Alors que le pays tourne progressivement la page de la reforme des retraites, les rumeurs de remaniement se font plus pressantes dans la classe politique. A quoi servira un tel changement gouvernemental sachant que la majorité relative peine à s’élargir ?
Plus on attend, plus la rumeur enfle. De son côté, l’Elysée ne se presse pas d’apporter un quelconque démenti. Comme dit cet adage « qui tacet consentire videtur » (« qui se tait semble consentir »). Les choses devraient donc s’accélérer dans les prochaines semaines. Toutefois, le suspense demeure au niveau de la forme. Elisabeth Borne verra-t-elle son bail à Matignon resilié avant les 100 jours annoncés par le président de la République ? Ou s’agirait-il de simples changements ministériels ? Seul Emmanuel Macron, présenté comme « le maitre des horloges » aura le dernier mot. En tant que commentateur, la question qui nous intéresse est celle de la nécessité d’un tel remaniement.
Afin de tourner officiellement la page de la reforme des retraites, plusieurs cadres de la majorité plaident pour un changement à Matignon.
Même l’opposition en raffole. Marine Le Pen, dépeint une première ministre « carbonisée », le député LR du Lot Aurélien Pradié, appelle à sa démission au nom de la « dignité ». Le président de la République en dépit de leurs approches divergentes sur certains sujets ne cesse de lui réaffirmer sa « confiance ».
Cette confiance, Elisabeth Borne la tient également du parlement après avoir survécu à 17 motions de censure.
Seul bémol, la cheffe du gouvernement n’a pas réussi à élargir sa majorité relative. Toutefois, force est de constater que cette mission s’avère quasi impossible. De plus, aucune personnalité de la majorité présidentielle pressenti pour la succéder à Matignon n’aurait fait mieux.
L’élargissement de la majorité est aujourd’hui du seul ressort du président de la République qui doit accepter de toper avec Les Républicains.
C’est-à-dire accepter de franchir le Rubicond en menant officiellement une politique de droite comme le souhaite l’ancien président Nicolas Sarkozy. Ce qui reviendrait à renoncer à l’essence du macronisme qui repose sur le fameux « en même temps ». Un coup à gauche, un coup à droite. Un tel motif ne pourrait justifier un changement de premier ministre.
Certains dénoncent son caractère trop « technocratique » en appelant à une personnalité plus « politique ». Un argument totalement inutile. Le locataire de l’Elysée n’aime pas qu’on lui fasse de l’ombre. L’ancien maire du Havre, fin politique, en a payé les frais au lendemain d’une crise covid dont la gestion remarquable et apaisé a fait de lui la personnalité préférée des français.
Cependant, à défaut de changer de capitaine faut-il remplacer certains membres de l’équipe ? Faut-il évincer des ministres dit « fantômes » ?
Il est vrai qu’à l’heure des chaines d’infos en continu et des réseaux sociaux, un ministre qui parle beaucoup est plus efficace qu’un ministre peu bavard mais dans l’action. Ce qui est une totale ineptie. Avant de procéder à un éventuel changement, le président de la République songerait plutôt à regarder les résultats des différentes actions réalisées par ses ministres plutôt que leur différents temps de passage sur les plateaux télés. Certains parlent trop et souvent pour ne rien dire.
La politique est certes une question de symbole, d’incarnation mais elle demeure avant tout un terrain d’action.
En 2027, les français jugeront sur les résultats.
Carlyle Gbei
Journaliste politique