Le régime iranien a exécuté deux prisonniers politiques, Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, ce dimanche 25 août. Le pouvoir judiciaire du régime a annoncé leur exécution dans la matinée.
Behrouz Ehsani, 69 ans, avait été arrêté à Téhéran le 6 décembre 2022, puis transféré à la prison d’Evin, où il a subi des actes de torture.
Quant à Mehdi Hassani, âgé de 48 ans, il avait été arrêté le 11 septembre 2022 à Zanjan, puis transféré au quartier 209 de la même prison, où il a également été torturé.
Ils ont été condamnés à mort pour des accusations formulées par le régime, telles que « rébellion, guerre et corruption sur terre, appartenance aux Moudjahidines du peuple (OMPI), collecte d’informations classifiées et complot contre la sécurité nationale ».
Avant sa libération, l’otage français Louis Arnault a partagé sa cellule avec Behrouz Ehsani. Lors d’un discours à la Place de Panthéon à Paris après sa libération, il a cité son compagnon de cellule Behrouz , lorsqu’il disait je n’ai jamais marchandé ma vie avec qui que ce soit, et je suis prêt à offrir mon humble existence pour la libération du peuple iranien. « Entendons cette leçon de courage et demandons ensemble l’annulation de ce verdict criminel, « a-t-il poursuivi.
En mars 2024, trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies — Mai Sato (droits de l’homme en Iran), Margaret Satterthwaite (indépendance de la justice), et Morris Tidball-Binz (exécutions extrajudiciaires) — ont publié une déclaration conjointe.
Ils y appelaient à l’arrêt immédiat de l’exécution de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, dont la condamnation avait été confirmée par la Cour suprême à l’issue de procès entachés de torture et d’aveux forcés.
Par le passé, 500 personnalités européennes — parmi lesquelles plus d’une trentaine de défenseurs français des droits humains — avaient signé une déclaration exhortant à l’annulation des peines capitales prononcées contre ces deux prisonniers politiques.
Le mardi 7 juillet, l’agence Fars, proche des Gardiens de la Révolution, publiait un éditorial intitulé : « Pourquoi faut-il répéter l’expérience des exécutions de 1988 ? »
Dans cet article, le massacre de milliers de prisonniers politiques à l’été 1988 — à la fin de la guerre Iran-Irak — dont 90 % étaient membres de l’OMPI, est qualifié de « l’un des hauts faits brillants de la République islamique ».
L’auteur concluait :
« Il semble que le moment soit venu de réitérer cette brillante expérience. »
Stephen J. Rapp, ancien chef des poursuites au Tribunal pénal international pour le Rwanda et procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, vient de publier une tribune dans le Washington Post intitulée : « Le prochain massacre iranien se déroule au grand jour ».
Il y écrit :
« Le régime ravive ses tactiques les plus sombres — et teste la volonté du monde d’agir.
Je me sens obligé de dénoncer un schéma d’escalade des violations des droits humains en Iran, qui évoque les chapitres les plus sombres de l’histoire de ce pays et exige une réponse internationale soutenue.
Il ne s’agit pas seulement de justice pour les victimes, mais aussi de la crédibilité du monde dans la prévention des atrocités de masse.
Si la trajectoire actuelle se poursuit, le bilan des exécutions en Iran pour 2025 pourrait dépasser tout ce que l’on a connu dans l’histoire récente — à l’exception peut-être de l’horreur de 1988. Cet été-là, environ 30 000 prisonniers politiques ont été sommairement exécutés. Leur seul “crime” était de croire en une opposition démocratique. Les commissions de la mort responsables de ces atrocités sont aujourd’hui saluées pour leur brutalité. »
Par ailleurs, 309 personnalités et militants des droits humains, ont appelé la communauté internationale à s’attaquer d’urgence à la vague croissante d’exécutions politiques et à l’impunité persistante en Iran.
Dans une réaction à cette barbarie, Maryam Radjavi, la dirigeante de la Résistance iranienne, a déclaré :
« Nous appelons les Nations Unies, leurs États membres, ainsi que tous les défenseurs des droits humains à prendre des mesures fermes contre ce crime barbare. Les condamnations verbales ne suffisent plus : il est temps de prendre des décisions concrètes et efficaces contre ce régime d’exécutions et de torture. »
Selon les rapports disponibles, 14 autres personnes affiliées à l’OMPI se trouvant actuellement dans le couloir de la mort en Iran subi l’imminent risque d’exécution sommaire.
Hamid Enayat