La Chine et Taïwan ont connu une rencontre historique. Le 7 novembre 2015 à 14:59, le président taïwanais Ma Ying-jeou et le président chinois Xi Jinping se serrèrent la main presque furtivement dans le grand hall de l’hôtel Shangri-La à Singapour.
En l’absence d’un maître de cérémonie, face à la foule des journalistes qui étaient venus pour immortaliser l’instant avec leurs appareils photo ou leurs smartphones, les deux hommes ne s’adressèrent pas la parole en public et n’échangèrent aucune plaisanterie comme il est souvent le cas en pareilles circonstances. Dans un rayonnement diffus, les ombres irréelles de Xi et Ma se projetèrent sur les tentures jaunâtres de l’hôtel Shangri-La tandis que simultanément crépitaient un millier de flashs. Bras tendus vers les deux protagonistes, les photographes eux-mêmes ressemblaient à des orants irréels tout à leur dévotion médiatique. La rencontre entre le président taïwanais Ma Ying-jeou et le président chinois Xi Jinping marquait-elle en Asie le début de la résolution de l’un des conflits hérités de la Guerre froide, après la chute de l’Union soviétique, et l’adoption de “l’économie socialiste de marché” par la République populaire de Chine ? S’engageait-on finalement dans la résolution de l’une des trois sources de conflits héritées de la Seconde Guerre mondiale en Asie orientale dans le monde “globalisé” de la deuxième décennie du XXIe siècle puisque le détroit de Formose demeurait une cause de tensions avec la péninsule coréenne et les revendications territoriales en mer de Chine.
La rencontre entre la Chine et Taïwan, une affaire de circonstances ?
Soixante-dix ans plus tôt, en août 1945, Mao Tsé-toung, alors secrétaire général du Parti communiste chinois, était sorti de son repaire de Yan’an pour rallier par avion Chongqing, qui était alors la capitale de la République de Chine en exil et le quartier général du Guomindang de Tchang Kai-sek, alors président du conseil militaire de la défense nationale du gouvernement nationaliste. Ainsi, la rencontre entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping se présentait comme la première rencontre officielle entre les dirigeants des deux côtés du détroit de Formose depuis la fin de la guerre civile chinoise sur le continent, soixante-six ans plus tôt. On pouvait alors se demander avec les journalistes qui avaient été convoqués pour prendre un cliché “historique” le 7 novembre 2015, si cette rencontre augurait de l’épilogue de la guerre civile qui avait opposé Nationalistes et Communistes après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dont l’issue avait abouti à la proclamation de la République populaire de Chine par Mao Tsé-toung sur le continent en 1949, et la fuite des restes de l’armée nationaliste de Tchang Kai-check à Formose pour y poursuivre l’œuvre de la République de Chine.
La rencontre du 7 novembre 2015 entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping avait un précédent, celle du 29 avril 2005 entre le président du Guomindang d’alors, Lien Chan, et le président du Parti communiste chinois, Hu Jintao, à Pékin qui avait marqué le premier échange entre les deux partis politiques chinois depuis la rupture du deuxième front uni chinois en 1927 et la fin de la guerre civile chinoise1.
En l’absence d’un traité de paix, Taïwan et la Chine étaient restés officiellement en guerre jusqu’en 1991.
Le communiqué publié par les deux chefs de parti à l’issue de la rencontre avait déjà fait référence au “Consensus de 1992” qui affirmait l’existence d’une seule Chine comprenant la Chine continentale et Taïwan2. Les opposants taïwanais au Guomindang avaient fait observer à Lien Chan que le leader du Guomindang n’avait pas vocation à parler au nom du peuple taïwanais. De même, à l’issue de la rencontre de l’hôtel Shangri-La en 2015, le professeur de sciences politiques de l’université nationale de Taïwan Tao Yi-feng déclarait : “Ma Ying-jeou a dit à la conférence de presse internationale qu’il s’opposait à « deux Chines », « Une Chine, un Taïwan » et à « l’indépendance de Taïwan », mettant ainsi fondamentalement son veto aux options possibles sur l’avenir de Taïwan. Est-ce ainsi que le président de la République de Chine devrait parler ?”3. Nul doute que l’opinion publique taïwanaise gardait présent à l’esprit, au moment de la rencontre entre Ma et Xi, le Mouvement Tournesol des étudiants (太陽花學運), qui avait débuté le 18 mars 2014 par l’occupation du Yuan législatif taïwanais pour protester contre la proposition d’Accord de libre échange commercial des services entre la République populaire et Taïwan introduite par le Guomindang, sans un examen article par article de cette proposition. Les manifestations de 2014 à Hong Kong en septembre et octobre des militants pro-démocrates qui prirent le nom de révolution des parapluies (雨傘革命), en raison de l’utilisation de parapluies par les manifestants pour se protéger des gaz lacrymogènes, étaient également dans les mémoires taïwanaises avec l’idée que le principe “un pays, deux systèmes” n’était pas viable puisqu’il tournerait nécessairement à l’avantage du Parti communiste chinois quels que fussent les souhaits de l’opinion publique.
La rencontre des anciens ennemis à Singapour présageait-elle le début d’ “une lente reddition” de la République de Chine (Taïwan) que les dirigeants de Pékin considéraient depuis la “Libération” du continent chinois comme une province « renégate”, protégée par “l’ingérence” américaine dans la région ? Simple anecdote, “tache insignifiante sur un écran radar”, gesticulation médiatique destinée à impressionner l’opinion publique taïwanaise dans le contexte d’une campagne présidentielle mal engagée pour le Parti nationaliste du Guomindang le président Ma Ying-jeou en fin de son second mandat cherchait-il simplement à faire remonter les sondages très défavorables à son parti à la veille de l’élection présidentielle taïwanaise du 16 janvier 2016, comme cela avait déjà été le cas lors de sa réélection en 2012 contre Tsai Ing-wen du Parti démocratique progressiste avec six points d’avance sur son adversaire ?
Ou bien, cette rencontre à l’hôtel Shangri-La de Singapour, annoncée trois jours avant sa tenue, entrerait-elle finalement dans l’histoire comme la première tentative sérieuse de la part des anciens belligérants pour réduire les tensions qui les opposaient afin d’aboutir à la normalisation de leurs relations bilatérales ?
De son côté, Xi Xinping pouvait se targuer lui aussi d’être entré dans l’histoire en ayant été le premier président de la République populaire de Chine à avoir serré la main d’un dirigeant du Guomindang, depuis la rencontre de Chongqing entre Mao Tsé-toung et Chiang Kai-sek en 1945. L’emprise de Xi Xinping sur la Chine était telle qu’il pouvait se permettre un tel geste face à toutes les factions du Parti communiste chinois. Le Président chinois montrait aussi, qu’à la différence de ses prédécesseurs, il était capable de prendre à bras le corps les défis internationaux que la Chine devait résoudre dans la région. Rencontrer un dirigeant du Guomindang redonnait à Xi Jinping une certaine légitimité par une mise en abîmes de l’histoire – à ceci près que Ma Jing-jeou n’était plus le président du Guomindang à Taïwan au moment de la rencontre de Singapour. La poignée de main du président Xi échangée avec un dirigeant du Guomindang n’était pas dénuée de calcul politique. Xi aussi avait besoin de réaffirmer sa volonté de puissance à l’intérieur comme à l’extérieur, de redorer son blason en quelque sorte. Certes, il bénéficiait encore de l’aura de popularité qu’il avait acquise grâce à sa lutte massive contre la corruption en Chine, mais il se trouvait maintenant à la tête d’une économie qui marquait des signes de décélération inquiétants liés à la stagnation du marché mondial auquel le développement du pays était encore lié. Pour faire avancer le processus du fonctionnalisme à la chinoise pour gérer les relations entre les deux rivages du détroit de Formose, Ma et Xi savaient que l’occasion d’échanger une poignée de main entre un dirigeant du Guomindang et un dirigeant du Parti communiste chinois ne se représenterait pas de sitôt, si l’on admettait, avec les sondages taïwanais de ce mois de novembre 2015, que la candidate du Parti démocratique progressiste Tsai Ing-wen serait la prochaine présidente taïwanaise.
En tout état de cause, le président Xi Jinping n’avait aucune intention de reconnaître le président taïwanais comme un égal, comme le président d’un État indépendant, mais tout au plus comme le président d’une province chinoise. On se souvient de l’opposition véhémente que la déclaration du président taïwanais Li Teng-hui avait suscitée à Pékin en juillet 1999 lorsqu’il avait affirmé que les échanges entre les deux côtés du détroit de Formose “devaient être fondés sur une relation spéciale d’État à État”. D’autre part, le président Ma Ying-jeou, si malmené par les sondages d’opinion ainsi que son parti, le Guomindang, avait probablement le désir secret d’être retenu par l’histoire comme le dirigeant qui aurait influencé de manière décisive l’avenir de Taïwan en amorçant la normalisation des relations entre les deux rivages du détroit de Formose. Force est de constater qu’une fois pris le cliché de la poignée de main, le président Xi Jinping est resté évasif sur les deux propositions du président Ma Ying-jeou : l’établissement d’un téléphone rouge entre les deux côtés du détroit pour désamorcer les malentendus et éviter les méprises, ainsi qu’une demande pour que Pékin cesse de pointer ses missiles contre Taïwan. On notera qu’à propos des missiles continentaux pointés sur Taïwan, le président taïwanais n’a pas invoqué la protection de la souveraineté de l’île et la sécurité de ses habitants pour qu’ils soient enlevés, mais fort maladroitement, que la présence de ces missiles jouerait en faveur de Tsai Ing-wen, présidente du Parti progressiste démocratique (DPP) et candidate à la présidence de Taïwan lors des élections de janvier 2016.
La rencontre de Singapour dans le contexte des revendications de la République populaire sur les îles Diaoyu/Senkaku en mer de Chine orientale et de la signature de l’accord de pêche signé entre Taïwan et le Japon le 10 avril 2013
Dans le conflit qui avait opposé en mer de Chine orientale Taïwan au Japon et à la République populaire à propos des îles Diaoyu/Senkaku, connues sous le nom d’archipel des Diaoyutai (釣魚台列嶼), ce qui signifie “plateforme de pêche” en chinois, Taïwan avait estimé qu’il était de sa responsabilité de participer à la résolution du différend de manière pacifique dans le respect des principes contenus dans la Charte des Nations unies en tant qu’ancien membre fondateur des Nations unies, la République de Chine (Taiwan). En effet, les deux côtés du détroit de Formose étaient amenés dans ce conflit à invoquer face au Japon la légitimité historique de leurs revendications qui se rejoignaient dans leur antériorité commune, celle de l’Empire de Chine et de la République de Chine qui avait recueilli les fruits de la victoire sur le Japon impérial au nom de l’ensemble de la nation chinoise. Cela avait été rendu possible par l’application des décisions de la conférence du Caire du 22 au 26 novembre 1943 entre Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et le généralissime Tchang Kai-sek qui avait prévu la dépossession du Japon des îles du Pacifique occupées à partir de 1914 et la restitution à la République de Chine des territoires occupés, notamment l’île de Formose et les îles Pescadores. Tout en rappelant son attachement à l’étroite relation que Taïwan entretenait depuis soixante ans avec Tokyo, le gouvernement taïwanais faisait observer que le Japon avait annexé ces îles par la force le 4 janvier 1895, au cours de la guerre sino-japonaise (août 1894-avril 1895). Le président taïwanais énonçait dix points pour revendiquer la souveraineté de la République de Chine (Taïwan) sur les îles Diaoyutai, notamment qu’elles avaient été découvertes puis nommées et utilisées par la Chine des Ming (明朝 1368-1644) avant d’être intégrées au territoire de l’Empire des Qing (清朝 1644-1912).
Selon Wu Xinbo4, directeur du Centre des études américaines à l’université de Fudan à Shanghai, l’origine du conflit sur la souveraineté des îles Diaoyu/Senkaku était liée à la signature du Traité d’Okinawa signé en juin 1971 entre les États-Unis et le Japon5. Cet accord stipulait que les îles Ryukyu revennaient au Japon sans mentionner expressément les îles Senkaku car les États-Unis ne voulaient pas s’impliquer dans une querelle territoriale qui débutait6. La restitution des îles Senkaku au Japon avait été immédiatement dénoncée par la République de Chine (Taïwan), qui avait été suivie par la République populaire de Chine7. En août 1971, les autorités de la République de Chine (Taïwan) ratifiaient la Convention sur le droit de la mer de 1958 et déclaraient que les Senkaku/Diaoyutai faisaient partie intégrante de leur territoire en adoptant le principe du prolongement naturel du plateau continental, revendication qui avait été symbolisée par l’installation d’un drapeau taiwanais sur l’île d’Uotsuri shima/Diaoyu. À Taïwan, une campagne de manifestations avait été lancée par des étudiants, le mouvement Baodiao, auquel participait le jeune Ma Ying-jeou, futur président de la République de Chine (Taïwan). De son côté, le gouvernement de la République populaire exprimait officiellement sa revendication sur les îles Diaoyu en déclarant qu’elles étaient sous la dépendance taïwanaise et qu’elles étaient donc, comme Taïwan, des parties indissociables du territoire chinois8.
Le propriétaire japonais des îles Senkaku, Zenji Koga, revendait par la suite les terrains en sa possession (Uotsuri-jima, Kuba-jima, Kita-kojima et Minami-kojima) à Kunioki Kurihara entre 1972 et 19889. Kunioki Kurihara revendait Kuba-jima à sa sœur Kazuko en 1997, alors que la dernière île Taishō-jima appartenait au gouvernement japonais. À partir de 2002, la famille Kurihara louait trois îles au ministère japonais des Affaires intérieures et des Communications, et la quatrième à l’Agence de défense japonaise. En 1997, Chine et Japon se mettaient d’accord sur une zone de pêche distante de cinquante milles de l’archipel10. En 2008, la République populaire et le Japon s’accordaient sur l’exploitation commune de possibles réserves de pétrole et de gaz dans la zone Chunxiao/Shirakaba, à la limite de leurs zones d’exclusion économique respectives. Mais ils ne mettaient pas cet accord en pratique. Au contraire, à partir de cette date, des navires de l’administration maritime chinoise étaient envoyés sur place11. Le 30 octobre 2010, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, proposait des discussions officielles trilatérales entre les États-Unis, la Chine et le Japon. Le gouvernement chinois rejetait cette proposition, déclarant que la querelle sino-japonaise autour des îles Diaoyu était “une question bilatérale”. La question des îles Senkaku/Diaoyutai était de nouveau évoquée lors d’une visite d’Hillary Clinton en Chine le 4 septembre 201212. En mars 2011, la Chine portait plainte contre le ministère japonais de l’Éducation à cause de manuels scolaires présentant les îles Senkaku comme japonaises13. Le 17 avril 2012, Shintaro Ishihara annonçait vouloir que la préfecture de Tokyo rachète les îles Senkaku14. Une souscription publique était alors lancée au Japon, qui récoltait plus de 1,4 milliard de yens, ce qui témoignait d’un certain appui parmi la population japonaise en faveur de l’acquisition des îles par le gouvernement japonais15. Le 7 juillet 2012, le Premier ministre japonais annonçait que le gouvernement central souhaitait acheter les trois îles Senkaku appartenant à Kunioki Kurihara à la place de la préfecture de Tokyo16. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao réagisait en déclarant : “Les îles Diaoyu sont partie intégrante du territoire chinois. Sur les questions concernant la souveraineté et les territoires, le gouvernement et le peuple chinois ne cèderont jamais un centimètre carré”17. Le 7 septembre 2012, le président taïwanais Ma Ying-jeou réaffirmait la souveraineté de Taïwan sur l’îlot de Pengjia, à 76 miles des îles Diaoyutai. Le 11 septembre 2012, le gouvernement japonais confirmait la décision du Premier ministre de racheter les îles Senkaku. En réponse, Pékin envoyait deux patrouilleurs18. Dans le but d’engager une désescalade entre les trois parties, le président Ma Ying-jeou lança l’idée d’une exploitation conjointe des ressources naturelles des îles19. Cette proposition n’empêchait plusieurs milliers de Chinois de manifester de façon violente le 15 septembre 2012 contre l’ambassade du Japon à Pékin et contre les intérêts japonais à travers la Chine, allant parfois jusqu’à brûler des automobiles japonaises. Le 29 janvier 2013, le Premier minsitre japonais Shinzo Abe annonçait la constitution en trois ans d’une force spéciale de 600 hommes et douze navires pour surveiller et protéger les îles Senkaku, avec dix nouveaux bâtiments de 1 000 tonnes en plus des deux porte-hélicoptères existants20.
Selon les termes de l’accord signé le 10 avril 2013 entre l’Association taïwanaise pour les relations en Asie orientale (Taïwan) et l’Association japonaise pour les échanges (Japon), diverses zones de pêche autour des îles Diaoyu/Senkaku étaient ouvertes aux chalutiers taïwanais hors de la bande des 12 milles marins de la zone d’exclusion maritime. La zone de pêche ainsi définie revenait à Taïwan en copropriété avec le Japon, avec le pouvoir des deux copropriétaires d’expulser les chalutiers continentaux. Pour Tokyo, ce traité avait eu l’avantage d’empêcher une alliance sino-taïwanaise contre lui quant à la propriété des îles Diaoyu/Senkaku. Pour Pékin, cet accord de pêche violait la promesse japonaise de ne reconnaître qu’une seule Chine puisque le Japon traitait avec Taïwan en tant qu’État et non pas en tant que “province chinoise”. C’est pourquoi après cette signature, le président Xi Jinping avait mis en demeure Taïwan de respecter l’égalité des droits entre pêcheurs taïwanais et chinois continentaux dans la zone de pêche concernée. Il avait lancé cette injonction depuis une base navale chinoise sur l’île de Hainan où il était en visite et relancé à cette occasion l’idée de la mise en œuvre du code de bonne conduite en mer de Chine adopté en 2002 par les pays de l’ASEAN mais qui n’avait jamais été appliqué à commencer par la Chine elle-même.
Toutefois, on notera que cet accord n’était pas nécessairement une mauvaise chose pour la République populaire puisqu’il instaurait une gestion bilatérale, sectorielle, locale et momentanée, en se gardant bien d’impliquer une reconnaissance de souveraineté sur ces îles revendiquées par le Japon, la Chine et Taïwan21. Il s’agissait d’une approche “fonctionnaliste” qui proposait un modèle applicable ailleurs en mer de Chine, pour la pêche, le pétrole, ou tout autre partage des richesses marines, organisant un modus vivendi dans l’attente d’un accord politique global et formel.
En août 2013, le gouvernement chinois avait annoncé qu’il refusait de négocier avec le Japon sur la question des îles Diaoyu, estimant que l’offre de pourparlers faite par le Japon n’était “pas sincère”. De son côté, le président des États-Unis, Barack Obama, lors de sa visite au Japon en avril 2014, avait précisé que “L’obligation de notre traité sur la sécurité du Japon est absolue. L’article 5 du traité couvre tous les territoires sous administration japonaise, notamment les îles Senkaku”22. En septembre 2015, le Japon accusait la Chine d’avoir installé sept plateformes de forage dans les eaux contestées rendant caduque l’accord de 200823.
Les revendications chinoises en mer de Chine méridionale
La poignée de main entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping intervenait un mois après que le destroyer américain lanceur de missiles USS Lassen eût navigué à proximité d’un chapelet d’îlots du récif de Subi dans la chaîne des Spratleys pour “tester” la “liberté de navigation” internationale dans les 15 miles nautiques autour des îlots seulement émergés à marée haute que la République populaire de Chine avait surélevés pour les transformer en îles émergées dont elle revendiquait la souveraineté. La rencontre de Singapour entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping avait eu lieu la veille du survol d’autres îlots de la mer de Chine orientale revendiqués par Pékin par deux bombardiers américains B-52, mais aussi avant qu’un autre navire n’effectue quelques jours plus tard une visite de courtoisie dans le port de Shanghai avant des manœuvres communes avec la Marine chinoise. Ces opérations navales et aériennes correspondaient donc à des postures diplomatiques dans le cadre plus large des rapports entre les États-Unis et la Chine. D’un côté, la République populaire de Chine affirmait ses revendications territoriales sur des zones maritimes dont le sous-sol est réputé recéler des gisements abondants de minerais et d’hydrocarbures. De l’autre côté, les États-Unis faisaient “pivoter” face à la Chine une partie de leurs forces dans le Pacifique devenu le centre de gravité du monde, en définissant deux lignes de défense successives constituées par deux chapelets d’îles pour contenir la puissance chinoise.
Les revendications de Pékin sur la mer de Chine méridionale, dont d’autres États riverains de la région (le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Taïwan et Brunei) se disputent la souveraineté, n’étaient pas nouvelles. En effet, la Chine des Han (206 avant J.C.-220 après J.C.) avait découvert les îles de la mer de Chine méridionale et ses pêcheurs en avaient exploité les bancs depuis plusieurs siècles.
En 1974, la République populaire de Chine et le Vietnam du Sud, déjà affaibli par la guerre contre le Vietnam du Nord et le Vietcong du Front national de libération du Sud Viêt Nam, s’étaient affrontés dans les îles Paracel, dont le Vietnam avait finalement perdu le contrôle.
Les revendications taïwanaises se fondent sur les mêmes faits historiques que ceux qui sont invoqués par la Chine continentale et portent donc à la fois sur les Paracels et les Spratleys. D’ailleurs, Taïwan avait occupé l’île de Itu Aba en 1956, et y avait maintenu sa présence militaire en dépit d’attaques philippines en 1977 contre l’île, contre le point le plus élevé de l’archipel des Spratleys et des groupes d’îles voisins. En 1978, la Chine continentale avait repris la plupart de ces îles.
En 1984, Brunei avait établi une zone de pêche exclusive qui incluait les récifs de Mischief, occupés par la Chine à l’est des Spratleys, mais sans les revendiquer de manière officielle.
En 1988, la Chine continentale et le Vietnam s’étaient à nouveau affrontés pour la possession des récifs Johnson dans les Spratleys.
En 1994 et 1995, la République populaire avait commencé la construction de structures sur pilotis sur le récif Mischief dans l’archipel des Spratleys en mer de Chine méridionale.24. Découvert par Henry Spratley en 1791, à 250 km des côtes philippines, ainsi nommé en l’honneur d’un des membres allemand de son équipage, la marine chinoise avait alors profité du fait que son homologue philippine n’était pas en patrouille à cause de la mousson. Le gouvernement philippin avait protesté, mais la Chine avait répondu qu’il s’agissait d’abris de pêcheurs.
En 1999, de nouvelles structures ressemblant fort à des installations militaires avaient été construites à nouveau par la Chine sur le récif de Mischief et les Philippines parlèrent d’ “invasion rampante”25. Toutefois le gouvernement philippin n’osa pas détruire les structures chinoises pour ne pas conduire à une escale des tensions avec la Chine, d’autant que le récif était aussi revendiqué par Taïwan et le Vietnam.
L’ASEAN avait alors été mandaté pour organiser des négociations entre la République populaire et les différents membres de l’organisation qui étaient parties prenantes. Cette démarche avait abouti à l’engagement de s’informer mutuellement sur tout mouvement militaire dans les zones maritimes contestées, et à ne pas édifier de nouvelles constructions sur les archipels. Toutefois, cet accord avait été violé par la Chine et la Malaisie. Alors, la République populaire avait entamé des négociations au sein de l’ASEAN, qui avaient abouti à un accord le 5 mars 2002 et à la signature d’une “Déclaration sur la conduite des parties en mer de Chine méridionale” dans le but d’éviter le recours à la force. En mai 2012, les Philippines avaient accusé la Chine d’avoir envoyé un peu moins d’une centaine de navires braconner dans sa zone d’exclusion maritime du banc de Scarborough26. Puis, le 11 juillet 2012, une frégate chinoise de type 053 Dongguan s’était échouée sur le récif de Mischief et avait provoqué une crise diplomatique entre les deux pays, au terme de laquelle le navire chinois avait finalement été remorqué vers une base navale chinoise27.
À mesure que la marine chinoise et sa flotte de garde-côtes s’accroissaient, la présence chinoise en mer de Chine s’affirmait. Les photos satellite publiées par le Center for Strategic and International Studies montraient en 2015 des péniches chinoises déversant du sable sur des récifs disputés afin de les transformer en îles, ainsi que l’installation de pistes d’atterrissage et de ports capables d’abriter des navires de guerre28. D’un point de vue chinois, la mer de Chine méridionale, surtout depuis le “pivot” et le regain d’intérêt des États-Unis pour la région, constitue une sorte de “bouclier naturel” face aux États-Unis.
Au-delà de l’enjeu régional que la mer de Chine représente pour la Chine elle-même puisqu’il s’agit de l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde qu’empruntent environ 80 % des importations chinoises, cette région constitue un carrefour stratégique pour le commerce international. Un peu moins de la moitié du trafic de marchandises mondial par voie maritime y transite, ainsi que la moitié du transport des hydrocarbures.
La poignée de main échangée entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping était donc intervenue dans le contexte compliqué de la situation en mer de Chine méridionale et de la confrontation entre les États-Unis et la Chine par rapport à la progression chinoise au large des rivages asiatiques du Pacifique. Le sinologue français Jean-Pierre Cabestan29 montrait que la Chine avait quasi partie gagnée. Si la Chine se contentait de “faire le gros dos” face aux initiatives américaines lors du sommet de l’APEC à Manille les 18 et 19 novembre 2015, puis à celui de l’ASEAN à Kuala Lumpur les 21 et 22 novembre 2015, en fustigeant les ambitions chinoises, en offrant un garde côtes aux Philippines et en distribuant des subsides aux États inquiets des intentions chinoises en mer de Chine méridionale, la Chine parvenait tranquillement à ses fins.
En effet, la République populaire avait déjà obtenu des avancées significatives, et n’était nullement prête à reculer. Après la construction des infrastructures en mer de Chine méridionale qui avait abouti en 2015, il restait à la Chine à envoyer le personnel sur place, puis à le rendre opérationnel30.
De la “libération pacifique” de Mao au “Consensus de 1992”
Chaque président de la République populaire de Chine, ou presque, avait proposé une formule pour faire rentrer Taïwan dans le giron de la “grande famille” chinoise. Selon le professeur Chang Wu-ueh de l’Institut des études chinoises de l’université de Tamkang, la politique des dirigeants chinois à l’égard de Taïwan a représenté un indicateur important de leur légitimité politique et de leur héritage historique. Mao Tsé-toung avait prôné la “libération pacifique”, Deng Xiaoping avait proposé “un pays, deux systèmes”, Jiang Zemin “une formule en huit points” à laquelle avait répondu les “six points” de Lee Teng-hui pour reprendre le dialogue avec Taïwan, et Hu Jintao avait concocté une “proposition en six points”.
Au début des années 1990, Taïwan et la Chine recommencèrent à avoir des contacts. Encore fallait-il que les deux parties parviennent à définir leurs statuts respectifs avant de s’engager dans des négociations pragmatiques fondées sur un certain “fonctionnalisme” à la chinoise. Après plusieurs rencontres, il fut décidé en 1992 que “chaque côté utiliserait ses propres énonciations orales pour décrire le principe d’une seule Chine”. Cela avait été la première fois qu’un terrain d’entente avait été trouvé en plus de quarante ans confronté au problème de la définition du principe de l’existence “d’une seule Chine”. Après qu’un consensus se fut dégagé, des pourparlers purent s’engager entre les deux chefs des deux organisations quasi-officielles représentant Taïwan et la République populaire de Chine, Koo Chen-fu et Wang Daohan, lors des contacts bilatéraux à Singapour en 1993.
C’est en 2000 que le secrétaire général du Conseil de la sécurité nationale, Su Chi, décrivit ce processus comme le “Consensus de 1992”. Il faut noter que le “Consensus de 1992” n’a jamais été reconnu par le Parti progressiste démocratique31.
Néanmoins, on peut noter que lorsque Tsai Ing-wen, candidate du Parti progressiste démocratique à l’élection présidentielle taïwanaise de janvier 2016 dirigeait le Conseil des affaires continentales à Taïwan, elle avait elle-même utilisé le “fonctionnalisme” impliqué par le “Consensus de 1992” pour ouvrir trois petits liens directs (en matière de transport, de poste et commerce) entre les îles taïwanaises de Kinmen et de Matsu situées à quelques encablures du contient chinois et les villes chinoises de la province du Fujian32. L’académicien taïwanais de l’Academia Sinica faisait observer au lendemain de la rencontre entre Ma et Xi que tout dépendait de la manière dont on utilisait le “Consensus de 1992” qui repose sur l’idée d’ “une Chine, différentes interprétations” pour résoudre les oppositions frontales en créant un outil au service du “fonctionnalisme” à la chinoise, en gérant des fonctionnalités (échanges d’étudiants, flux touristiques, vols directs, accords commerciaux, etc.) dont on pouvait espérer qu’elles feraient finalement naître les organes capables d’arrimer les deux pays l’un à l’autre.
Une grille de lecture pour les deux Chines
Comment analyser le conflit entre Taïwan et la République populaire de Chine depuis la fin de la Guerre froide à l’aune des trois modèles théoriques des relations internationales que sont le néoréalisme, le néolibéralisme et le constructivisme ? 1) La théorie néoréaliste a tendance à considérer les identités et les préférences des États comme relativement identiques et stables dans le temps. Elle met l’accent sur la manière dont les conditions objectives, telles que la puissance militaire, influent sur les stratégies de la politique étrangère des États. 2) La théorie néolibérale met l’accent sur la diversité et les préférences qu’elle considère comme le produit des types de régimes politiques. Elle soutient que c’est cette diversité qui permet d’expliquer les changements de stratégies dans la politique étrangère des États. 3) La théorie constructiviste se concentre sur l’identité des nations et la nature des États et sur l’impact que celles-ci exercent sur les préférences et les stratégies des États. L’avantage de la théorie constructiviste pour l’analyse des relations entre les deux côtés du détroit de Formose est qu’elle intègre le fait que ces identités peuvent changer et qu’elle met l’accent sur la manière dont les interactions stratégiques internationales entre les politiques étrangères des États peuvent par effet de retour influer sur l’évolution de l’identité de ces États et de ces nations. Selon la théorie constructiviste, les effets de causalité sont simultanés. Ainsi, la nature des États et l’identité des nations influent sur la détermination des objectifs et des stratégies, ainsi que sur les choix des politiques et des stratégiques qui y sont associées. De cela dépendent la stabilité ou le changement de la nature des États et de l’identité des nations. Pour notre part, nous soulignons le rôle que l’approche “fonctionnaliste”, qui a présidé aux débuts de la construction européenne, peut jouer dans la résolution du conflit entre Taïwan et la République populaire dans le cadre d’une analyse constructiviste.
Le constructivisme met en évidence l’identité vague de l’État chinois et comment l’interaction de Taïwan avec les élites communistes de la Chine, est susceptible d’accélérer le développement d’une identité “insulaire” taïwanaise. Ainsi, chaque fois que les élites du Parti communiste chinois ont produit une rhétorique incendiaire sur la question taïwanaise, cette démarche a le plus souvent révélé des luttes factionnaires à l’intérieur du Parti qui était davantage préoccupé par la survie du régime que par les intérêts nationaux de la Chine continentale. À Taïwan la rhétorique continentale incendiaire n’a eu le plus souvent pour effet que d’attiser une identité “insulaire” aboutissant à la volonté de renforcer la capacité de l’île à se défendre face à la croissance économique chinoise et l’augmentation des capacités militaires de la République populaire ne permette à celle-ci de toucher un “dividende militaire” suffisant pour lui permettre de reprendre l’île par la force.
Selon la théorie néoréaliste, le mécanisme primaire qui empêche la guerre et qui assure donc l’intégrité territoriale et la survie des États est l’équilibre de la puissance. Toutefois, l’équilibre de la puissance peut ne pas être suffisant pour empêcher la guerre, pour plusieurs raisons dont la principale est l’incertitude quant à l’évaluation des capacités militaires de l’adversaire. 1) Le conflit entre la Chine et Taïwan a pour origine une opposition entre deux régimes politiques antagonistes qui exercent leur pouvoir sur des populations qui partagent majoritairement une appartenance ethnique et culturelle commune. La théorie néoréaliste ne nous aide guère à analyser ce contexte car selon cette théorie, territoire et ressources constituent des biens souhaitables en soi, qu’ils soient habités par des populations qui partagent plus ou moins les mêmes origines ethniques. On notera, en effet, que, dans le contexte du conflit entre Taïwan et la République populaire, indépendamment des buts à court terme, l’objectif principal de la politique étrangère des deux protagonistes a été de réunir les deux territoires dont les habitants partageaient globalement la même origine ethnique. Cette idée de la réunification de la nation ethnique et culturelle chinoise était partagée conjointement par le gouvernement continental et les élites taïwanaises à l’époque de la domination exclusive du Guomindang à Taïwan, animé par une idéologie “continentale” issue de la Guerre civile chinoise. 2) Pourtant, cette identité de vues proclamée par les deux côtés du détroit de Formose à travers le principe de l’unicité de la nation chinoise ethnique et culturelle, n’empêchait pas la Chine et Taïwan de monter à court terme des opérations militaires offensives pour parvenir à la réunification que les deux parties souhaitaient à long terme. Cette situation a radicalement changé quand Taïwan s’est démocratisé. Dès lors, la réunification des deux rivages du détroit de Formose n’a été considérée sur l’île que comme l’aboutissement d’un processus qui devait s’accomplir de manière pacifique et volontaire. 3) Les démocraties entre elles ont tendance à se percevoir moins comme des menaces les unes pour les autres, qu’elles ne perçoivent les régimes autoritaires comme des menaces potentielles. Le millier de missiles continentaux pointés sur Taïwan depuis la dernière décennie ne peut que renforcer cette impression sur l’île33. Inversement, une évolution démocratique de la Chine continentale rendrait possible un processus de réunification aux yeux de l’opinion publique taïwanaise. Il reste que le Japon, devenu démocratique et allié des États-Unis, s’est contenté de fournir des bases militaires aux Américains, pour défendre les régimes démocratiques de la région. Ce comportement minimaliste du Japon est d’autant plus surprenant en ce qui concerne Taïwan qu’environ deux millions de Taïwanais sont d’origine japonaise. Les mauvais souvenirs de l’occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale avec la prostitution forcée des “femmes de confort” qui fait encore débat aujourd’hui sont encore vivaces parmi les démocraties de la région, qui supporteraient mal, ainsi qu’une partie de l’opinion publique japonaise, un engagement trop marqué des forces nipponnes en Asie orientale, même face aux craintes que peuvent inspirer à certains l’affirmation de la puissance chinoise continentale en mer de Chine. Et par effet de retour, cette méfiance vis-à-vis du Japon influe sur l’équilibre des puissances en Asie orientale. 4) La faiblesse de la théorie néoréaliste tient au fait que tous les facteurs qui contribuent à l’équilibre des puissances ne sont pas équivalents, car de toute évidence certains facteurs qui conduisent à des alliances ou à des conflits sont plus fréquents et durables que d’autres, qu’ils soient dus à l’ethnicité, aux types de régimes politiques, aux souvenirs historiques ou bien qu’ils soient d’une autre nature.
La thèse fondamentale de la théorie néolibérale des relations internationales est que les objectifs des États et des stratégies internationales qu’ils mettent en place sont dans une large mesure déterminés par les types de régimes politiques et la nature des États. L’identité d’un État comprend une “identité civique”, comme la démocratie et les droits individuels, mais aussi une “identité ethnique” fondée sur la composition ethnique de la nation. Les États tentent de réconcilier ces deux types d’identité au sein d’une idéologie légitimiste qui constitue la base de la représentation politique par les élites. Ces idéologies légitimistes s’imposent aux élites de deux manières : ou bien les institutions imposent des contraintes électorales, procédurales ou juridiques, au processus de décisions ; ou bien les élites les intègrent elles-mêmes à des degrés divers à travers des contraintes et des règles qui s’imposent à elles dans leur processus de décision. À cause de l’accent qu’elle met sur le caractère “social” des interactions entre les États, la théorie néolibérale se concentre sur les erreurs de perception des préférences des États comme étant la cause première des conflits. Ces erreurs de perception se résument à deux attitudes que prennent d’un côté les “faucons” et de l’autre les “colombes”. Les “faucons” commentent l’erreur de percevoir comme hostile des États qui ne le sont pas nécessairement. La bévue prophétique des “faucons” se réalise mécaniquement lorsque leurs préparatifs défensifs sont perçus à leur tour par l’autre côté comme une preuve d’agressivité qu’il faut contrer. Et l’on peut penser que face à une politique inspirée par des “colombes”, la réaction de l’État initialement perçu comme hostile eût été plus mitigée. Inversement, les “colombes” perçoivent comme bénins des États qui sont en réalité dangereux, et leur absence de préparation militaire ne fait qu’inviter leur vis-à-vis à les agresser. 1) Pour la République populaire, il est clair que la déclaration ou la reconnaissance de l’indépendance de Taïwan constituerait pour les élites communistes chinoises un affront à la fierté nationale du peuple chinois. La réponse des dirigeants chinois jusqu’alors prudents serait de basculer dans le camp des “faucons” et de considérer sérieusement une option militaire pour appliquer le principe d’ “une seule Chine”34. À l’inverse, si Taïwan optait trop pour le camp des “colombes”, la réaction américaine consisterait alors à mieux armer l’île et à indiquer à la République populaire que son engagement défensif vis-à-vis de la République de Chine demeurerait inchangé dans l’hypothèse où celle-ci déclarerait son indépendance35. 2) La théorie néolibérale des relations internationales a tendance à oublier que les types de régimes politiques, les identités des États et les préférences qui définissent leurs politiques étrangères sont souvent malléables et contingentes. 3) Ainsi, le régime communiste chinois a abandonné depuis 1979 une grande partie des caractéristiques initiales de son idéologie initiale pour embrasser le concept d’une “économie socialiste de marché”. Le régime politique de la République populaire s’est rapproché des modèles de développement des régimes autoritaires de l’Asie orientale. Ce qui reste donc pour légitimer le régime politique de Pékin est plus que jamais la défense des intérêts nationaux chinois et la poursuite de la croissance économique. La tentation d’instrumentaliser ces deux piliers de la légitimité au nom de l’efficacité est grande parmi les élites communistes chinoises dans le but d’assurer la continuité du pouvoir communiste pour préserver la pérennité de l’Empire du Milieu. 4) À Taïwan, la démocratisation a eu pour résultat de donner une voix au 80 % de la majorité “insulaire”, opposée au 20 % de la minorité “continentale”. Cette analyse oppose les descendants de ceux qui sont arrivés avec les armées défaites de Tchang Kai-sek installant le pouvoir du Guomindang à Taïwan à ceux qui ont hérité d’une mentalité “insulaire ». Ces derniers constituent un groupe ethnique possédant une identité spécifique. Ils ne sont pas prêts à renoncer à leur prospérité, à leur liberté et à leur indépendance politique au profit d’un régime nationaliste autoritaire à Pékin. Une enquête sur les comportements politiques à Taïwan menée chaque année au cours des vingt-quatre dernières années par le Centre d’études électorales de l’université nationale Chengchi montre que l’affirmation d’un rapprochement trop marqué avec le gouvernement de Pékin pourrait se retourner dans l’opinion publique taïwanaise contre ses initiateurs. Cette étude demande aux habitants de l’île comment ils s’identifient : comme “Taïwanais”, “Taïwanais et Chinois”, “Chinois”, ou “sans opinion”. Le nombre de ceux qui s’identifiaient comme “Taïwanais” a franchi la barre des 50 % pour la première fois en 2009, et leur nombre n’a cessé de croître depuis lors, pour atteindre 60 % en 2015, soit deux fois plus que ceux qui se définissent comme “Taïwanais et Chinois”. Seulement 3,5 % des personnes interrogées se définissaient comme “chinoises” en 201536. Néanmoins, le débat continue, au sein même du Parti progressiste démocratique de Tsai Ing-wen la candidate à l’élection présidentielle de janvier 2016, pour savoir si le recours à une déclaration d’indépendance serait la manière la plus appropriée pour préserver un minimum d’autonomie en attendant que la possibilité d’une réunification ne représente plus une menace pour le mode de vie des Taïwanais. Il faut ajouter que les investisseurs et les cadres taïwanais qui interagissent avec le continent chinois ont eux aussi fort à perdre dans une confrontation directe avec la République populaire.
Dans la théorie constructiviste des relations internationales, les types de régimes politiques, les identités des États et les préférences stratégiques des États sont constamment remodelés, en partie par le biais de leurs interactions avec les autres États37. Les débats néolibéraux entre « faucons » et “colombes” peuvent être repris dans le cadre du constructivisme. En Chine, le camp des “colombes” pense qu’avec les concessions économiques et le respect du principe d’ “une seule Chine” les élites communistes et l’opinion publique chinoise peuvent se satisfaire du statu quo dans les relations avec Taïwan. Au contraire, le camp des “faucons” pense que de tels choix ne peuvent qu’enhardir les élites chinoises à prendre des risques pour parvenir à une réunification rapide pour défendre à la fois les intérêts nationaux et préserver la continuité du régime communiste. Les heurts qui peuvent avoir lieu en mer de Chine, notamment entre la Chine et le Japon, montrent que l’opinion publique chinoise est prête à se mobiliser autour de l’identité nationale chinoise et à se ranger derrière le régime autoritaire continental en faisant fi des normes et des institutions de type “occidental”. À Taïwan, le débat entre “faucons” et “colombes” porte sur la question de savoir si un engagement fort et un soutien diplomatique affirmé de la part des États-Unis aurait pour effet d’accélérer ou au contraire de retarder l’émergence d’une identité “insulaire” avec sa tendance à vouloir hâter l’indépendance de l’île. Il s’agit dans ce cas de mesurer la plasticité de la notion de nation et de voir comment les caractéristiques propres à l’émergence d’une nation taïwanaise peuvent s’intégrer dans la nation chinoise ethnique et culturelle38.
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La poignée de main de l’hôtel Shangri-La entre Ma Yen-jeou et Xi Jinping est probablement l’occasion de relever l’existence d’un “fonctionnalisme” de fait dans les relations entre les deux côtés du détroit de Formose. Avec l’établissement du “Consensus de 1992”, les deux parties sont parvenues à mettre en place des instances informelles qui règlent leurs affaires bilatérales : une Fondation pour les échanges avec la Chine du côté taïwanais, une Fondation pour les échanges entre les deux côtés du détroit du côté chinois. En dehors du fait que l’on déteste l’existence du Parti progressiste démocratique taïwanais dans l’opinion publique chinoise, l’image de Taïwan demeure largement positive en Chine. Quant à Taïwan, la Chine continentale fait désormais à nouveau partie de l’imaginaire de la population, voire de son environnement familier puisque nombre de Taïwanais y investissent et y travaillent. Le premier vol direct entre la Chine et Taïwan a eu lieu le 4 juillet 2008. Pour les dix premiers mois de l’année 2015, 41,28 % des visiteurs étrangers à Taïwan, soit environ 3,5 millions de personnes, étaient originaires de Chine continentale. À titre de comparaison, les Japonais étaient 1,3 million, les Hongkongais et les personnes originaires de Macao étaient 1,23 million, loin devant les ressortissants américains qui n’étaient que 384 71539. Les flux des étudiants chinois issus des meilleures universités chinoises pour faire leurs études à Taïwan attestent de l’apport taïwanais à la République populaire sur le plan symbolique. Les investissements des firmes chinoises approuvées par la Commission taïwanaise des investissements en 2014 atteignaient 60 millions de dollars américains dans les seuls secteurs immobilier et la production textile à Taïwan, ce qui amenait l’année dernière la totalité des investissements chinois sur l’île à quelque 316 millions de dollars américains. Depuis l’ouverture de Taïwan aux capitaux chinois, le 30 juin 2009, ce sont quelque 1,33 milliard de dollars américains qui ont été injectés dans l’économie taïwanaise. Les investissements taïwanais en Chine pour l’année écoulée, d’octobre 2014 à octobre 2015, représentaient quelque 8,72 millions de dollars américains40. Taïwan, qui s’était transformé en un point nodal des technologies de l’information dans les années 1980, doit réorienter son développement économique en résistant aux pressions des grandes firmes chinoises du secteur avec lesquelles ses propres firmes seront à la recherche de synergies41. À la poignée de main médiatique a succédé un retour à la diplomatie informelle de Taïwan puisque la République populaire empêche toute représentation au niveau étatique. Ainsi, par exemple, lors de la conférence de l’APEC à Manille, le président taïwanais est représenté par un envoyé qui assiste à la conférence en son nom. Il peut y faire adopter des propositions, mais l’intention de Taïwan de participer à l’organisation de libre-échange du Partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership) lancé par Washington, ou au projet d’organisation de libre-échange du Partenariat économique régional intégral (Regional Comprehensive Economic Partnership) lancé par Pékin dépend largement d’une négociation avec le président chinois qui peut favoriser ou compliquer la démarche taïwanaise42. Enfin, on peut penser que la mise en œuvre de l’accord commercial sur les services et l’accord commercial sur les marchandises négociés entre les élites communistes et celles du Guomindang mais bloqués par le mouvement Tournesol des étudiants taïwanais est un prérequis à la poursuite de l’approfondissement “fonctionnel” entre les deux parties.
Dominique Maillard, maître de conférences à l’Université de Paris Est-Créteil
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(1) L’Obs, 2 mai 2005.
(2) Voir Françoise Mengin, “Fragments d’une guerre inachevée : les entrepreneurs taiwanais et la partition de la Chine”, Paris : Karthala éditions, 2013 ; J. Bruce Jacobs, “Democratizing Taiwan”, BRILL, 2012, pp. 380-382 ; Caroline Hong, “Lien, Hu share « vision » for peace”, Taipei Times, 30 avril 2005.
(3) Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, “Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ?”, The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6.
(4) Point de vue de Wu Sinbo, directeur du Centre d’études américaines publié en chinois dans le New York Times, 25 avril 2014.
(5) John W. Finney, “Senate Endorses Okinawa Treaty : Votes 84 to 6 for Island’s Return to Japan”, New York Times, le 11 novembre 1971 ; Congressional Research Service Report 96-798, le 30 septembre 1996.
(6) “Japan failed to win mention of Senkakus”, Asahi Shinbun, le 24 décembre 2010.
(7) Brice Pedroletti, “La Chine entend détrôner la puissance navale du Japon”, interview de Jean-Pierre Cabestan, Le Monde, le 23 septembre 2010.
(8) Voir Sébastien Colin, “La Chine et ses frontières”, Armand Colin, le 9 novembre 2011.
(9) Takahiko Hyuga, “Owner of Islands Claimed by China to Talk Price With Tokyo”, Bloomberg, le 18 avril 2012 ; “Main battle over Senkaku isles waged between Ishihara Noda”, Asahi Shimbun, le 3 septembre 2012.
(10) Brice Pedroletti, “La Chine entend détrôner la puissance navale du Japon”, interview de Jean-Pierre Cabestan, Le Monde, le 23 septembre 2010.
(11) François Bougon, “Campagne de relations publiques pour le Japon d’Abe”, Le Monde, le 4 juillet 2014.
(12) “Hillary Clinton attendue sur la question des conflits territoriaux en mer de Chine”, RFI, le 4 septembre 2012.
(13) Éléonore Dupond, “La Chine en colère contre le Japon”, Aujourd’hui le Japon, le 1er avril 2011.
(14) “Le Japon veut racheter des îles inhabitées”, Le Figaro, le 17 avril 2012.
(15) M. Aoki, Ishihara offer of Senkaku donations in return for shelter apparently spurned, The Japan Times, le 1er septembre 2012 ; C. Kessler, Iles Senkaku/Diaoyu, aux origines du conflit sino-japonais, Planète Asie, le 25 septembre 2012.
(16) Igor Gauquelin, “Mers de Chine (3/3) : les Senkaku/Diaoyu, d’un détroit à l’autre”, Asialyst, 9 octobre 2015, https://asialyst.com/fr/2015/10/09/mers-de-chine-33-les-senkaku-diaoyu-histoire-en-marche/
(17) “Pékin ne cédera jamais un centimètre carré des îles réclamées par Tokyo”, AFP par Google News, le 10 septembre 2012.
(18) Philippe Mesmer, Brice Pedroletti, “La Chine indignée par la nationalisation des îles Senkaku par le Japon”, Le Monde, le 12 septembre 2012.
(19) “Mer de Chine : Taïwan veut amorcer une détente”, RFI, le 8 septembre 2012.
(20) “Tokyo va créer une force navale chargée de défendre les Senkaku”, Le Monde, le 29 janvier 2013.
(21) Vent de la Chine n° 14, le 12 avril 2013. https://www.leventdelachine.com/blog/posts/chine-diaoyu-senkaku-audacieuse-peche-sino-taiwanaise-201304
(22) Régis Arnaud, “Barack Obama rassure son allié japonais face à Pékin”, Le Figaro.fr, le 24 avril 2014.
(23) Igor Gauquelin, “Mers de Chine(3/3) : les Senkaku/Diaoyu, d’un détroit à l’autre”, Asialyst, 9 octobre 2015, https://asialyst.com/fr/2015/10/09/mers-de-chine-33-les-senkaku-diaoyu-histoire-en-marche/
(24) Voir Ian Storey, Herbert Yee, “The China threat : Perceptions and myths”, Routledge, 2004.
(25) Terry McCarthy, “Reef Wars”, Time Asia, Puerto Princessa, Palawan, vol. 153, n°9, 8 mars 1999.
(26) https://www.theguardian.com/world/2012/may/23/philippines-china-ships-scarborough-shoal
(27) https://www.theguardian.com/world/2012/jul/13/chinese-frigate-runs-aground-sea
(28) Voir Derek Watkins, “What China Has Been Building in The South China Sea”, The New York Times, le 31 juillet 2015 ; “La Chine construit une île artificielle dans une zone disputée”, Courrier international, 12 avril 2015, https://www.courrierinternational.com/video/la-chine-construit-une-ile-artificielle-dans-une-zone-disputee ; “The South China Sea. Sea of troubles. A disputed sea is a growing security nightmare and increasingly an ecological one”, “The South China Sea. Making waves. China tries to strengthen its hand in a dangerous dispute”, The Economist, le 2 mai 2015.
(29) Jean-Pierre Cabestan, “La politique internationale de la Chine”, Paris, les Presses de Sciences Po, 2015.
(30) Michel de Grandi, “L’Asean, otage de la Chine et des États-Unis”, Les Echos, mardi 24 novembre 2015, p. 9.
(31) Source : communiqués de presse du Conseil des affaires continentales. “20 ans d’indécisions dans les relations entre les deux côtés du détroit de Formose”.
(32) Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, “Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ?”, The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6.
(33) “For Taiwan, the biggest « terror » may be mainland”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 4.
(34) Yang Jin, “New Government, New Playing Field”, Taipei Review, août 2000 ; Shui-bian, Taiwan Stands Up Advancing to an Uplifting Era. Inauguration Speech by 10th – Term Republic of China Chen Shui-bian (Taipei Government Information Office, 2000), p. 16.
(35) Aaron Friedberg, “Will We Abandon Taiwan ?”, Commentary, mai 2000, pp. 31-35.
(36) Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, “Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ?”, The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6.
(37) Voir Raymond Aron, “Guerre et paix entre les nations”, 8e éd., 1984, Paris, Calmann-Lévy ; Perennes, 2004 ; Peter J. Katzenstein, dir., “The Culture of National Security. Norms and Identity in World Policies”, New York Columbia, University Press, 1996.
(38) Benedict Anderson, Imagined Communities ; Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (Londres : Verso, 1991) ; Walker Connor, Ethnonationalism. The Quest for Understanding (Princeton: Princeton University Press, 1994), Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Oxford: Blackwell, 1983); Anthony Smith, The Ethnic Origins of Nations (Oxford : Blackwell, 1986).
(39) “ROC poised to welcome 10 millionth visitor of 2015 : tourism bureau”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 5.
(40) “Approved China investments down over 50%”, The China Post, dimanche 22 novembre 2015.
(41) “Taiwan needs a new direction for economic development”, The China Post, samedi 14 novembre 2015, p. 4.
(42) “Siew hopes Taiwan’s president can one day attend APEC summit”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 1.
- L’Obs, 2 mai 2005. ↩
- Voir Françoise Mengin, « Fragments d’une guerre inachevée : les entrepreneurs taiwanais et la partition de la Chine », Paris : Karthala éditions, 2013 ; J. Bruce Jacobs, « Democratizing Taiwan », BRILL, 2012, pp. 380-382 ; Caroline Hong, « Lien, Hu share « vision » for peace », Taipei Times, 30 avril 2005. ↩
- Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, « Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ? », The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6. ↩
- Point de vue de Wu Sinbo, directeur du Centre d’études américaines publié en chinois dans le New York Times, 25 avril 2014. ↩
- John W. Finney, “Senate Endorses Okinawa Treaty : Votes 84 to 6 for Island’s Return to Japan”, New York Times, le 11 novembre 1971 ; Congressional Research Service Report 96-798, le 30 septembre 1996. ↩
- “Japan failed to win mention of Senkakus”, Asahi Shinbun, le 24 décembre 2010. ↩
- Brice Pedroletti, “La Chine entend détrôner la puissance navale du Japon”, interview de Jean-Pierre Cabestan, Le Monde, le 23 septembre 2010. ↩
- Voir Sébastien Colin, “La Chine et ses frontières”, Armand Colin, le 9 novembre 2011. ↩
- Takahiko Hyuga, “Owner of Islands Claimed by China to Talk Price With Tokyo”, Bloomberg, le 18 avril 2012 ; “Main battle over Senkaku isles waged between Ishihara Noda”, Asahi Shimbun, le 3 septembre 2012. ↩
- Brice Pedroletti, “La Chine entend détrôner la puissance navale du Japon”, interview de Jean-Pierre Cabestan, Le Monde, le 23 septembre ↩
- François Bougon, “Campagne de relations publiques pour le Japon d’Abe”, Le Monde, le 4 juillet 2014. ↩
- “Hillary Clinton attendue sur la question des conflits territoriaux en mer de Chine”, RFI, le 4 septembre 2012. ↩
- Éléonore Dupond, “La Chine en colère contre le Japon”, Aujourd’hui le Japon, le 1er avril 2011. ↩
- “Le Japon veut racheter des îles inhabitées”, Le Figaro, le 17 avril ↩
- M. Aoki, Ishihara offer of Senkaku donations in return for shelter apparently spurned, The Japan Times, le 1er septembre 2012 ; C. Kessler, Iles Senkaku/Diaoyu, aux origines du conflit sino-japonais, Planète Asie, le 25 septembre 2012. ↩
- Igor Gauquelin, “Mers de Chine (3/3) : les Senkaku/Diaoyu, d’un détroit à l’autre”, Asialyst, 9 octobre 2015, https://asialyst.com/fr/2015/10/09/mers-de-chine-33-les-senkaku-diaoyu-histoire-en-marche/ ↩
- “Pékin ne cédera jamais un centimètre carré des îles réclamées par Tokyo”, AFP par Google News, le 10 septembre 2012. ↩
- Philippe Mesmer, Brice Pedroletti, “La Chine indignée par la nationalisation des îles Senkaku par le Japon”, Le Monde, le 12 septembre 2012. ↩
- “Mer de Chine : Taïwan veut amorcer une détente”, RFI, le 8 septembre 2012. ↩
- “Tokyo va créer une force navale chargée de défendre les Senkaku”, Le Monde, le 29 janvier 2013. ↩
- Vent de la Chine n° 14, le 12 avril 2013. https://www.leventdelachine.com/blog/posts/chine-diaoyu-senkaku-audacieuse-peche-sino-taiwanaise-201304 ↩
- Régis Arnaud, “Barack Obama rassure son allié japonais face à Pékin”, Le Figaro.fr, le 24 avril 2014. ↩
- Igor Gauquelin, “Mers de Chine(3/3) : les Senkaku/Diaoyu, d’un détroit à l’autre”, Asialyst, 9 octobre 2015, https://asialyst.com/fr/2015/10/09/mers-de-chine-33-les-senkaku-diaoyu-histoire-en-marche/ ↩
- Voir Ian Storey, Herbert Yee, “The China threat : Perceptions and myths”, Routledge, 2004. ↩
- Terry McCarthy, “Reef Wars”, Time Asia, Puerto Princessa, Palawan, vol. 153, n°9, 8 mars 1999. ↩
- La longue élaboration du concept d’énergie – Roger Balian – mars 2013 – Académie des Sciences. ↩
- La longue élaboration du concept d’énergie – Roger Balian – mars 2013 – Académie des Sciences. ↩
- Voir Derek Watkins, “What China Has Been Building in The South China Sea”, The New York Times, le 31 juillet 2015 ; “La Chine construit une île artificielle dans une zone disputée”, Courrier international, 12 avril 2015, https://www.courrierinternational.com/video/la-chine-construit-une-ile-artificielle-dans-une-zone-disputee ; “The South China Sea. Sea of troubles. A disputed sea is a growing security nightmare and increasingly an ecological one”, “The South China Sea. Making waves. China tries to strengthen its hand in a dangerous dispute”, The Economist, le 2 mai 2015. ↩
- Jean-Pierre Cabestan, “La politique internationale de la Chine”, Paris, les Presses de Sciences Po, 2015. ↩
- Michel de Grandi, “L’Asean, otage de la Chine et des États-Unis”, Les Echos, mardi 24 novembre 2015, p. 9. ↩
- Source : communiqués de presse du Conseil des affaires continentales. “20 ans d’indécisions dans les relations entre les deux côtés du détroit de Formose”. ↩
- Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, “Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ?”, The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6. ↩
- “For Taiwan, the biggest « terror » may be mainland”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 4. ↩
- Yang Jin, “New Government, New Playing Field”, Taipei Review, août 2000 ; Shui-bian, Taiwan Stands Up Advancing to an Uplifting Era. Inauguration Speech by 10th – Term Republic of China Chen Shui-bian (Taipei Government Information Office, 2000), p. 16. ↩
- Aaron Friedberg, “Will We Abandon Taiwan ?”, Commentary, mai 2000, pp. 31-35. ↩
- Meng-Hsien Lee, Yi-Shan Chen et Kuo-Chen Lu, “Is the Ma-Xi meeting a valuable step in cross-Taiwan Strait relations or just blip on the radar ?”, The China Post, lundi 16 novembre 2015, pp. 5-6. ↩
- Voir Raymond Aron, “Guerre et paix entre les nations”, 8e éd., 1984, Paris, Calmann-Lévy ; Perennes, 2004 ; Peter J. Katzenstein, dir., “The Culture of National Security. Norms and Identity in World Policies”, New York Columbia, University Press, 1996. ↩
- Benedict Anderson, Imagined Communities ; Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (Londres : Verso, 1991) ; Walker Connor, Ethnonationalism. The Quest for Understanding (Princeton: Princeton University Press, 1994), Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Oxford: Blackwell, 1983); Anthony Smith, The Ethnic Origins of Nations (Oxford : Blackwell, 1986). ↩
- “ROC poised to welcome 10 millionth visitor of 2015 : tourism bureau”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 5. ↩
- “Approved China investments down over 50%”, The China Post, dimanche 22 novembre 2015. ↩
- “Taiwan needs a new direction for economic development”, The China Post, samedi 14 novembre 2015, p. 4. ↩
- “Siew hopes Taiwan’s president can one day attend APEC summit”, The China Post, samedi 21 novembre 2015, p. 1. ↩