Les lois se succèdent depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, mais le bilan du président de la République reste maigre en matière d’environnement. Ce ne sont pas tant les résultats de sa politique qui sont contestés que la manière dont ils ont été présentés.
C’était le 16 avril 2022, lors de la première grande réunion de campagne du président candidat. Emmanuel Macron avait consacré une large part de son discours à l’écologie, promettant : « la politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». Il envisageait un « renouvellement complet » de son action avec un Premier ministre « directement chargé de la planification écologique, appuyé par deux ministres forts ».
La dramatisation de cet engagement était à la hauteur de la déception de son premier mandat en la matière. Pourtant, les annonces n’avaient pas manqué. La volonté présidentielle semblait réelle. Dès 2017, la transition écologique et solidaire était défendue par un ministre d’État, Nicolas Hulot, porteur du plan Climat. Le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique était annoncé en 2018 ainsi que le plan de rénovation énergétique des bâtiments, venait ensuite la loi climat énergie en 2019 ainsi qu’une convention citoyenne pour le climat qui aboutirait à la loi climat et résilience de 2021. La France s’honorait d’accueillir la COP 21 à Paris. Et pourtant, Emmanuel Macron a dû réinsister sur son engagement un an plus tard.
La bilan du président sortant restait marqué par l’échec de la taxe carbone à l’origine du mouvement des Gilets jaunes. Cette mobilisation traduisait le fait que la mise en oeuvre d’une politique écologique, aussi fondée soit-elle, doit tenir compte de son acceptabilité sociale. Un mouvement qui conduit les gouvernants successifs à y regarder à deux fois avant de prendre des mesures qui pourraient braquer et mobiliser une partie de l’opinion, notamment les automobilistes.
Les atermoiements sur la mise en place des ZFE (zones à faibles émissions) en témoignent. L’interdiction de circulation des véhicules relevant du crit’Air 3 a été régulièrement repoussée de 6 mois en 6 mois pour finalement être assortie de nombreuses dérogations qui, pour autant, n’ont pas apaisé le sentiment de relégation des automobilistes au point que les députés ont voté la suppression des ZFE.
La confusion étant rarement l’expression d’une détermination politique, les électeurs doutent logiquement de la volonté du président. Les hésitations autour du dispositif MaPrimRénov’ ne contrediront pas ce sentiment.
Quant à la convention citoyenne sur le climat, le non-respect de la promesse de reprendre les propositions qui en seraient issues s’est davantage imprimé dans les mémoires que les mesures effectivement reprises. Là encore, les ratés dans la méthode font plus de dégâts que les bonnes intentions.
Dans ce contexte, il sera bien difficile pour Emmanuel Macron, ses ministres et tous ceux qui se revendiquent de son mouvement de défendre le bilan des nombreux plans, lois, et autre stratégies annoncés depuis 2017. Le problème réside presque dans leur accumulation, comme si la copie avait sans cesse besoin d’être reprise, corrigée, et ajustée car elle n’apparait pas satisfaisante. Alors même que les Français ont le sentiment d’avoir réellement changé leur mode de vie personnel et que ces restrictions pèsent davantage sur les particuliers que sur les entreprises.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste