En déclarant que désormais le 1er mai devait être la journée de lutte contre le racisme, Jean-Luc Mélenchon a inscrit une rupture fondamentale dans notre paysage et notre identité politique.
Non pas que le racisme ne soit pas un mal à combattre, mais en le substituant à la question sociale (la lutte pour les droits des travailleurs), il poursuit inlassablement, avec constance, avec acharnement la désarticulation de la question sociale et de la question nationale, dialectique au cœur de la République française.
Ce virage ontologique entamé après sa campagne présidentielle de 2017, vise à changer la nature même de ce qu’était la gauche française profondément marquée par la figure tutélaire de Jean Jaurès à laquelle se référait également le PCF malgré la rupture du congrès de Tours.
Se faisant, la question démocratique est posée puisque cette rupture interroge l’idée de la nature de l’accession au pouvoir. Nous ne pouvons que constater que la violence fait désormais partie du modus operandi mis en œuvre dans cette stratégie de la tension.
L’agrégat autour de LFI de groupuscules violents, dont certains représentants siègent à l’Assemblée nationale, illustre cette organisation. Les appels à l’Intifada, à la sédition, au soulèvement, à la création de milices populaires pour défendre les musulmans sont aujourd’hui tellement nombreux, qu’ils ne relèvent pas du hasard, ni de l’erreur de langage et encore moins de la maladresse. Mais bel et bien d’une volonté de rupture fondamentale avec la pensée républicaine des 150 dernières années.
Les refus obstinés de LFI de voter les motions diverses et variées exigeant la libération de Boualem Sansal en sont la parfaite démonstration.
Boualem Sansal est en réalité à leurs yeux un homme, un symbole à abattre. Lui qui se réclame de l’universalisme républicain, refusant d’être d’abord considéré comme musulman mais avant tout comme citoyen, combattant avec courage et lucidité l’islamisme, interrogeant sans concession ce qu’est devenu le pouvoir Algérien mais continuant d’aimer l’Algérie, et bien cet homme doit disparaître car il empêche, ainsi que Kamel Daoud, de communautariser, d’islamiser et de voiler en rond.
Cette rupture opérée ce 1er mai 2025 est tout sauf anodine et veut être la marque d’une véritable fracture dans notre histoire et notre imaginaire. En particulier avec la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État.
Remettre au cœur de ce que serait l’idée française, la question de l’appartenance religieuse revient à prendre le risque de faire éclater ce que le génie de la nation a mis des siècles à inventer afin de sortir de la guerre civile et des guerres de religions avec de premiers troubles dès 1520. Ce serait la fin de cette incroyable invention qu’est la citoyenneté.
Il faut véritablement prendre la mesure de ce qui est en train de se jouer. Subordonner la citoyenneté à l’identité religieuse réelle ou supposée, est un changement anthropologique majeur et qui induit des transformations qui touchent à l’essence même de ce que nous sommes et de l’idée que nous avions jusqu’à présent de notre société.
Dans cette perspective, l’alliance objective avec l’islamisme et les Frères musulmans est non seulement souhaitable, mais indispensable. Raison pour laquelle LFI ne fait jamais le distinguo entre islamistes et musulmans et en caractérisant tous les combats contre le fascisme islamiste à de l’islamophobie, du racisme anti-arabe ou antimusulman. Pain béni pour les Fréristes qui se frottent les mains, ayant devant eux la fin des temps pour mener à bien leur vision eschatologique du monde.
Dès lors, le Juif doit être combattu pour ce qu’il serait et l’antisémitisme n’est pas seulement le « retour du refoulé » mais une opportunité tactique voire une nécessité stratégique. Les pires clichés (aux conséquences mortelles) sont réactivés et nous pouvons assister, désespérés et en colère à l’augmentation exponentielle des agressions antisémites. Ce qui arrive maintenant de façon systématique à Jérôme Guedj dans les manifestations « de gauche » en est l’affligeante et terrible démonstration.
Nous ne pouvons plus ne pas nous adresser à nos compatriotes de confession ou de culture musulmane qui ne supportent plus cette instrumentalisation. Nous devons ensemble, en citoyen et en patriote nous battre contre ceux dont l’objectif est de fragmenter notre pays et la République. Nous devons également leur dire qu’ils doivent s’exprimer, avec courage et détermination. Notre salut à tous est dans la République. La France ne peut se résoudre à la guerre civile que certains appellent fondamentalement de leurs vœux et qui menace. Ensemble nous serons des Hommes libres ou asservis.
Claude NICOLET
Président de la Nation citoyenne
Conseiller municipal de Dunkerque
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