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dans International

Interview de Nicole Gnesotto

Marie-Eve MalouinesParMarie-Eve Malouines
15 octobre 2025
Interview de Nicole Gnesotto
Interview

La crise profonde que traverse la France a des origines spécifiquement françaises mais elle résulte également des fractures qui traversent l’Occident. Dans son essai Fractures dans l’Occident Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors décrit les origines de cette évolution et livre quelques pistes de solution. Entretien avec Marie-Eve Malouines.

Revue politique et parlementaire : Selon vous, le grand malentendu à l’origine des crises politiques et économiques que nous connaissons aujourd’hui vient d’une mauvaise appréciation de la mondialisation. L’erreur majeure des sociétés occidentales a été de croire que la mondialisation, non seulement uniformiserait le monde, mais amènerait la paix. Or c’est l’inverse qui se produit, et nos sociétés en sont déboussolées.

Nicole Gnesotto : Effectivement, la mondialisation n’a pas uniformisé nos modes de vie et n’a pas amené la paix dans le monde.

La mondialisation est venue d’une révolution fondamentale :  la conversion des ex-pays communistes à l’économie libérale de marché. Mais l’erreur des Occidentaux a été de croire que cette révolution donnerait naissance à un nouveau monde stable, permanent, défini une fois pour toutes. Nous sortions d’une immobilité internationale de plus de cinquante ans, due à la guerre froide, durant laquelle le monde était figé dans l’affrontement entre les démocraties d’un côté et les régimes communistes de l’autre. Et nous pensions qu’une nouvelle structuration du monde, également permanente, lui succéderait. Avec Francis Fukuyama, nous avons donc cru que premièrement, la mondialisation représentait la victoire incontestée du modèle occidental libéral ; deuxièmement, que la mondialisation enrichirait toute la planète, mais surtout d’abord les pays occidentaux ; et troisièmement, que la mondialisation pourrait avoir un effet pacificateur à l’échelle du globe, parce que l’interdépendance et le rapprochement des modes de consommation rendraient de plus en plus rares ou impossibles les risques de guerre.

Cette croyance initiale n’était pas une erreur. Durant sa première décennie « heureuse », comme l’avait qualifiée Alain Minc », (1990-2000), la mondialisation a en effet correspondu à un enrichissement global du monde, une accalmie stratégique mondiale avec la disparition de l’URSS et la stagnation encore totale de la Chine, et une victoire absolue des Occidentaux, notamment des États-Unis. C’était l’époque où Hubert Védrine qualifiait les Etats-Unis d’hyperpuissance, parce que les Américains étaient effectivement les seuls maitres du monde. On se souvient des discours de George Bush père sur « le nouvel ordre mondial », sur la nécessité du multilatéralisme, et la victoire du droit sur la force, incarnée par la solidarité internationale de 1991 contre la première guerre de Saddam Hussein contre le Koweït. Autrement dit, le diagnostic de 1990 était correct. L’erreur était juste d’avoir oublié que la mondialisation pouvait elle aussi être soumise à l’histoire, et donc changer, pas forcément à l’avantage de l’Occident.  

RPP : Et effectivement, la mondialisation a évolué. Elle n’est plus heureuse du tout.   

Nicole Gnesotto : Dès le début des années 2000, on entre dans une deuxième phase de la mondialisation qui, effectivement, ne produit plus du tout les mêmes effets. Les raisons de ce tournant sont désormais bien lisibles. Il y a d’abord la montée en puissance de la Chine, devenue l’adversaire économique prioritaire des Occidentaux. Il y a ensuite la désindustrialisation progressive de l’Occident, justement parce que la Chine offrait un marché du travail à très bas coût où l’on pouvait délocaliser une bonne partie de la production. Au final, la dépendance des pays du Sud vis-à-vis des produits occidentaux – qui avait été totale pendant toute la guerre froide – est devenue moindre, puisque ces pays pouvaient désormais se fournir en Chine, en Russie ou ailleurs dans les nouvelles puissances industrialisées. C’est alors que la mondialisation, progressivement, est devenue non pas une victoire de l’Occident, mais un risque pour l’Occident. La montée en puissance de la Chine et la désindustrialisation relative de nos pays ont cassé nos illusions de prospérité et de paix universelle. Pour la puissance américaine, cette évolution a constitué un choc presque philosophique : la victoire du modèle occidental se retournait contre l’Amérique. Il faut d’ailleurs reconnaître à Donald Trump l’intelligence d’avoir senti, avant les autres, cette inversion des termes : lors de son premier mandat, il a été le premier à faire le diagnostic que la mondialisation n’était plus une bonne nouvelle pour l’Occident, et qu’elle profitait désormais davantage à la Chine et au Sud qu’aux États-Unis d’Amérique. C’est cela le nouveau renversement du monde, cette deuxième phase de la mondialisation qui nous désoriente aujourd’hui.

RPP : Mais justement, est-ce qu’il n’y a pas eu une sorte d’aveuglement du côté de l’Occident à ne pas vouloir constater ce renversement ?  

Nicole Gnesotto :  Oui, bien sûr, mais je dirais que c’est presque toujours normal quand on se trouve face à une révolution profonde mais silencieuse, progressive et invisible. Aux Etats-Unis – à l’époque dirigés par les Démocrates – comme chez les puissances européennes, on a voulu croire que la mondialisation allait continuer à être une bonne affaire pour tout le monde. Bien sûr, la Chine s’enrichissait, mais cela ne nous paraissait pas empêcher une égale prospérité chez nous. Ce n’est que très progressivement que la prise de conscience s’est faite des effets négatifs de cette deuxième mondialisation : non seulement pour la prospérité des Occidentaux, mais pour la démocratie elle-même. C’est le point fondamental. Francis Fukuyama avait prédit une sorte d’alignement universel, au motif que tout le monde allait désirer la même chose, produire de la même façon, aspirer aux mêmes libertés, avec au final une sorte de démocratisation molle, d’abolition de la guerre et donc de fin de l’histoire. Or aujourd’hui, la mondialisation crée l’effet inverse. Parce qu’elle n’est pas globale, parce qu’elle n’enrichit pas tout le monde de la même façon dans nos pays riches occidentaux. Parce qu’elle accroit même considérablement les inégalités de revenus, la mondialisation inquiète, déstabilise, révolte une bonne partie des classes moyennes. Au lieu d’être un tremplin pour la démocratie, elle entraine une déception et un ressentiment qui remettent finalement en cause la démocratie elle-même.

RPP : La mondialisation était supposée démocratiser par contagion des pays comme la Chine, au lieu de fragiliser les vieilles démocraties. D’après ce que vous décrivez dans votre livre, face à ce constat, nous avons cultivé une forme de nostalgie en nous tournant obstinément vers le passé, sans finalement envisager l’avenir dans ce nouveau monde.

Nicole Gnesotto : La nostalgie est réelle en Europe. Elle est portée par les mouvements populistes et d’extrême droite. Le retour complètement fictif aux Trente Glorieuses, le rêve d’une fermeture des frontières, d’arrêt de l’immigration, la crispation sur les identités nationales, tout cet irrationnel se nourrit de l’illusion d’un grand retour en arrière, au temps justement, où l’Europe et les Etats-Unis dominaient le monde sans trop de difficultés.

RPP : L’évolution est plus complexe aux Etats-Unis selon vous, avec un mélange de nostalgie du passé et une certaine foi en l’avenir.

Nicole Gnesotto : Il y a effectivement dans le slogan trumpiste « Make America Great Again » l’idée de revenir à l’époque fantasmée de la grande puissance américaine. Mais il y a aussi, à l’inverse, chez les populistes et surtout chez l’extrême droite américaine, une immense confiance dans l’avenir technologique, dans l’avenir scientifique de l’IA et autres futures innovations. Les milliardaires de la Tech – qui sont les vrais idéologues du trumpisme – se présentent comme les défenseurs radicaux de la liberté, la liberté sans entraves, sans contraintes, et surtout sans normes, contrairement à ce que fait l’Union européenne : c’est en effet le propre des démocraties que de promouvoir la liberté, mais une liberté encadrée par des lois et le respect de la liberté des autres. Or pour les milliardaires de la Tech ce contrôle est inadmissible : ils militent pour une liberté totale, au nom d’une foi inébranlable dans les progrès scientifiques, le transhumanisme, le développement de l’humanité sur d’autres planètes, etc. Les deux approches coexistent donc en Amérique : la nostalgie d’une époque où l’Amérique dirigeait le monde, alors que désormais, à leurs yeux, le monde semble profiter, voire abuser de l’Amérique, d’une part ; et, d’autre part, une anticipation du progrès scientifique tellement radicale qu’elle les amène à remettre en cause la démocratie, parce que la démocratie, pour eux, c’est tout simplement la censure de la liberté d’entreprendre, d’investir, de créer etc. C’est la fameuse phrase de Peter Thiel : « la liberté est incompatible avec la démocratie ».

RPP : Et cette opposition est très forte entre l’Europe et les États-Unis sur la nécessité de réguler les nouvelles technologies.

Nicole Gnesotto :  C’est effectivement l’une des grandes divergences au sein de la communauté atlantique. Concernant le capitalisme numérique, les Européens ont une règle assez simple, selon laquelle un délit dans la vraie vie constitue aussi un délit dans la vie numérique. L’Union européenne s’est donc voulue pionnière dans la régulation des plateformes, au nom du respect de la vie privée, de la propriété intellectuelle, des valeurs les plus fondamentales de la démocratie. C’est ce que les trumpistes de la Tech considèrent comme une entrave insupportable.

RPP : Et tout cela aboutit à une forme de rupture sur la notion même de démocratie entre les Etats-Unis et l’Europe ?

Nicole Gnesotto : Je crois qu’en Europe, la grande difficulté n’est pas de comprendre les effets pervers de la mondialisation. Ce qui est difficilement concevable en revanche c’est que l’Amérique, naguère chef de file du monde libre et libéral, puisse devenir le leader d’une remise en cause du libéralisme économique et politique. Contre la loi du marché libre et non faussé, les trumpistes prônent en effet le protectionnisme. Contre le primat du droit, ils exaltent le primat de la force. Et contre la démocratie, ils trouvent des vertus à l’autoritarisme. Ces trois révolutions, venues du pays qui avait pourtant inventé le modèle libéral de l’après Seconde Guerre mondiale, sont difficiles à accepter d’un point de vue européen. Le désarroi, voire l’impuissance et la frilosité de l’Europe, viennent d’une contradiction essentielle : contre une Russie qui menace nos territoires et notre régime démocratique, nous sommes obligés de faire appel à des États-Unis qui soutiennent simultanément les partis anti-démocratiques en Europe. Les ingérences américaines dans nos processus électoraux, dans le financement des partis d’extrême droite, en Grande Bretagne comme en Allemagne, ne sont pas moins graves que les ingérences russes et chinoises : mais elles nous font moins hurler au scandale, tellement ces trahisons américaines nous paraissent invraisemblables.

Or elles existent et s’aggravent. Depuis des années nous avons pris l’habitude en Europe d’analyser la crise des démocraties représentatives, en termes de désaffection du corps électoral, de méfiance à l’égard des élites, de déception envers l’État providence etc. Mais vérifier in situ que cette crise est entretenue, alimentée, exacerbée par la puissance américaine qui est censée nous défendre contre l’autoritarisme russe, représente un choc terrible. Et la réponse est extrêmement difficile à trouver, devant des opinions complètement déboussolées, désabusées, manipulées de mille façons contradictoires

RPP : Précisément, comment en sortir d’après vous ?

Nicole Gnesotto :  Il faut arrêter de postuler que ceux qui votent pour les extrêmes sont forcément des racistes, fascistes en puissance, hostiles aux immigrés, à la solidarité européenne ou à la démocratie. Une bonne partie des électeurs populistes me semble plutôt formée de citoyens qui expriment une profonde déception par rapport à un système – aussi bien la démocratie politique que le libéralisme économique –  dont ils sentent qu’il ne leur apporte plus les bénéfices qu’il apportait à la génération d’avant. Et dont ils redoutent d’ailleurs que, pour leurs enfants et petits-enfants, les effets soient encore plus négatifs. La mondialisation crée en effet dans nos pays riches des déçus de l’économie libérale parce qu’elle entraîne une certaine paupérisation des classes moyennes, avec cette angoisse de penser que les enfants auront une vie plus difficile qu’eux n’ont eu par rapport à leurs propres parents. Elle nourrit aussi une certaine déception vis-à-vis de la démocratie représentative « qui n’entend rien », qui n’entend pas ce malaise. D’où l’attrait pour l’autoritarisme, la fermeture, l’ordre, la xénophobie, le refus de l’Europe et de la mondialisation, de la part de citoyens qui se considèrent comme des perdants de l’Histoire, aux Etats-Unis comme en Europe. Les électeurs populistes répètent à l’envie trois accusations : le libéralisme ne les enrichit plus ; la démocratie ne les fait plus rêver ; l’État est impuissant ou incapable d’assurer les services publics minimaux et la défense des frontières contre l’immigration incontrôlée. C’est cet ensemble de déceptions qui crée le populisme. La seule réponse consiste d’abord à écouter ces colères, à inventer des politiques capables de redonner confiance dans la démocratie et de répondre à ce que les gens demandent. Paradoxalement, ce sont des politiques axées sur la recherche de justice fiscale et de justice sociale qui devraient former le B.A.-BA d’une réconciliation des classes moyennes avec la démocratie.

Nicole Gnesotto
Vice-présidence de l’institut Jacques Delors
Propos recueillis par Marie-Eve Malouines

 

Marie-Eve Malouines

Spécialiste de politique intérieure, Marie-Eve Malouines a été Présidente-directrice générale de LCP - Assemblée nationale et directrice du service politique de France Info

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