Bruno Casari est ce conseiller municipal d’opposition de Valence dans la Drôme qui a révélé la cession d’un terrain municipal par la mairie de droite à une association proche des frères musulmans. Depuis la Mairie a annulé cette décision. Le témoignage de cet élu centriste, proche de la majorité présidentielle, nous est apparu instructif car il met en exergue les ambivalences de certains élus locaux, y compris de droite, avec des clientèles communautaristes et le soutien idéologique dont bénéficient ces dernières de la part d’une partie de la gauche. C’est à l’épreuve de cette double tenaille à la fois clientéliste et idéologique que se trouvent confrontés désormais les tenants de la laïcité et de l’universalisme républicain.
Valence, ville préfecture de la Drôme, administrée par un maire LR, vit en temps réel et accéléré une tentative de transformation radicale de la société.
Les élus LFI alliés au maire LR et sa majorité cèdent en juin un terrain municipal face à la mosquée pour la construction d’une école hors contrat musulmane présente dans cette mosquée.
Lors du conseil municipal, nous sommes deux à nous opposer (une élue EELV et moi-même ex-LREM), l’élu PS s’étant abstenu.
Charlie Hebdo découvre cette affaire et titre « la mairie LR drague les islamistes » et parle de lien entre l’association portant ce projet et les frères musulmans.
La préfecture demande au maire de revenir sur sa décision, ce qui sera fait en octobre dans un conseil municipal très médiatisé.
Malgré l’alerte de la mission contre la radicalisation, les LFI se sont abstenus sur l’annulation de la vente.
On peut s’étonner dans un premier temps du projet commun du maire LR et des LFI sauf à connaître comment fonctionne Valence (comme bien d’autres villes) : l’alliance du clientélisme et du compromis ou plutôt de la compromission entre élus.
Le seul but pour l’un est de garder le pouvoir, pour les autres, la volonté de faire vivre leurs théories séparatiste et wokiste.
Valence est donc devenu le laboratoire grandeur nature où des élus manipulent des matières très dangereuses sans respecter les règles élémentaires.
Quelles sont-elles ?
le vivre-ensemble, l’opposition au communautarisme, la laïcité.
Le vivre-ensemble
Entre ces deux conseils municipaux, un fait grave s’est produit : à 200 mètres de ce terrain, la Maison pour Tous brûle. Ce lieu symbole du vivre-ensemble, qui permet l’éducation post-scolaire, les loisirs pour tous, le débat, est victime d’un incendie criminel. La priorité municipale doit être portée sur la reconstruction de cette Maison pour Tous et non sur un projet communautaire.
L’opposition au communautarisme
la Préfète, le rectorat ont alerté le maire sur les risques de ce projet d’école communautaire. Pourtant, le clientélisme l’a emporté. Pire, le maire a signé une semaine après le vote de juin le compromis de vente sans même attendre la purge des recours. Au communautarisme, il a ajouté l’incertitude juridique… Pourquoi tant d’empressement !
La laïcité
Ce mot, qui date de 1905, vient de l’opposition des mots laïc et clergé. Il a été mis en avant par Jules Ferry en 1880, c’est donc bien l’école qui est la première garante de la laïcité. Favoriser l’installation d’une école confessionnelle sur un terrain municipal (que l’on vend pour cela) est clairement contraire au racine même de ce mot LAICITE.
Les associations laïques de tout horizon ne s’y sont pas trompées et ont toutes protestées.
Le plus grand dénominateur commun doit toujours l’emporter sur le plus petit discriminateur possible…
Une fois les règles élémentaires posées, nous méritions un débat apaisé.
Mais le débat n’a pas eu lieu.
Le clientélisme ne le permet pas et le wokisme assumé des LFI non plus.
Je me suis fait traiter par une élue LFI de « boomer cisgenre, de blanc dominant, de raciste non assumé »… en conseil municipal. Comment débattre après ces mots tranchants, dont certains me sont étrangers ?
En rentrant au conseil municipal en 2021, je croyais que tous les collègues souhaitaient servir l’intérêt général des Valentinois, j’ai réalisé qu’entre le clientélisme et le wokisme chacun doit rester dans son couloir de course.
Mais en raisonnant ainsi, la ligne d’arrivée pour une société apaisée s’éloigne de plus en plus. J’ai compris que ce ne sera pas un sprint mais une course de fond à obstacle.
Bruno Casari
Conseiller municipal, Valence
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