Du renoncement au 49.3 à la recherche d’une promesse de non-censure, les discussion pour aboutir au vote du Budget finissent par négliger l’essentiel : comment sortir de la spirale de la dette ?
Plus de 3 400 milliards d’euros, soit 115,6 % du PIB, d’après les derniers chiffres de l’INSEE la semaine dernière. La dette française ne cesse de croitre, inexorablement. Ce record aurait pu agir comme un électrochoc et engager les acteurs politiques et les partenaires sociaux à se demander comment sortir de cette spirale. Il n’en n’est rien. Quand le chef du gouvernement revendique sa faiblesse devant les syndicats : « je suis le Premier ministre le plus faible qu’ait connu la Ve République », ses interlocuteurs en concluent que c’est le bon moment pour obtenir ce qu’ils réclament en vain depuis des mois, voire des années. La suspension ou le retrait de la réforme des retraites pour les syndicats. La taxe Zucman contre les riches pour la gauche. Aucune augmentation d’impôts pour le patronat. La baisse des dépenses publiques pour la droite. Rupture – avec Macron – ou censure, pour le RN, obsédé par la présidentielle.
En réalité, personne ne s’interroge sur une stratégie fiscale globale qui remette nos finances sur les rails. Pas même le Premier ministre qui réinterprète la Constitution en prétendant la réorienter vers un régime parlementaire en renonçant à l’utilisation du 49.3. Les commentateurs s’interrogent donc logiquement sur la crise de régime qui vient. Et pourtant, ce n’est pas la Cinquième qui est à l’origine du déficit chronique de l’État.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste