La crise de l’eau à Téhéran s’accompagne des avertissements les plus alarmants. La situation est si critique que même les autorités du régime et les médias d’État ont été contraintes de reconnaître une partie de cette méga-crise.
Les médias officiels, dans leurs titres, tentent de refléter l’ampleur du problème :
« Un danger imminent pour les habitants de Téhéran » (Khabar Online)
« La pénurie d’eau à Téhéran est grave » (Fararu)
« La situation de l’eau à Téhéran est passée au rouge » (Shargh)
« Téhéran au bord de la sécheresse » (Etemad)
Mais la réalité dépasse largement ces avertissements.
Aveux des autorités du régime
Le dimanche 9 mars, Mousavi Khonsari, vice-ministre de l’Énergie, a fait une déclaration inhabituelle : « La plus grande crise à laquelle Téhéran est confrontée est celle de l’eau. La circulation et la pollution de l’air peuvent être résolues, mais la crise de l’eau est un problème complexe qui n’a pas de solution facile ».
Il a expliqué que près de 20 millions de personnes à Téhéran et dans ses environs dépendent des barrages de Latian, Karaj, Lar et Taleghan. Or, la forte diminution des réserves d’eau de ces barrages a créé une situation alarmante. Il a mis en garde contre un déséquilibre majeur et des coupures d’eau généralisées dès cet été si cette tendance se poursuit.
De son côté, Issa Bozorgzadeh, porte-parole du secteur de l’eau, a confirmé que si la situation perdure, les ressources en eau de surface de Téhéran seront entièrement perdues.
Des chiffres alarmants
Les images du barrage de Latian montrent qu’il s’est pratiquement transformé en une rivière étroite serpentant dans un lit de barrage asséché. Selon le site-web officiel Entekhab (9 mars), seuls 9 % de la capacité totale du barrage de Latian sont remplis, tandis que 91 % sont à sec. La situation du barrage de Karaj est encore plus critique. Les photos publiées montrent un niveau d’eau réduit au strict minimum, faisant de ce barrage une coquille presque vide. Le journal officiel Etemad admet même : « Le barrage de Karaj est sur le point de s’assécher complètement «
Un autre responsable du secteur des ressources en eau de la province d’Alborz a averti :
« Le barrage de Karaj contient actuellement 55 % d’eau en moins par rapport à l’an dernier ».
Cette baisse drastique constitue une alerte majeure pour une capitale de 15 millions d’habitants, dépourvue de sources d’eau alternatives.
Conséquences sécuritaires de la crise de l’eau : la menace des affaissements de terrain
Mohammad Pirhadi, membre du conseil municipal de Téhéran, a alerté sur l’ampleur de cette crise et révélé l’envoi d’une lettre confidentielle aux chefs des trois pouvoirs du régime. Il a précisé que la pénurie d’eau n’est pas la seule menace : les affaissements de terrain sont également devenus un péril majeur.
La densité de la population de Téhéran est 19 fois supérieure à la moyenne nationale. Cette concentration extrême, couplée à la baisse du niveau des eaux souterraines, accroît considérablement le risque d’effondrements massifs. Toutefois, les dirigeants du régime ne sont pas dupes face à cette crise. Ils savent que la crise de l’eau ne représente pas seulement un défi environnemental, mais également une menace existentielle pour la survie du régime. Le site gouvernemental Asr-e Iran l’a d’ailleurs résumé sous un titre évocateur :
« Une bombe à retardement en Iran ! »
Crise de l’eau : une menace bien plus grande qu’une simple sécheresse
La crise de l’eau à Téhéran n’est pas un phénomène naturel isolé.
Elle résulte d’une mauvaise gestion, d’une surexploitation des ressources et d’une ignorance persistante face aux avertissements des experts.
Conséquences majeures de la crise de l’eau à Téhéran :
Risque accru de coupures d’eau massives cet été ;
Augmentation des affaissements de terrain et dégradations des infrastructures ;
Explosion des tensions sociales et risque de soulèvements populaires.
Alors que les infrastructures hydrauliques de Téhéran sont au bord de l’effondrement, les autorités du régime persistent à cacher la vérité et à considérer cette crise sous un prisme strictement sécuritaire. Pourtant, le temps pour agir et prévenir le pire est en train de s’épuiser.
Il y a quelques années, un journaliste français, en reportage en Iran, a décrit la crise de l’eau comme une véritable bombe à retardement. “Le régime de Téhéran pourra-t-il survivre à l’été 2025 sans un soulèvement majeur dans la capitale ? «
Hamid Enayat