Le véritable changement en Iran ne peut venir que de l’intérieur. Ces derniers mois, le pays s’est retrouvé au cœur d’une crise aux répercussions bien au-delà de ses frontières. Si la guerre de douze jours est terminée, son message reste limpide : les frappes ciblées ont peut-être retardé de quelques années le programme nucléaire, mais elles n’ont en rien provoqué de changement politique. L’avenir de l’Iran sera décidé par son propre peuple — à travers ses soulèvements et une résistance organisée, qui n’a jamais renoncé à son rêve de liberté et de démocratie.
Ce conflit a également démontré que l’action militaire ne saurait remplacer un véritable changement. Bien que le régime soit sorti affaibli des attaques, il poursuit sa répression avec brutalité, continue de vanter son programme d’enrichissement nucléaire, et use toujours du chantage fondé sur l’ambiguïté et la menace. Le changement ne viendra ni des avions de chasse, ni des bombes, mais de ce peuple qui s’est tant de fois soulevé, et de ce mouvement qui œuvre depuis des années à préparer un avenir démocratique.
Pendant longtemps, l’Occident a nourri l’illusion qu’en misant sur la diplomatie et les concessions, il parviendrait à modérer le régime de Téhéran. Dans cette logique, l’opposition démocratique a été placée sur les listes terroristes, donnant au régime carte blanche pour réprimer, emprisonner et massacrer.
Les puissances occidentales espéraient que les accords commerciaux et les négociations nucléaires rapprocheraient l’Iran de la communauté internationale.
Mais la Résistance n’a cessé d’avertir : nourrir un crocodile ne le rend pas plus docile, cela le rend plus dangereux. Il y a plus de vingt ans, Maryam Radjavi, dirigeante de la Résistance iranienne, proposait au Parlement européen « l’Option Troisième » et avertissait que la politique d’apaisement mènerait inévitablement à la guerre. Cet avertissement a été ignoré — et l’addition s’est payée dans le sang.
L’Option Troisième est une stratégie politique qui rejette à la fois l’intervention militaire étrangère et les négociations sans issue avec un régime oppressif. Ce n’est ni un appel au silence, ni à l’inaction, mais une invitation à agir : reconnaître la légitimité du combat du peuple iranien et soutenir son droit à renverser la dictature par des moyens organisés et démocratiques. Elle signifie : indépendance sans isolement, dialogue sans soumission.
Elle défend la paix et la liberté, tout en réaffirmant que la souveraineté appartient au peuple.
L’option troisième n’est pas seulement une théorie, mais la stratégie pratique de la Résistance iranienne depuis plus de quatre décennies. Cette approche a brandi le drapeau de la paix face à la guerre Iran-Irak. Aujourd’hui, l’option troisième se manifeste dans la formation de milliers d’unités de résistance, réparties à travers tout l’Iran et issues de toutes les couches sociales, capables de s’organiser. Ces unités sont présentes dans chaque manifestation contre la dictature et la corruption.
Rien que l’année dernière, les Iraniens ont mené 3 000 actions contre le mur de la répression, et des dizaines de milliers d’actes de défi, tels que des graffitis, des distributions de tracts, etc., ont été réalisés. C’est précisément par peur de ces unités de résistance que le régime iranien a déclenché la guerre du 7 octobre. Et c’est encore par crainte de ces jeunes insurgés, aujourd’hui organisés en unités de résistance, que l’agence de presse Fars, affiliée aux Gardiens de la révolution, a qualifié le massacre des prisonniers politiques de 1988 — composés en majorité de membres des Moudjahidines du peuple — « d’expérience réussie », appelant à sa répétition pour écraser l’opposition principale actuelle.
Aujourd’hui, le régime est plus vulnérable que jamais. Sa stratégie régionale s’est effondrée, et son levier nucléaire perd de sa force. Ce n’est pas par puissance mais par crainte — celle d’un nouveau soulèvement national — que le régime a déclenché le dernier conflit régional.
Cette guerre n’est pas la cause de sa crise, mais l’un de ses symptômes les plus visibles.
Le régime est désormais enfermé dans une impasse historique. Les démonstrations de force creuses du Guide suprême Ali Khamenei ne dissimulent plus sa fragilité extrême. Il lui est pratiquement impossible de restaurer ce qu’il a perdu ou de retrouver une quelconque légitimité. Le dictateur vieillissant ne tient même plus debout. L’Option Troisième demeure la seule voie réaliste vers l’avenir — pour l’Iran, pour la région, et pour une communauté internationale qui prétend défendre la démocratie et la paix. Ce changement est déjà en marche — il ne demande qu’à être soutenu.
Hamid Enayat