Étrange semaine que la dernière de l’année ! Chocolats fins, foie gras AOC garantie, chapons et autres fruits de mer y sont les seules armes de dissuasion massive. Nous voyons les gens, les choses et le monde qui les habille avec les yeux de Chimène. Beaucoup affirment même que la trêve des confiseurs possède une vertu anti-dépressive contre les angoisses que nous accumulons pendant douze mois. Aussi profite-t-on de ces jours bénis pour rêver d’un monde nouveau. Qu’on soit conservateur pur jus ou militant radical chevronné, Noël nous transforme de fond en comble. Nous fondons devant la joie de nos enfants tandis qu’ils découvrent leurs cadeaux. Pour tout dire, on devrait même leur confier la marche du monde tant leurs rires sont terriblement désarmants. Au Jour de l’An, on s’adonne au rituel, ô combien stupide, du compte à rebours des dix dernières secondes avant l’année nouvelle. Dans la plus grande gaité, coupe de champagne dans la main, nous applaudissons à l’agonie d’une année que nous entendons bien rayer de nos papiers comme aurait dit Molière.
Rien de nouveau sous le soleil
Pourtant, il faudra bien que nous redescendions de notre Olympe.
Cette fin 2024 aura vu le renversement de Bachar el-Assad, diplômé es tortures par les combattants du mouvement Hayat Tahrir el-Cham (HTC) diplômés es islamisme. À entendre certains observateurs très au fait semble-t-il du « sens-de-l’histoire » le mouvement HTC, tout islamiste déclaré qu’il est serait plus fréquentable que la famille Assad à telle enseigne que les chefs de la diplomatie allemand et français, à peine les cotillons de la St Sylvestre rangés, se sont rendus à Damas. Depuis la reprise du contrôle de Kaboul par les talibans en février 2020, force est de constater que l’Occident n’a rien appris et tout oublié. Entre Assad le boucher et Mohamed al-Joulani, l’islamiste bien malin celui qui dira lequel des deux a la peste et l’autre le choléra. Al-Joulani serait « rangé des voitures ». On peut effectivement faire confiance à nos manitous géopolitiques qui, voilà cinq ans disaient la même chose des talibans. Il n’empêche. Au dernières nouvelles, les femmes afghanes n’ont même plus droit ni de chanter ni de se mettre à la fenêtre. A Damas, les islamistes ont refusé que les cloches sonnent, seuls les tirs en l’air des Kalachnikov et les youyou débridés étaient autorisés pour célébrer la chute du régime syrien. Il aura suffit que les pourfendeurs de Bachar rassurent les Occidentaux rappelant leur détestation du régime de Téhéran et leur méfiance à l’égard de Moscou pour que les diplomates allemand et français rentrent chez eux, la mine réjouie. Aurait-on oublié cette conférence de Münich où un jour de 1938 Hitler a endormi les Alliés ? Il n’y a pas d’islamisme fréquentable. Le moyen-Orient reste une poudrière. Que les maîtres de Damas s’appellent Bachar el-Assad ou Mohamed al-Joulani, il y a un pays à qui on ne la fait pas : Israël. Les hommes changent mais la haine anti-israélienne perdure et par ricochet celle de l’Occident. Que les militants du HTC aient rompu avec le terrorisme — ce qui reste à démontrer — ne signifie pas qu’ils aient perdu de leur toxicité géopolitique. Il y a fort à parier que ces islamistes un peu trop « BCBG » apparaissent dans quelques années la métastase islamiste que personne n’aura vu venir… sauf peut-être les lanceurs d’alerte.
L’islamo-gauchisme est la version 2.0 de l’islamisme international
En 1967, Guy Béart chante « Celui qui dit la vérité sera exécuté ». Près de soixante ans après ces paroles au vitriol gardent toute leur tragique réalité. Le 16 novembre dernier Boualem Sansal a été arrêté pour avoir dit la vérité sur le régime algérien. Voilà trente ans qu’il écrit, parle, accuse et dénonce le régime inique d’Alger. Trois décennies de courage. Trois décennies de résistance. Il s’est même rendu en Israël pour parler avec le peuple israélien, connaître la réalité sur le terrain. Un jour que nous devisions, il m’avait confié sa quasi certitude d’être arrêté à l’aéroport suite à ce voyage dont la préparation était digne d’un roman policier. Mais on ne l’arrêta pas. Pour tout dire, cette crainte de se voir menotté à n’importe quel moment avait peu à peu modifié le quotidien de sa vie sans pour autant le pousser à se taire. Et voilà qu’il est désormais entre les griffes des dictateurs. Pour Tebboune, pour les islamistes et pour l’armée Boualem Sansal est une prise de guerre. Il aura suffit que Macron reconnaisse la marocanité du Sahara occidental pour qu’Alger se défoule comme jamais contre Paris. L’atmosphère délétère qui s’est installée entre les deux pays risque à tout moment de dégénérer. Les Algériens qui vivent sur le sol français, ne sont pas précisément une armée de réserve au service d’une possible déstabilisation. Cependant les récentes interpellations de trois influenceurs algériens appelant à la haine raciale, cumulant à eux trois des dizaines de milliers de followers n’est pas une affaire anodine. Tout le monde sait qu’il suffit d’une demi douzaine de frappés pour commettre un attentat. Entre le 16 novembre, date de la séquestration de Sansal et au moment où sont écrites ces lignes, la situation s’est muée en affaire de politique intérieure dans les deux pays. La façon dont l’extrême gauche tire à boulet rouge — sa couleur préférée — sur Sansal, préférant la lâcheté de critiquer ses positions sans risquer une réponse de sa part, et le silence criant de ces staliniens génétiquement pas modifiés sur l’arrestation des trois influenceurs sus-cités montre à l’envi qu’il y a dans ce pays des hommes et des femmes qui aimeraient bien faire en France ce que le pouvoir algérien fait en Algérie.
Des otages qu’on oublie un peu trop vite
Quinze mois que le Hamas retient ce qui reste d’otages israéliens kidnappés le 7 octobre 2023, dont hélas ! une majorité d’entre eux a été froidement assassinée rejoignant ainsi les quelque 1 200 civils israéliens occis lors de ce terrible jour d’octobre. En légitime défense ce pogrom est le seul déclencheur d’une guerre de représailles contre Gaza. Qui pense encore à ces otages enfermés dans des tunnels construits avec le détournement de l’argent de l’Union Européenne ? Pas grand monde en vérité. On se contente d’accuser Israël de perpétrer un génocide… Il y a comme ça, des mots lourdement chargés de mémoire qu’on s’arrange pour les renvoyer à la face du peuple juif. Tous les psychanalystes vous diront que les mots sont des moyens de transfert pour faire de la victime un bourreau. L’extrême-gauche en connaît un rayon sur cet antisémitisme débridé qui masque mal le racisme ouvertement anti-juif de ses militants.
Les diplomates se taisent, les médias passent leur temps à surfer d’une info à l’autre ; pour tout dire le monde a oublié le 7 octobre.
2025 l’année de tous les populismes
2025 est entré dans l’histoire en prenant le démagogique chemin du populisme. La montée des extrême-droites en Allemagne, plus encore en Autriche, mais aussi aux Pays-Bas sans oublier la France préoccupe grandement. À l’opposé, les populismes d’extrême-gauche ne sont pas en reste. Aussi, dans tous les cas de figure la question qu’il convient de poser est simple : faudra-t-il choisir entre ces deux extrêmes ou bien tout faire pour reconstruire un centrisme politique alliant à la fois des idées de droite et des idées de gauche ? Il semble bien que ce soit là la seule porte de sortie.
Ne pas jouer avec le feu, voilà ce qu’il faut souhaiter de mieux pour 2025.
Michel Dray