Alors que la loi PLM arrive en débat à l’Assemblée et que sont ébauchés les programmes des élections municipales de 2026, le Président du think tank Etienne Marcel veut faire des TPE-PME des acteurs incontournables du débat économique parisien.
La réforme de la loi « Paris, Lyon, Marseille » devrait être débattue au Parlement dans les tous prochains jours. La modification du mode d’élection du Maire de Paris est nécessaire d’un point de vue démocratique. Si la réforme du mode de scrutin des élections municipales aboutit, les électeurs parisiens pourront élire directement leurs conseillers municipaux dans une circonscription territoriale unique. Le projet vise donc à mieux représenter les électeurs en les rapprochant de leurs Conseillers municipaux et de leur Maire. C’est bien et c’est attendu.
Mais ce serait encore mieux si demain la réforme comportait des mesures pour renforcer l’association au pilotage municipal des protagonistes de la proximité que sont les Maires d’arrondissement et les entrepreneurs des PME.
Transférer des compétences économiques
Oui, rapprocher les électeurs de leur Conseil municipal et de leur Maire est une évolution souhaitable. Le Maire de Paris ne pourra plus être élu en étant minoritaire en voix. C’est une exigence démocratique car les électeurs doivent tous avoir le même poids électoral au regard de la composition du Conseil de Paris. Les campagnes électorales ne seront plus fondées sur une stratégie de mobilisation des arrondissements suivant le contingent de Conseillers de Paris qu’ils fournissent, mais sur la capacité à s’adresser et convaincre une majorité de Parisiens. Petits ou grands, touristiques ou résidentiels, prioritaires ou privilégiés, en difficulté ou dynamiques, les arrondissements devront tous être mieux considérés par les candidats à la Mairie de Paris.
Mais cette réforme ne sera pas complète si elle ne renforce pas le pouvoir de décision des Maires d’arrondissement et le pouvoir d’influence des acteurs économiques parisiens.
Il faut donc réviser plus largement le statut de Paris pour améliorer la répartition des compétences entre le Maire de Paris et les Maires d’arrondissement.
Ces derniers sont les vrais décideurs politiques de proximité ayant la connaissance la plus fine du territoire et des besoins de leur arrondissement. Ils ont vocation à être les décideurs de référence dans les domaines de la propreté, de la voirie, de l’urbanisme, du logement social. Mobilisés en permanence dans leurs quartiers, il faut aussi leur transférer de nouvelles compétences dans le domaine économique, pour intervenir auprès des bailleurs sociaux, de la voirie, de la préfecture de Police, passer les marchés publics locaux ou piloter l’économie de la logistique urbaine du dernier kilomètre.
Consulter les entrepreneurs
La réforme devra aussi prévoir des dispositions pour rapprocher les entrepreneurs parisiens de leurs élus. Pour créer une ville véritablement « PME Friendly », il faut favoriser la participation des acteurs économiques au débat parisien. Paris a changé et continue de changer, y compris sur le plan économique.
Si les décisions publiques pouvaient être davantage concertées en amont et testées avant généralisation dans la capitale, plutôt que d’être prises en mettant les publics concernés devant le fait accompli, Paris gagnerait en attractivité.
Les entrepreneurs réussiraient aussi plus facilement à satisfaire leurs clients, véritables « consom’acteurs », et à fidéliser leurs collaborateurs. En cohérence avec la conception d’une entreprise citoyenne qui assume pleinement son rôle dans la vie de la cité, les entrepreneurs parisiens doivent prendre des responsabilités et se porter candidats aux élections municipales à Paris sur les listes de leurs choix, privilégiant bien sûr la liberté d’entreprendre, la liberté d’aller et de venir, pour incarner, faire connaître, faire valoir et faire toute sa place aux idées et aux intérêts des PME dans l’écosystème parisien.
Le futur Maire de Paris devra aussi mettre – enfin ! – en place auprès de lui un « conseil économique, social et environnemental parisien » composé de représentants patronaux, syndicaux et associatifs, afin de fluidifier et de renforcer la communication entre les forces motrices de l’économie parisienne et les institutions. Débattre ensemble en amont des décisions publiques municipales, c’est aider nos entreprises et encourager les initiatives économiques citoyennes, c’est mettre un terme à la communication pyramidale de l’Hôtel de Ville qui privilégie les organisations satellites locales servant trop souvent de paravents à l’inaction municipale.
Bernard COHEN-HADAD