« Vandales », ainsi étaient qualifiés les tribus germaniques qui déferlaient sur l’Europe et qui mirent fin à l’Empire romain au Vème siècle, de l’ère chrétienne. Elles détruisaient tout sur leur passage.
François Heisbourg, dans son dernier livre, « le suicide de l’Amérique » qualifie ainsi les prédateurs que sont Vladimir Poutine et Donald Trump auxquels on peut ajouter Benyamin Netanyahou.
Le dictateur russe a enflammé l’Europe avec la guerre en Ukraine, le « Néron » américain enflamme l’économie mondiale avec ses tarifs douaniers et le « David « israélien enflamme le monde arabe avec la tragédie de Gaza.
Ces trois septuagénaires ont, avec sauvagerie militaire et politique, bouleversé notre monde, celui des règles et des procédures, celui de la primauté du droit international pour y imposer la force comme unique socle des relations internationales.
En l’an 2000, nous étions entrés dans le monde nouveau, mais peu aurait prévu qu’il devienne une régression de l’ancien monde.
Le paradoxe c’est qu’à l’analyse, leur vandalisme ne leur a pas apporté les résultats escomptés.
En envahissant l’Ukraine, Poutine, au lieu d’affaiblir l’OTAN, en mort cérébrale, suivant la juste définition du Président Macron l’a ressuscité ! Alliance Etats-Unis-Europe renforcée, soutien militaire et financier à Zélensky, élargissement de la structure otanienne à la Suède et à la Finlande, budget militaire des pays membre de l’OTAN portés à 2,5% et même à 5% de leur PIB en 2030 et, in fine, affaiblissement de l’économie russe sont les résultats stratégiques catastrophiques de son aventure ukrainienne.
Beaucoup sont désormais convaincus qu’il faut faire peur à Poutine pour que sa peur soit supérieure à son avidité de territoire.
Quant à Trump, s’il fait rentrer des milliards dans les caisses du trésor américain avec ses tarifs douaniers, il renforce l’isolationnisme de l’Amérique, la détestation de 80% des habitants de notre planète, la déconstruction de sa démocratie et la perte du leardership moral du « monde libre ».
Avec Netanyahou, on est dans « la guerre plutôt que les procès ». Pour s’éviter la justice, il a choisi la « tuerie de masse » et la famine et pour quels résultats : l’échec de Tsahal qui, au bout de 22 mois de guerre n’a toujours pas éradiqué le Hamas (même si ce mouvement terroriste a subi de très lourdes pertes) ni libéré les otages. Enfin il a mondialisé la cause palestinienne et pire, il a transformé Israël en « paria » de la scène internationale.
Ces trois hommes ont en commun une volonté de destruction, un mépris des institutions et de la vie humaine.
Oui, n’en doutons pas, ce sont des vandales !
En 1914, « l’Europe signa son suicide politique et démographique à Sarajevo » comme le relatait récemment Renaud Girard dans une de ses chroniques et naquit ainsi l’Empire américain.
Rien ne dit que la prochaine décennie, marquée par le révisionnisme russe et la révolution MAGA, ne conduise pas à un suicide commun.
Dès lors, quel rôle pour l’Union européenne face à ces « vandales » ?
Face aux Etats-Unis, elle doit se « désaméricaniser », et construire une troisième voie, héritière civilisationnelle des valeurs du « monde libre ».
Face à la Russie, elle doit se réarmer et se « nucléariser » collectivement avec la Grande-Bretagne.
Face à Netanyahou, elle doit réussir à imposer la création d’un État palestinien tout en assurant les garanties de la sécurité d’Israël.
La difficulté présente réside dans le fait que Poutine et Netanyahou sont en « danger de paix », l’arrêt de la guerre impliquant pour chacun d’eux la confrontation avec la justice internationale et pour le Premier Ministre israélien, en prime, avec la justice de son pays.
Michel SCARBONCHI
Ancien député européen
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