Bruno Casari, élu d’opposition au conseil municipal de Valence, se présente aux législatives dans la première circonscription de la Drôme sous l’étiquette LREM alors qu’il n’a pas été investi. Pour la Revue Politique et Parlementaire, le candidat revient sur ses motivations.
Revue Politique – Bruno Casari vous êtes candidat dans la première circonscription de la Drôme. Pourquoi cet engagement politique au moment où la politique est souvent désertée, notamment par ceux qui, comme vous, ont une vie professionnelle particulièrement accomplie ?
Bruno Casari – Avoir des convictions sans essayer de les faire partager, c’est impossible ! Avoir des convictions débouche donc obligatoirement sur un engagement.
J’ai des responsabilités syndicales professionnelles, j’ai un engagement dans la réserve militaire opérationnelle, j’ai participé à l’opération Barkhane au Sahel en 2019 alors que mon cabinet médical tourne bien. Je ne suis pas un déserteur pour faire valoir mes convictions, c’est donc naturellement que je m’engage dans cette élection législative dans la première circonscription de la Drôme. J’espère encore que le débat peut exister lors d’une campagne électorale. Or, je constate que beaucoup de candidats reçoivent leurs affiches, leurs profession de foi depuis Paris. Aucun travail local n’est fait. Pour ma part, mes documents sont 100 % fait maison avec mon équipe. Il faut arrêter cette standardisation de la vie politique. Je veux être un candidat unique comme chaque patient qui vient dans mon cabinet est unique.
RPP – Le mandat de député dans le système institutionnel, notamment depuis le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, est souvent considéré comme dévalorisé. Quel est, selon vous, le meilleur moyen de l’optimiser à périmètre constant et quels seraient les pistes aujourd’hui pour revaloriser le rôle du Parlement ?
Bruno Casari – A périmètre constant, c’est-à-dire sans changer les institutions et le mode d’élection c’est impossible.
Le député français ne peut jouer son rôle de contrôle et de proposition comme l’exigerait une belle démocratie.
Cela est d’autant plus vrai que des partis et notamment LREM Renaissance font signer une charte aux candidats investis qui les privent (s’ils respectent leur signature) de la moindre initiative.
Il faut absolument dissocier les élections présidentielle et législatives. Je ne rentre pas dans les différentes possibilités ici mais c’est indispensable. Il faut absolument instaurer la proportionnelle à forte dose dans ce scrutin. Une élection dans un système démocratique n’est pas un jeu de poker où l’on rafle la mise sur les systèmes exécutif et législatif avec une voix d’avance au second tour de la présidentielle. Croire à cela nous mènera droit au chaos. Oserai-je dire Jupiter est mort, vive le Président et le Parlement ! Hélas, ce n’es pas encore d’actualité.
RPP – Vous êtes centriste, vous étiez cadre départemental de LREM, vous faites le choix de ce que d’aucuns appellerons la dissidence. Pourquoi ?
Bruno Casari – Je fais le choix du courage pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut dans votre première question. Je suis un élu local. Tout le monde reconnaît mon travail à Valence. Je ne veux pas que ce soit à Paris que l’on désigne les candidats. La députée sortante n’a jamais réussi son implantation.
Etre député, c’est voter les lois de la France mais pour qu’ elles soient réalistes, applicables, il faut connaître le terrain.
Les marcheurs drômois me soutiennent. Les comités locaux n’ont pas été consultés pour la désignation des candidats. En demandant le suffrage de mes concitoyens, je ne cherche pas à devenir un super conseiller départemental qui monte à Paris comme certains voudraient le faire croire. Je veux voter, proposer des lois réalistes. Je veux contrôler le gouvernement. Je consacre du temps au contrôle de la mairie et de l’agglo, je ferai de même en étant élu national. J’ai la réputation de dire ce que je pense, je serai courageux aussi dans ma mission de député.
Pour finir être dissident implique une ambition personnelle. Or, mon projet a été conçu avec les marcheurs. Nous faisons campagne en équipe. Tous nos tracts sont travaillés localement. Nous sommes courageux et ambitieux ensemble.
RPP – Quels sont les enjeux dans cette circonscription sur lesquels vous comptez porter l’effort si les électeurs demain vous apportent leurs suffrages ?
Bruno Casari – La première circonscription de la Drôme a la particularité d’être à la fois urbaine avec la ville Préfecture Valence et les alentours (Bourg-lès-Valence, Saint-marcel) et agricole avec les vergers et bien sûr la vigne avec les célèbres appellations Crozes Hermitage et Hermitage.
Nous avons la particularité d’avoir une agriculture bio développée. Une artère importante traverse cette circonscription, c’est la nationale 7.
Cette partie de la Drôme a tous les atouts intrinsèques pour que les habitants en profitent.
Pour autant, mes concitoyens sont plus pauvres que la moyenne nationale.
Nous avons des pôles d’excellence à faire valoir : n”os lycées professionnelles hôteliers et agricoles sont mondialement reconnus, nos produits agricoles aussi.
Je veillerai à ce que mes concitoyens vivent décemment de leur travail.
Notre circonscription est devenue attractive après la Covid, elle est rurale mais reste à 2h10 de Paris par le TGV. Il faut faire attention à la montée des prix de l’immobilier. Ce « pays » doit conserver sa configuration actuelle. Je suis centriste et non conservateur mais les équilibres villes-villages, citoyens travaillant localement-télétravailleurs doivent être touchés à la marge.
RPP – Quel regard portez-vous sur le rapport de forces dans votre circonscription à quelques jours du premier tour ?
Bruno Casari – L’alliance à gauche qui a fait émerger Nupes permettra certainement d’envoyer le candidat au second tour. Pour le second qualifié, les électeurs choisiront d’être conservateurs en qualifiant la sortante ou en qualifiant la candidate conservatrice du maire omnipotent de Valence ou bien les électeurs feront le choix du professionnel de santé élu local que je suis.
Une chose est sure : les jeux sont ouverts et il n’y a pas de sondages. Quel bonheur de pouvoir attendre le verdict des électeurs ! Et pourvu qu’ils soient nombreux à s’exprimer !
Bruno Casari
Chirurgien-dentiste
Conseiller municipal à Valence
Candidat aux législatives dans la première circonscription de la Drôme
Propos recueillis par Arnaud Benedetti