Les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes sont désormais inscrits dans la Constitution et dans la loi française. Pourtant, cette égalité est loin d’être manifeste dans la société en général, et ce phénomène se vérifie d’autant plus dans la sphère publique. Il suffit de regarder autour de nous pour constater que les mentalités doivent encore très largement évoluer : dans le domaine des relations intimes, à l’école, au travail, dans les services publics, dans les médias… et dans la représentation politique.
Il nous faut passer d’une égalité formelle à une égalité réelle. Et ce combat est loin d’être aisé. Quelques chiffres :
- près d’un tiers des femmes travaille à temps partiel. Leur représentation dans les postes de direction, dans le privé comme dans le public, est nettement inférieure à 50 %
- la part des femmes parmi les élus a augmenté mais elle reste faible et a même reculé avec les derniers résultats des élections législatives : Assemblée nationale (37 %), Sénat (31,79 %). Cette part diminue encore parmi le pouvoir exécutif, les présidences de commission, les délégations…1
Avec le mouvement Refondation, qui porte l’engagement citoyen, nous avons organisé différentes tables rondes en présence d’éminentes femmes (Maître Alissa Pelatan, Cendrine Genty, Florence Gabay, Raphaëlle Rémy-Leuleu et Marie-Jeanne Serbin) afin de débattre sur cette problématique : le pouvoir des femmes à influencer le débat public : Mythe ou réalité ?
Si nous définissons la notion de pouvoir comme étant le fait « d’avoir le droit » ou « la possibilité de faire », nous convenons que nous disposons de fait de ce droit. La déclaration universelle des droits de l’Homme le confirme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit ». Pourtant, dans les faits, force est de constater qu’il en est autrement.
Si la place des femmes a connu et connaît des avancées considérables dans le domaine des entreprises privées grâce à de nombreuses lois dont « Copé-Zimmermann » en 2011, (texte qui impose les quotas de femmes au sein des conseils d’administration et de surveillance des entreprises) ; elle demeure une question délicate.
En effet, la sphère publique reste l’un des bastions de la gente masculine.
La pandémie a été un nouveau révélateur de la fragilité des droits acquis, dans la mesure où les professions ayant été en première ligne durant la crise, sont celles principalement occupées par les femmes, telles que :
- Les métiers d’aide aux personnes et métiers de la propreté : 83 %
- L’enseignement : 67 %
- Les médecins et personnels non médicaux à l’hôpital : 77 %
- Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) : 87 %
Ces métiers sont souvent « peu qualifiés, peu rémunérés et peu valorisés dans notre société », soulignait Elisabeth Moreno, ex-ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.
Consciente que cette conquête ne se fera pas en un jour, nous avons trouvé pertinent, en tant que femmes, leaders dans nos différents domaines, d’ouvrir le débat, à l’occasion de différentes tables rondes en mars et juin 2021, puis en mars 2022, en évoquant les principaux freins et obstacles à l’égalité femmes-hommes et comment les surmonter afin de prendre toute notre place dans les différentes sphères de la société.
À l’issue de ces tables rondes, est né le livre intitulé : Le pouvoir des femmes à influencer le débat public : mythe ou réalité ?2.
En invitant plusieurs « rôles modèles » à témoigner de leurs parcours dans le prolongement de la Journée internationale des droits de la femme de cette année, nous avons également voulu donner la parole à de nombreuses femmes dans le cadre d’un débat organisé le 21 mars 2022 au théâtre des Mathurins lors de la sortie du recueil de témoignages avec la participation de Laurence Comte-Arassus, Rosie Bordet, Tiffany Culang, Thaima Samman. L’animation était assurée par Keyza Nubret Grand-Bonheur.
Notre objectif est de susciter de nouvelles vocations et surtout démontrer qu’il possible, en tant que femmes, d’occuper pleinement l’espace public et de prendre part au débat afin d’améliorer la vie citoyenne.
Ce message s’adresse aussi aux hommes. Il n’est pas question d’opposer les hommes aux femmes, mais de militer ensemble pour que cette grande cause ait d’avantage d’impact et de sens.
Joly Andres
- chiffres clés édition 2021 – Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes ↩
- Paru aux Editions Harmattan et dans la collection Leaders & diversité, dirigée par Joly Andres. Ouvrage co-écrit par Patience Priso, Florence Gabay, Irma Angue Medoux, Maître Alissa Pelatan et Stéphanie Schemla ↩