Pour lutter contre la forte abstention dans les urnes, les réseaux sociaux constituent un bon outil pour les partis politiques. Promouvoir des réunions publiques, faire connaître les candidats des listes aux européennes, partager des interventions médiatiques… Zoom de Guillaume Asskari, journaliste TV et producteur, sur le rôle important de Twitter et Facebook lors des prochaines élections européennes le 26 mai prochain.
Cette année, 23,4 millions de jeunes vont pouvoir voter pour la première fois aux élections européennes d’après le Parlement européen. L’objectif : réduire l’abstentionnisme très présent chez les jeunes de 18 à 24 ans. Plusieurs plateformes, comme « cettefoisjevote.eu » active dans l’ensemble des États membres de l’UE, sensibilisent sur l’enjeu de ses élections et l’intérêt de l’Europe pour chacun. Présentes sur les réseaux sociaux, ces plateformes souhaitent rassembler derrière un projet européen commun symbolisé par un drapeau bleu aux étoiles.
Facebook lance son dispositif
Le réseau social Facebook ouvre « une procédure d’agrément » que devront suivre les personnes ou entités qui veulent diffuser des publicités politiques dans le cadre des élections européennes. Katie Harbath, chargée des questions relatives aux élections chez Facebook, a affirmé que deux nouveaux « centres opérationnels » régionaux dédiés aux élections, à Dublin et Singapour permettront de suivre toute l’actualité minute par minute.
Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, mis en cause, comme Twitter, pour avoir servi de relais à des tentatives de manipulation de l’opinion durant les élections américaines et le référendum sur le Brexit, a affirmé récemment dans une tribune que « les lois sur la publicité politique en ligne concernent en priorité les candidats et les élections, plutôt que les sujets politiques ».
Ce contrôle renforcé effectué par Facebook devra s’assurer qu’aucune interférence n’ait lieu dans les élections européennes.
Un grand pari pour le réseau social qui veut éviter un nouveau scandale de grande ampleur comme l’affaire Cambridge Analytica.
Bien que certains pays comme la France aient adopté une loi pour lutter contre la diffusion de fausses informations durant les périodes électorales, Mark Zuckerberg a rappelé récemment : Facebook peut « bannir les acteurs malveillants, mais seuls les gouvernements peuvent créer des sanctions qui découragent les interférences ». Si Facebook s’est engagé à surveiller davantage les comptes du réseau social, son patron a lancé un appel pour une régulation par les acteurs politiques des processus de publicité politique.
Twitter, le réseau social le plus politisé
Twitter est devenu une référence au fil des années pour les médias et pour les internautes. Un peu sur le même modèle que Facebook, on peut trouver une multitude de contenus en lien sous la forme vidéo ou écrite. Tous les chefs d’Etats, comme le président américain Donald Trump, partagent chaque jour leur actualité via des tweets. On y trouve également la majorité des candidats aux élections européennes.
Ce réseau social, accusé récemment de discrimination, est sûrement l’un des plus influents au niveau politique.
A l’approche du jour J, Twitter va accélérer sa chasse aux faux comptes et aux faux tweets pour assurer le bon déroulement des européennes. Le réseau social devra également être vigilant concernant l’authenticité des annonceurs durant les élections.
Comme Facebook, Twitter devra rendre des comptes à l’exécutif européen qui estimait fin janvier que les GAFA ne travaillaient pas assez sur l’encadrement des publicités à caractère politique ou l’accès des données à des tiers comme les chercheurs.
Un fact-checking médiatique
Les médias sont nombreux en France à proposer leur propre système de fact-checking. L’enjeu : plus de transparence pour une démocratie. Il faut être indépendant et être en capacité de vérifier toutes les informations qui circulent sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux. En France, l’AFP, CheckNews, 20 Minutes, Les Observateurs et Le Monde sont chargés par Facebook de « checker » l’authenticité et la véracité d’un contenu.
Très appréciés par les internautes, ces pages de fact-checking permettent de rétablir la vérité dans certains cas. D’autres comme Ulrich Wilhem, patron de l’ARD, groupe de chaîne et radio publiques allemand, souhaitent la création d’une plateforme numérique européenne, indépendante de Facebook et Twitter.
Cet outil européen, qui simplifierait le contrôle de l’information et qui surveillerait les contenus sponsorisés, pourrait permettre de garantir plus de transparence.
Le CSA plus vigilant avec les réseaux sociaux ?
À l’heure où tous les contenus sont retransmis sur les réseaux sociaux, le Conseil supérieur de l’audiovisuel aura la dure tâche de réguler et de faire respecter l’équilibre du temps de parole des candidats aux élections. Si entre les chaînes du câble et celles de la TNT, le règlement à respecter est identique, le CSA compte accentuer la vérification des contenus sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux.
Pour mieux réguler les plateformes, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a auditionné les représentants des plateformes en ligne et réseaux sociaux. Ces rencontres, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi contre la manipulation de l’information, devraient permettre de créer une corégulation. Même si pour le moment, les modalités d’application de cette loi, votée en décembre 2018, semblent un peu floues. Les réseaux sociaux devront être obligés de faire état d’un rapport annuel bien détaillé et mettre en place des dispositifs de signalement quand cela le justifie.
Guillaume Asskari
Journaliste TV, producteur