Le retour à la réalité risque d’être brutal pour un chef d’État qui voulait une trêve olympique au sein de l’arène politique. Après les festivités sportives, la politique reprendra pleinement ses droits. Au lendemain du 11 août, la France sera toujours dirigée par un gouvernement démissionnaire chargé d’expédier des affaires “courantes”.
Après sa dissolution insensée et incongrue, le président de la république ne pourra plus procrastiner. L’heure du choix est arrivée. Les regards seront donc braqués dès lundi vers celui qui dispose du pouvoir de nomination du premier ministre conformément à l’article 8 de la constitution. Avec une Assemblée nationale constituée de trois blocs minoritaires, la tâche s’annonce rude pour Emmanuel Macron. Pour sortir de cette quadrature du cercle, le président de la république s’accroche toujours à cette chimérique coalition du bloc central allant de la droite “républicaine” à la “gauche sociale démocrate”. C’est une véritable obsession pour ce chef de l’Etat déterminé à faire vivre une vision obsolète depuis le début de son second mandat.
“Le Macronisme est fini!” avait sévèrement tranché l’ancien député de Paris, Gilles Le Gendre.
Par sa dissolution, le président de la république met rude épreuve la Ve république. Une faute majeure pour celui qui est censé être le garant des institutions. Toutefois, il n’est pas trop tard pour réparer le mal. La France reste certes un régime parlementaire mais bien distinct de ceux des voisins. Dans l’hexagone, on ne fait pas campagne pour être premier ministre car le président de la république est libre de nommer la personne qu’il souhaite en fonction de la coloration politique qui se dégage de l’Assemblée Nationale.
Le Nouveau Front Populaire est certes arrivé en tête des élections législatives mais il ne dispose pas de majorité stable pour gouverner. La démarche de compromis entamée par leur candidate à Matignon, Lucie Castet, a déjà fait l’objet d’une fin de non-recevoir. Les deux autres blocs de l’hémicycle ont réaffirmé leur volonté de censurer tout gouvernement appliquant le programme du NFP. A gauche donc pas d’issue. Le bloc central mené par le groupe “Ensemble pour la république” souhaite à travers son “pacte d’action” toper avec les députés de la “Droite républicaine” et les députés du groupe LIOT.
Du côté des troupes de Laurent Wauquiez, la consigne est claire: pas de gouvernement de coalition avec la majorité présidentielle sortante. L’hypothèse d’une nomination de Xavier Bertrand à Matignon ne pourra pas également faciliter les choses. Ce profil gaulliste-social peut etre certes intérressant pour un président de la république qui souhaite marcher sur ses deux jambes mais inéfficace dans les faits car celui-ci serait incapable de dégager une majorité solide au palais bourbon. Le président des députés de la Droite Républicaine et le président de la région des Hauts-de-France présentent deux droites irréconciliables.
Pis, Laurent Wauquiez ne comptera pas faire de cadeau à un sérieux prétendant pour 2027.
Les troupes de Marine Le Pen représentant le premier groupe à l’Assemblée nationale mais exclues du champ des possibles car banni de l’arc républicain ne peuvent qu’assister à ce triste spectacle en attendant la prochaine dissolution ou une élection présidentielle précipitée en cas de démission d’Emmanuel Macron.
Le Macronisme dans sa chute a voulu emporter la stabilité que nous offrait l’héritage de l’homme du 18 juin. Rien n’est perdu.
Le pays est plus que jamais à droite.
Après avoir plongé la France dans le vide sans parachute, le président de la république devra désormais se soumettre à la vie parlementaire au risque de se démettre.