Située entre les rives de Boulogne-Billancourt et de Meudon, source d’inspiration de nombreux peintres, l’Ile Seguin est aujourd’hui menacée par une urbanisation massive. Le collectif Vue sur l’Ile Seguin milite pour créer une île verte.
Autrefois, c’est-à-dire hier encore, tout Président de la République sur le départ laissait, à son nom mais à nos frais, un musée à la France reconnaissante. Les générations futures se devaient d’y venir jeter un regard émerveillé vers le passé.
Aujourd’hui, la plupart des musées sont fermés et l’on ne se rend plus dans les rescapés que déguisé avec, derrière un masque, l’inquiétude du lendemain, l’angoisse de l’avenir mais, d’abord, la peur de l’autre, la peur pour l’autre.
En cet été singulier, plus personne n’attend du Président qu’il montre la voie mais, parfois, chacun se prend à espérer qu’il puisse néanmoins aider à la frayer.
En ces temps caniculaires de changements climatiques, de pandémie à rebonds, de pollutions sournoises, d’air sain raréfié, de biodiversité en déroute, d’agriculture déboussolée, un îlot de fraîcheur permanente peut et doit renaître à Paris, sur l’Ile Seguin où l’action conjuguée du fleuve, le jour, et de l’île végétalisée, la nuit, peut faire baisser la température.
Souvent dans l’Histoire la France a entendu éclairer le monde, donner des leçons de portée internationale. En 2002, elle a même prétendu ne pas regarder ailleurs quand la maison brûle. C’est vraiment le moment de le prouver enfin après dix-huit années d’incendie.
En 2020, notre pays saura-t-il sauver neuf hectares de verdure en Ile-de-France pour y créer le premier Centre mondial de revitalisation de la Planète et ses ateliers du développement soutenable, projet alternatif1 imaginé par le Collectif Vue sur l’Ile Seguin ?
L’Ile verte sur la Seine sera-t-elle le grand projet présidentiel, le rebond d’espoir de ce chaotique quinquennat à peine esquissé ? Ou bien sera-t-elle le premier grand projet populaire, choisi par le peuple conscient, lui, de l’urgence climatique, de l’urgence sanitaire, de l’urgence sociale ?
Les générations futures ne vont-elles pas se trouver renforcées de tous ceux qui voient au-delà des échéances électorales, au-delà du profit immédiat ?
La Conférence des 150 citoyens pour le climat a balisé le chemin. Empruntons-le sans hésiter, lançons-nous un défi : rejoignons les 50 000 signataires de la pétition « Créez une île verte à Paris ! ». Avec Nicolas Hulot et sa fondation F.N.H., Allain Bougrain-Dubourg et la Ligue de protection des oiseaux (L.P.O.), Dominique Bourg, Pierre Arditi, Coline Serreau, Bruno Solo, les associations Les Coteaux de Seine, La Seine n’est pas à vendre et tous les autres, rassemblons les énergies pour réfléchir ensemble aux solutions d’avenir, pour stimuler la recherche interdisciplinaire et internationale, pour éduquer à la vie en osmose avec la Planète en ne lui empruntant chaque année que ce que la Terre peut reconstituer. Il ne s’agit pas de décroissance dogmatique mais du choix raisonné de la seule voie de survie possible.
Concrètement, sur l’Ile Seguin et autour d’elle, cela signifie l’abandon de l’érection d’absurdes tours trop hautes et de bureaux très vides – télétravail oblige. Cette muraille de centaines de milliers de mètres carrés de béton, conçue dans des projets d’un âge spéculatif révolu mais appelée à barrer le grand paysage du plus beau méandre de la Seine au pied des coteaux verdoyants de Meudon, de Sèvres et de Saint-Cloud, doit s’effacer devant la santé des habitants de l’Ile-de-France, l’harmonie d’un vaste panorama, la beauté et le ciel de Paris, la mise en commun d’idées novatrices au service de l’ambition d’un projet mondial pour après-demain.
Ces jours-ci, trois enquêtes publiques2 semi-clandestines ont lieu, dans la chaleur de l’été auprès de citoyens au loin, pour savoir si vous êtes favorables à la bétonisation de l’îlot de fraîcheur de l’Ile Seguin, à la disparition irréversible de ce qu’Auguste Rodin saluait avec émerveillement de son atelier de Meudon en contemplant ce vaste panorama : « Voilà d’où vient mon inspiration. La perspective de ce monstrueux Paris enfiévré stimule ma verve et la belle ligne de ce fleuve élève mon âme ».
Avant la fin du mois d’août, vous pouvez modeler l’avenir en participant à ces trois enquêtes publiques.
Il suffit de vous rendre sur le site de la commune de Boulogne-Billancourt en suivant le cheminement indiqué sur le site du collectif : www.collectifvuesurileseguin.fr
Avec votre signature au bas de la pétition « Créez une île verte à Paris ! » https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement/creer-ile-verte-paris/38386 et vos trois participations aux enquêtes publiques, vous disposez de quatre bulletins de vote pour donner un avenir meilleur à vos enfants ! Profitez-en !
Michel Becq
Collectif Vue sur l’Ile Seguin
Photo : Gilles Paire, Shutterstock
- Une partie du sous-sol de l’île, éclairée par des puits de lumière, abriterait un Centre de réflexion, de recherche et de réunion, interdisciplinaire et international, sur les défis lancés à la survie de l’humanité par les changements climatiques. A la surface de l’île, au sein de vastes espaces verts respectant le fleuve et la biodiversité, de petits ateliers du développement soutenable constitueraient des lieux de sensibilisation et d’éducation à la découverte, théorique et pratique, de ce que sont l’eau, l’air, le sol, l’arbre, la forêt, les changements climatiques, un îlot de fraîcheur, les corridors de ventilation urbaine, la biodiversité, les espaces de vie, les insectes, les oiseaux, le bien-être animal, la santé-environnement, l’agro-écologie, la pêche raisonnée, les énergies, les pollutions, l’architecture biomimétique, les bâtiments à énergie positive, l’économie circulaire, la sixième extinction massive, l’information citoyenne sur la planète, le mécénat vert, la civilisation écologique… ↩
- Enquête publique n° 1, la plus globale, n’affiche pas son véritable objet en se présentant comme une enquête environnementale relative à la loi sur l’eau, sans mentionner la Z.A.C Seguin-Rives de Seine, alors que c’est de cette enquête que dépendent les projets de construction visés par les deux autres enquêtes publiques. Au vu du rapport sur l’enquête publique n° 1, le préfet a le pouvoir de refuser l’autorisation environnementale indispensable à la bétonisation de l’île Seguin et de l’îlot D5.
Enquête publique n° 2 sur deux permis de construire 123 000 m2 de bureaux et 6 500 m2 de commerces sur la partie centrale de l’Ile Seguin (incluant un immeuble de grande hauteur surmontant un socle, c’est à dire une tour de treize étages, mais à l’impact visuel bien supérieur, dans l’axe de la perspective classée de la Terrasse de Bellevue)
Enquête publique n° 3 sur un permis de construire 60 729 m2 de bureaux, d’habitations et de commerces sur l’îlot D5 de l’éco-quartier du Trapèze (incluant trois immeubles de grande hauteur, soit trois tours de près d’une vingtaine d’étages). ↩