Confronté à une chute inquiétante dans les intentions de vote à la présidentielle, Édouard Philippe lance une proposition choc dans le débat budgétaire pour faire oublier ses récentes attaques contre le président de la République.
Edouard Philippe n’y va pas par quatre chemins ! L’ancien Premier ministre ne propose rien moins qu’un « deal fiscal » à 50 milliards d’euros par an, soit 250 milliards sur la durée du quinquennat. Il baisserait de 50 milliards les impôts de production contre 50 milliards de baisse d’aides publiques. Aux entreprises, aux Français et à l’État de toper dans le cadre de l’élection présidentielle.
Bien sûr, Édouard Philippe n’entre pas dans le détail des aides et des impôts qui seraient supprimés. Pourtant sa démarche est intéressante dans la mesure où il ne s’agit pas de mesures fiscales ponctuelles et sans cohérence, comme celles qui s’additionnent actuellement à l’Assemblée. L’approche d’Édouard Philippe se veut plus structurelle sous la forme d’un slogan adressé aux entreprises pour lesquelles il s’agit de « produire plus pour gagner plus », tandis que pour l’État, « c’est aider moins pour dépenser moins. » C’est aussi simple et prometteur que le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy de la campagne présidentielle de 2007.
Pourquoi le Havrais s’est-il résolu à dévoiler une mesure choc du programme « massif » qu’il n’entendait dévoiler que lors de sa campagne présidentielle ? Parce que ses propos en faveur d’une démission programmée du président de la République lui ont faire perdre son avance dans les sondages présidentiels. Son électorat est sans doute plus attaché à la fonction présidentielle qu’il le pensait. Et puis l’ingratitude ne charme pas les foules, même celles qui en veulent à Emmanuel Macron. Les Français s’autorisent à dire grand mal de leur président mais ils n’aiment pas que ceux qui l’ont soutenu clament haut et fort les mêmes sentiments. Un Premier ministre devenu populaire par son respect de la hiérarchie au sein de l’exécutif, pour son calme, son humilité et sa sincérité durant la crise sanitaire ne peut se permettre de tordre le bras du chef de l’État en prétendant le forcer à se démettre de sa fonction institutionnelle par simple calcul politique personnel.
Dans son texte publié sur Linkedin, Édouard Philippe ne renie pas son engagement passé auprès d’Emmanuel Macron. « J’assume totalement la politique de l’offre quand elle n’est pas la politique des chèques. Entre 2017 et 2020, avec le Président de la République et la majorité de l’époque, nous avons soutenu massivement les entreprises tout en limitant la dépense publique et en réduisant le déficit et le chômage » souligne-t-il, en recourant à un « nous » qui ne vaut pas réconciliation mais qui contredit un peu le mauvais « je ne lui dois rien » malencontreusement prononcé sur le plateau du 20h en octobre. Comme si Édouard Philippe avait oublié qu’il devait beaucoup à Emmanuel Macron, à commencer par sa nomination à Matignon et par là-même son ticket d’entrée dans le club des présidentiables.
Par cette main tendue aux chefs d’entreprise et le rappel de son action passée à Matignon, Édouard Philippe tente de retrouver la posture politique qui était la sienne avant d’appeler à la démission du président de la République. Mais il n’est pas certain que l’impatience égocentrée dont il a fait preuve soit oubliée de sitôt par les électeurs.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste


















