre entre vie privée et professionnelle demeure un enjeu et un désir de plus en plus marqué dans nos sociétés, le management de transition permet partiellement d’y répondre en concentrant les périodes d’activité, laissant des plages continues pour d’autres engagements.
Alors pourquoi ne pas s’appuyer sur cette ressource précieuse ?
Le management de transition peut être une formidable opportunité pour faire émerger ces talents féminins expérimentés, capables de prendre les rênes dans des contextes sensibles, d’apaiser, de restructurer, de relancer.
Il est temps de les considérer non comme un risque RH, mais comme une opportunité stratégique.
Diversifier les profils à qui vous confiez vos transitions, ce n’est pas un choix militant. C’est une décision rationnelle, business. Miser sur des femmes seniors, c’est accéder à des compétences rares : agilité relationnelle, vision systémique, autorité, écoute active. Des qualités précieuses quand il s’agit de transformer sans abîmer, d’avancer vite sans rompre les équilibres.
Le monde change. Le management de transition incarne cette mutation. Et il gagne à se conjuguer au féminin.
Emmanuel Gasparini
Président du Cabinet Reactive Executive