Au 18eme jour des résultats des législatives de 2024 qui devaient clarifier la situation politique du pays, selon le Président de la République, rien n’a changé, du moins dans les arcanes du pouvoir… L’exécutif est resté le même, le Président est à l’Elysée et le Premier ministre démissionnaire, est toujours à Matignon accompagné des mêmes ministres, même celles et ceux qui ont perdu leur élection législative ! Côté législatif, la situation demeure essentiellement inchangée, la Présidente de l’Assemblée nationale a été réélue à son perchoir…Tout va très bien Madame La marquise (pourrait-on dire).
Officiellement donc, pas de changement. Est-ce à dire que le peuple français a émis le même vote des représentants de la Nation en 2024 vs 2022 ? les chiffres sont clairs (pour reprendre l’expression présidentielle), leur interprétation par le système politique, un peu plus confuse, voire obscure.
Mouvant et stable « en même temps »
L’évolution électorale du pays est pourtant notable, en voici une liste des principales secousses : forte mobilisation du corps électoral (+20%) ; forte poussée du RN (qui a doublé son score) et du Nouveau Front Populaire (+ 25% de sièges) ; fort recul de la majorité présidentielle (-100 députés).
En dépit de ces modifications majeures concernant la demande électorale, point de mouvement du côté de l’offre politique, ça n’a pas bougé, c’est notable également mais pas forcément dans le bon sens du terme. La stabilité est de mise, en voici quelques exemples : aucun changement à la présidence de l’Assemblée ; aucun élu/e du RN au Bureau de l’Assemblée en dépit de leur progression électorale…
A se demander si cette assemblée peut être encore qualifiée de nationale, tant sa représentativité dans la répartition des postes à responsabilité en son sein ne semble pas respecter la volonté des urnes exprimée par les Français.
Au 18ème jour après l’élection, finalement rien ou peu de choses ont été retranscrites de ce qui s’est passé le 7 juillet dernier. Mise à part que l’Assemblée est plus atomisée que sous la précédente législature, mise à part que le parti présidentiel est réduit à peau de chagrin passant d’une majorité relative à une minorité, que la droite est décimée et atomisée (au sens explosée), que la gauche se retrouve très diversifiée au point d’être au bord de l’implosion (toujours pas d’accord sur le nom d’un ou d’une premier/ere ministrable)…
Diviser pour mieux régner ?
Le bilan, in fine, est lourd et pourtant dans les arcanes du pouvoir, c’est stable. Le décalage entre les citoyens et leurs représentants est bien réel, il faut être « aveugle et sourd » pour reprendre les dires de l’ex et à la fois (« en même temps ») nouvelle Présidente de l’Assemblée nationale pour ne pas en convenir ?
D’une clarification souhaitée, le Président de la République a dessiné une France passé de l’archipel (Fourquet) à des îles indépendantes.
Il semble que l’on soit passé d’une France côte à côte à une France face à face. Plus divisé que jamais, le parlement s’entredéchire…à qui profite cette situation ?
De très loin au Président de la République qui s’est délesté d’un rejet dans l’opinion (études du Cevipof, 2023) pour redevenir dans la cacophonie ambiante et généralisée, le Maître des horloges jusqu’à la prochaine dissolution… Bis repetita ?
Dr Frédéric Dosquet,
Docteur en Sciences de Gestion,
Directeur de thèses (Hdr),
Professeur éklore-ed School of Management,
Auteur de Marketing et communication politique, EMS, 3eme édition.