Depuis que le président de la République a annoncé qu’il demanderait aux Français de « trancher certains sujets déterminants », ses proches confortent la thèse d’un référendum organisé dès 2025. Les Français sont favorables au principe. Mais cette adhésion ne garantit pas le succès de l’opération pour le président.
La technique est asse bien rodée. Le président de la République lance une piste dans un discours, et ses proches nourrissent le débat si le ballon d’essai est réussi, ou bien le ferment dans le cas inverse. Lors de ses vœux le 31 janvier dernier, Emmanuel Macron a clairement annoncé sa volonté de « demander aux Français de trancher certains sujets déterminants », sans prononcer le mot de « référendum ». Il gardait deux cartes en main, celle du référendum mais aussi celle de la Convention citoyenne, exercice déjà expérimenté sur le climat et la fin de vie. Mais le débat politique est ainsi fait qu’un mot, même s’il n’est pas prononcé, peut être entendu par le pays tout entier. Et ce qui filtre de l’Élysée, ce sont surtout des réflexions d’Emmanuel Macron sur l’hypothèse d’un ou plusieurs référendums.
Les résultats de l’enquête IPSOS-La Tribune semblent donner raison au président de la République. Quand il leur est demandé s’ils veulent prendre la parole, alors qu’ils se défient de plus en plus des responsables politiques, 88 % des Français ne refusent pas d’avoir voix au chapitre. De ce point de vue, ils approuvent la démarche présidentielle. Mais l’enjeu d’un référendum n’est pas de l’organiser, encore faut-il que la question posée corresponde aux attentes des Français. Et là, tout se complique.
Le sujet lui-même peut diviser le pays : 84 % des Français sont favorables à un référendum sur la fin de vie mais pas forcément pour défendre les mêmes convictions. Mais surtout, le simple fait de soumettre un débat à référendum suppose inévitablement de hiérarchiser les thèmes qui seraient ou non soumis à l’approbation des Français. Le président envisagerait de poser une question sur l’interdiction des réseaux sociaux aux mineurs de moins de quinze ans. Quelle serait alors la réaction de ceux qui jugent plus urgent un référendum sur la dégradation des finances publiques ou l’immigration ? Est-ce que leur incompréhension face à la situation politique actuelle ne serait pas encore plus grande après avoir espéré trancher le débat essentiel à leurs yeux et le voir s’évaporer dans les méandres d’une vie politique qu’ils ne comprennent plus ? Car choisir c’est toujours décevoir. Dans ce contexte le référendum a tout d’une fausse bonne idée. Car, chacun l’a bien compris, le but du président c’est que le nom de Macron ne rime plus avec déception. Pari hasardeux.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste