Comme lors de chaque scrutin, les résultats des élections départementales 20151, dressés par le ministère de l’Intérieur, ont été contestés par des partis politiques qui n’y retrouvent pas leurs comptes.
Durant la campagne électorale, le PCF a dénoncé “une classification volontairement erronée du ministère de l’Intérieur”. Selon le parti membre du Front de gauche, “en inventant et en attribuant d’autorité des étiquettes politiques, le ministère de l’Intérieur tente de minimiser le score du Front de gauche et d’EELV, de gonfler le résultat effectif du PS et de survaloriser le score du FN”. Même contestation chez Europe Écologie-Les Verts (EELV). “La nomenclature du ministère de l’Intérieur sur les nuances attribuées selon ses consignes aux candidatures constitue une entrave à la lecture des résultats”, a exposé David Cormand, secrétaire national adjoint, chargé des élections.
A priori, pourtant, ces chiffres font foi et ne sont pas contestables. Mais, à y regarder de plus près, ils soulèvent de réels problèmes, plus ou moins surmontables.
Avant de proposer nos propres résultats électoraux, il convient d’expliquer comment le ministère de l’Intérieur attribue les nuances politiques aux candidats et binômes de candidats, puis d’exposer les critiques que nous pouvons formuler à leur propos.
L’attribution d’une nuance politique par le ministère de l’Intérieur
Dans le formulaire de déclaration de candidature, chaque candidat peut – cette mention n’est pas obligatoire – déclarer une étiquette politique. En fonction des étiquettes déclarées, les préfectures attribuent une nuance aux candidats puis aux binômes de candidats à partir d’une grille établie par le ministère de l’Intérieur (tableau 1)2. S’agissant d’un scrutin majoritaire binominal dans le cadre cantonal, un nuancier est en effet nécessaire afin d’agréger 2 054 élections différentes (1 995 en métropole).
Tableau 1 – Grille de nuances politiques du ministère de l’Intérieur

C’est pour permettre “aux pouvoirs publics et aux citoyens de disposer de résultats électoraux faisant apparaître les tendances politiques locales et nationales et de suivre ces tendances dans le temps » que la CNIL a autorisé le ministère de l’Intérieur, en dérogation à l’interdiction de traiter des données personnelles à caractère politique, à enregistrer la nuance politique dans ses fichiers destinés à gérer les candidatures (“application élections”) et à suivre les mandats électoraux et fonctions électives (“répertoire national des élus”)3.
La modification de la nuance attribuée peut être demandée avant le premier tour jusqu’à la publication de la liste définitive des candidats, c’est-à-dire “jusqu’au quatrième jour inclus précédant le scrutin”, précise le mémento à l’usage des candidats publié par le ministère de l’Intérieur. Un parti, l’Union populaire républicaine (UPR), a par exemple obtenu aux européennes de mai 2014 la rectification de la nuance de ses candidats, de “divers droite » à “divers”, en revendiquant un positionnement “au-delà du clivage droite-gauche”.
Cet exemple illustre la difficulté à laquelle est confronté le ministère de l’Intérieur dans l’attribution des nuances politiques. L’État ne peut effectivement pas délivrer une définition “officielle” de l’extrême gauche, de la gauche, du centre, de la droite et de l’extrême droite. Or, s’en tenir aux seules étiquettes revendiquées par les candidats ne permettrait ni une totalisation lisible et pertinente des résultats sur l’ensemble du territoire ni la construction des séries longues dans le temps.
En ce qui nous concerne, nous ne sommes bien entendu pas confrontés à la même difficulté que l’État. Attribuer discrétionnairement, au regard de notre expertise, une étiquette à un candidat ou un binôme n’engage que nous. Nous avons par exemple décidé de maintenir les candidats de l’Union populaire républicaine (UPR) parmi les “divers droite”, au regard du parcours de son fondateur, François Asselineau, au sein de la droite souverainiste4.
Plus un scrutin est local, plus un même candidat a en outre tendance à gommer son étiquette nationale. Un phénomène qui, sans le travail des agents du ministère de l’Intérieur, aurait pour conséquence de gonfler artificiellement la case fourre-tout “divers”. Afin d’attribuer ces nuances, les agents de l’État, dans les départements et place Beauvau, n’opèrent pas de façon mécanique en fonction des étiquettes déclarées, mais se fondent sur un faisceau d’indices (répertoire national des élus, candidatures passées, déclarations publiques, presse locale, etc.). D’où des contestations potentielles, parmi lesquelles aux demandes de corrections d’erreurs manifestes se mêlent des motivations purement opportunistes et électoralistes. Répondre positivement à ces dernières reviendrait à biaiser l’agrégation des résultats à l’échelon national.
Aux départementales, se sont par exemple déclarés “sans étiquette” en préfecture les sénateurs UMP-Les Républicains5 Philippe Bas (Manche), Corinne Imbert (Charente-Maritime), Jean-Jacques Panunzi (Corse-du-Sud) et Bruno Sido (Haute-Marne) ou encore l’UDI Jean-Claude Luche (Aveyron). De fait, il s’agit le plus souvent de notables issus de formations de droite, où la culture partisane est moins développée. Le ministère de l’Intérieur leur a logiquement accolé, y compris parfois contre leur gré, leur étiquette partisane.
Ayant reçu de très nombreuses demandes de modification après la publication de la liste définitive des candidats aux municipales de mars 2014, le bureau des élections a donc tenté, par deux procédés, de les limiter aux départementales.
Premier procédé : si la grille des nuances politiques est bien notifiée par les services du représentant de l’État à la personne qui dépose la déclaration de candidature du binôme, le mémento à l’usage du candidat indique que “cette notification n’inclut pas la communication de la nuance attribuée à chaque candidat et à chaque binôme : elle permet simplement aux candidats et aux binômes de prendre connaissance des nuances qui sont applicables”. Bref, les candidats, comme toute personne, doivent expressément demander quelles nuances leur ont été attribuées, avant éventuellement de les contester.
Second procédé : le ministère de l’Intérieur a décidé de publier avant le premier tour la liste définitive des candidats avec uniquement la nuance du binôme et pas celle de chaque candidat, qui ne l’a été qu’avec les résultats.
Un nuancier qui ne reflète pas la réalité de l’offre électorale
Au-delà de quelques divergences sur l’attribution des nuances politiques à des candidats et binômes de candidats, qui ne concernent que de faibles unités, notre principale critique des résultats des élections départementales dressés par le ministère de l’Intérieur concerne le nuancier en lui-même. Celui-ci ne reflète pas la réalité de l’offre électorale, en particulier pour les binômes de gauche.
À droite, l’UMP, l’UDI et le MoDem6 ont abordé le scrutin dans une logique d’union, les divisions relevant le plus souvent de situations locales et de confrontations de personnes.
À gauche, en revanche, les trois principales forces électorales (PS, Front de gauche, Europe Écologie-Les Verts) ont noué des alliances à géométrie variable selon les départements voire les cantons, dans un contexte de remise en cause de la domination d’un PS affaibli par l’impopularité de l’exécutif. Or, le nuancier du ministère de l’Intérieur ne permet malheureusement pas de rendre compte de ces rapports de force électoraux nationaux.
Première critique : l’imprécision de la nuance “Union de la gauche” (BC-UG). La grille du ministère de l’Intérieur destinée aux préfectures précise que “pour être nuancé « BC-UG », un binôme doit obtenir l’investiture du PS et d’au moins un autre parti de gauche (EELV, PRG, PCF, Parti de gauche)”. Ce qui signifie que cette nuance inclut les binômes d’union du PS avec le PRG, dont l’enjeu électoral et politique n’est pas le même que ceux avec Europe Écologie-Les Verts et/ou le Front de gauche.
Seconde critique : l’absence, justement, d’une nuance essentielle dans l’offre politique, celle constituée de l’alliance entre le Front de gauche (ou au moins une de ses trois composantes principales7et Europe Écologie-Les Verts, que le ministère de l’Intérieur inclut dans la nuance “divers gauche”. Symbolisée aux municipales de mars 2014 par la liste victorieuse d’Éric Piolle à Grenoble (sans le PCF), il s’agit pourtant de l’un des enjeux d’une éventuelle recomposition des gauches.
À titre d’illustration des limites de la codification du ministère de l’Intérieur, au sein d’un même canton, un binôme PS-PRG sera élevé au rang d’ “union de la gauche” tandis qu’un binôme EELV-Front de gauche sera “noyé” parmi les “divers gauche”.
L’établissement de la grille des nuances politiques répond à plusieurs logiques. La première est pratique : lorsqu’un parti atteint un certain poids électoral, la place Beauvau lui attribue sa propre nuance. À défaut, il est intégré dans une des nuances globales. Non partisanes, celles-ci correspondent soit à une thématique, comme “régionalistes” ou “écologistes”, catégorie à laquelle a longtemps appartenu Europe Écologie-Les Verts (ex-Les Verts), avant d’être distinguée des candidats isolés et “des autres partis écologistes. Soit à un positionnement politique : “extrême gauche”, “divers gauche”, “divers droite” ou “extrême droite”. En toute rigueur, il devrait en plus exister une case “divers centre” pour les candidats centristes non MoDem.
Quoi qu’il en soit, les nuances globales ne sont pas exclusives. Marine Le Pen, présidente du FN, a cru pouvoir arguer de l’existence d’une nuance “extrême droite” afin de demander que son parti ne soit plus qualifié de la sorte. “Le ministère de l’Intérieur a une nomenclature pour les partis politiques en matière électorale : il y a « Front national » et « extrême droite »”, a-t-elle développé, le 3 octobre 2013, sur RTL, en soulignant le “et”. S’il est vrai que la formulation “divers extrême droite” serait davantage exacte, l’argument est spécieux : lorsqu’il n’était électoralement qu’un groupuscule d’extrême droite, des législatives de 1973 jusqu’à celles de 1981 comprises, le FN était bien une composante parmi d’autres de la nuance globale “extrême droite”.
La seconde logique est politique, le cabinet du ministre de l’Intérieur validant la grille envoyée dans les préfectures. Or, l’exécutif peut avoir intérêt à disperser dans un maximum de nuances ses oppositions et, à l’inverse, à regrouper dans un minimum de nuances ses soutiens. Volontairement ou non, tel est bien ce qui s’est passé aux départementales. Au détriment, d’une part, de l’union de la droite : l’étiquette “union de la gauche” (investiture du PS et d’au moins un autre parti de gauche) n’est, contrairement aux apparences, pas équivalente à celle d’ “union de la droite” (double investiture de l’UMP et de l’UDI, et non investiture de l’UMP et d’au moins un autre parti de droite quel qu’il soit). Et, d’autre part, au détriment d’EELV et du Front de gauche, comme nous l’avons vu.
Attention néanmoins aux accusations hâtives de manipulation, car, déjà, aux régionales de mars 2010, le Front de gauche avait dénoncé son éclatement en plusieurs nuances. À travers un communiqué du ministère de l’Intérieur, la droite au pouvoir avait opposé une même fin de non-recevoir que la gauche de gouvernement cinq ans plus tard : “La grille des nuances est régulièrement mise à jour pour tenir compte de la création de nouvelles formations politiques. Elle a notamment pris en compte la création du Parti de gauche. Elle ne peut en revanche s’adapter pour prendre en compte les alliances électorales entre partis politiques au risque de ne plus permettre d’analyser les scrutins sur le long terme. Ainsi, la création d’une nuance « Front de gauche » aurait conduit à faire disparaitre la nuance « Communiste » présente dans les grilles d’analyse du ministère de l’Intérieur depuis plusieurs décennies”.
Il n’empêche, le ministère de l’Intérieur pourrait donner à l’échelon national des résultats davantage détaillés, laissant ensuite le soin à chacun d’agréger telle ou telle nuance en fonction de son analyse du paysage politique.
À défaut, il nous faut élaborer notre propre grille de l’offre électorale aux élections départementales (tableau 2). Conformément aux critiques que nous avons formulées, les changements concernent essentiellement les gauches.
Tableau 2 – Grille de l’offre politique aux élections départementales de 2015

Nous nous sommes astreints à un nombre de nuances comparable à celui du ministère de l’Intérieur, bien que le nouveau mode de scrutin ait multiplié la configuration des candidatures pour un même binôme. Si le nombre de cantons a été divisé de moitié, la mise en œuvre inédite d’un scrutin binominal paritaire a en effet entraîné dans chacun d’entre eux un passage de deux étiquettes (celles du candidat titulaire et de son remplaçant) à cinq : celles des deux candidats titulaires, des deux remplaçants et du binôme. Rappelons que les deux candidats titulaires du binôme, de sexes différents, sont égaux et ne forment pas une liste, leur nom devant être inscrit par ordre alphabétique sur les bulletins de vote. Élus, ils exercent leur mandat indépendamment l’un de l’autre.
Résultats retravaillés des élections départementales
Si les résultats du ministère de l’Intérieur demeurent la base de travail, passer d’un nuancier à l’autre nécessite de recoder la totalité des 9 097 binômes (dont 8 824 en métropole), correspondant à 36 388 candidats et remplaçants.
Plusieurs spécialistes des élections et chercheurs membres du réseau Futur des Études Électorales (FEEL) ont donc entrepris de passer en revue les candidats en se répartissant les départements8. Dans l’attente de la fin de ce travail, nous avons contacté l’ensemble des partis politiques afin de leur demander la liste des candidats qu’ils présentent et qu’ils soutiennent9, puis nous avons croisé ces listes avec les données du ministère de l’Intérieur. Ce procédé, que nous avons déjà utilisé lors de précédents scrutins10, permet d’affiner les résultats officiels et de hiérarchiser les binômes à vérifier en fonction de l’importance des divergences ou incohérences.
Ce travail nous a permis d’obtenir un tableau des résultats davantage conforme à l’offre électorale (tableau 3).
Tableau 3 – Résultats des élections départementales de 2015 (métropole)

(2) Il s’agit de cinq binômes droite-gauche. Une grille nationale de nuances n’épuise ni l’ensemble des configurations d’alliances, ni toutes les réalités de terrain…
(3) Ligue du Sud de Jacques Bompard dans le Vaucluse.
Source : Laurent de Boissieu
En additionnant les nuances correspondantes, le Front de gauche élargi à Europe Écologie-Les Verts est, en dehors de toute alliance avec le PS, à 8,84 % des suffrages exprimés. Les départementales ont par ailleurs confirmé que, contrairement au PCF, qui conserve malgré son déclin national quelques bastions locaux, EELV demeure électoralement dépendant du PS pour obtenir des élus (tableau 4).
Tableau 4 – Mode d’élection des conseillers départementaux PCF, EELV, PRG et MRC

(2) Dont deux apparentés.
(3) Dont seize apparentés.
(4) Dont un apparenté. sans compter Françoise Marhuenda, maire MRC des Ulis non investie par le siège national. Elue en binôme avec le conseiller général sortant divers droite Dominique Fontenaille, elle a ensuite intégré l’exécutif du nouveau président UMP, François Durovray. De fait, au-delà du clivage droite-gauche, il existe des affinités naturelles entre cette ancienne RPR séguiniste et ce proche de Nicolas Dupont-Aignan.
(5) Dans le nouveau canton de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), binôme entre le conseiller général PCF sortant Serge de Carli et la divers droite Monique Poplineau (ancienne de l’UDF).
(6) Binôme dans le Cantal associant Daniel Chevaleyre (PRG) et Mireille Leymonie (divers centre, seule élue du conseil départemental à ne siéger dans aucun groupe).
Source : Laurent de Boissieu
Dans la limite du raisonnable pour cette publication11, il est en outre possible de détailler au sein des nuances globales “extrême gauche”, “divers gauche”, “divers”, “divers droite” et “extrême droite” les candidatures autonomes des partis politiques implantés nationalement (tableau 5).
Tableau 5 – Résultats des élections départementales de 2015 (métropole) : autres partis politiques nationaux

(2) Y compris le binôme formé par Francine Schivardi (conseillère générale sortante et épouse de Gérard Schivardi) et Yves Bastié : 20,42 % dans le canton de Sallèles-d’Aude (Aude). Non compris en revanche deux binômes Front de gauche-POI.
(3) Y compris un binôme ND-MoDem, les six binômes « Oise en mouvement » et le binôme « Les gens du Béthunois ». Non comprises les alliances avec le Front de gauche, EELV et PS.
(4) Y compris deux binômes PRG-Génération Ecologie et un binôme PRG-Mouvement des Progressistes de Robert Hue. Non comprises les alliances avec le PCF, EELV, le PS, « La Force du 13 » (Bouches-du-Rhône) et « Une équipe au service des Ariégeois » (Ariège).
(5) Y compris un binôme Nous citoyens-DLF.
(6) Y compris un binôme DLF-UDI et un binôme DLF-divers gauche, tous les deux avec un conseiller général sortant Debout la France. Non compris cinq binômes UMP-DLF, un binôme UDI-DLF, un binôme Nous Citoyens-DLF, quatre binômes Ligue du Sud-DLF et un binôme Front de gauche-DLF.
(7) Trois Debout la France et un divers droite. Deux autres conseillers départementaux DLF ont été élus en alliance avec l’UMP.
(8) Jusqu’à 16,31 % sans candidats du Front national dans le canton de La Couronne (Charente).
Source : Laurent de Boissieu
Autres précisions que les résultats officiels ne montrent pas : le poids des partis régionalistes – hors alliances – là où ils sont implantés ainsi que l’impact des mouvements locaux liés à une personnalité. C’est le cas des majorités municipales issues du renouvellement de mars 2014, à l’exemple de celles d’Éric Piolle à Grenoble (“Rassemblement citoyen” au niveau du département), de Philippe Saurel à Montpellier, de Gilles Simeoni à Bastia ou de Denis Thuriot à Nevers (“Nièvre à venir”). À titre d’illustration, le ministère de l’Intérieur répartit ces dernières candidatures dans six cases différentes (un binôme divers gauche, un MoDem, un UDI, un UMP, deux divers droite et trois divers). C’est également le cas de mouvements tels que ceux de Jean-Noël Guérini (“La Force du 13”) dans les Bouches-du-Rhône ou d’Éric Donzé (“Une équipe au service des ariégeois”) dans l’Ariège (tableau 6).
Tableau 6 – Résultats des élections départementales de 2015 (métropole) : forces locales

(2) Il s’agit de Jean-Nöel Guérini (ex-PS) et Lisette Narducci (PRG) ; en réalité quatre conseillers départementaux en tout, dont deux élus en binôme avec le PS.
(3) Quasiment tous PRG ou apparentés.
(4) Dans chaque binôme un conseiller départemental régionaliste et un de droite (un UMP, un divers droite) ou de gauche (une élue du Mouvement corse démocrate de l’ex-PRG François Tatti).
(5) Y compris le binôme « nationaliste » indépendant Paul-Jo Caitucoli (conseiller général sortant)-Murielle Segondy et un binôme Corsica Liberia-Parti de la nation corse. Non compris l’unique binôme autonome du Parti de la nation corse.
(6) Y compris un binôme Nous te ferons Bretagne-Parti breton. Non compris l’unique binôme autonome du Parti breton.
(7) Dont un binôme Unser Land-MoDem.
(8) Y compris quatre binômes Ligue du Sud-DLF et un FN dissident soutenu par Jacques Bompard dans l’Ardèche.
Source : Laurent de Boissieu
Tripolarisation de la vie politique
Enfin, s’il est possible de zoomer, il est également possible de dézoomer. Les élections européennes de mai 2014 ont en effet confirmé l’existence d’une tripolarisation gauche-droite-extrême droite, se substituant à la bipolarisation droite-gauche. Le Front national était même arrivé en tête de ce scrutin à la représentation proportionnelle, avec 24,86 % des suffrages exprimés, devant l’UMP (20,81 % sans l’UDI) et le PS (13,98 % avec le PRG).
Après le premier tour des départementales, le FN a continué à se proclamer “premier parti de France” en récusant les agrégations des résultats en blocs d’alliances, pourtant classiques et logiques pour un scrutin majoritaire puisque les scores de l’UMP et du PS sont inséparables de ceux de leurs alliés. Que le “Rassemblement bleu marine” soit, lui, isolé n’y change rien12.
En passant d’une logique de candidatures à une logique de soutiens, nous obtenons en conclusion le rapport de force aux élections départementales de 2015 entre ces trois pôles, avec un bloc de droite (binômes soutenus par l’UMP) en tête, devant le FN et la gauche de gouvernement (binômes soutenus par le PS) au coude-à-coude (tableau 7).
Tableau 7 – Résultats des élections départementales de 2015 (métropole) : tripolarisation

(2) Une catégorie « gauche critique » réunissant l’extrême gauche, le Front de gauche, EELV et Nouvelle donne sans le soutien du PS (moins les binômes orientés au centre gauche de par leur alliance avec le PRG, le Front démocrate, le MoDem ou le MEI) réunirait 1 896 binômes pour 1 946 460 voix, soit 9,75 % des suffrages exprimés.
Source : Laurent de Boissieu
Laurent de Boissieu, journaliste à La Croix, fondateur du site Internet france-politique.fr
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(1) Nouvelle dénomination des élections cantonales, avec dorénavant un renouvellement intégral (et non plus par moitié tous les trois ans) et un mode de scrutin majoritaire binominal paritaire, entraînant la disparition de la moitié des cantons pour chaque département. Le seuil de maintien au second tour demeure en revanche inchangé (12,5% du nombre des électeurs inscrits).
(2) Afin de différencier les nuances des candidats de celles des binômes de candidats, le ministère de l’Intérieur utilise pour ces derniers l’abréviation “BC”. Nous présentons sa grille des nuances politiques telle quelle.
(3) Délibération de la CNIL n°2013-406 du 19 décembre 2013.
(4) Élu en mars 2001 conseiller de Paris du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua, François Asselineau y exerce encore la fonction de porte-parole en mars 2003, alors que la plupart de ses autres dirigeants ont rallié l’UMP. En décembre 2004, il adhère finalement au groupe UMP du Conseil de Paris. En novembre 2006, il entre au comité directeur du Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France de Paul-Marie Coûteaux, avant de fonder le 25 mars 2007 son propre parti, l’UPR.
(5) L’UMP a adopté le 30 mai 2015 la dénomination Les Républicains.
(6) Le MoDem abandonne progressivement, depuis les élections municipales de mars 2014, son positionnement fondateur au centre, à équidistance de la droite et de la gauche, pour intégrer le bloc d’alliance de droite. Lire notre analyse : “Le centre est-il condamné à tomber à droite ?”, L’état de l’opinion 2015, Le Seuil, 2015.
(7) Le PCF, le Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon et Ensemble, issu du rapprochement des Alternatifs (héritiers du PSU), de dissidents du PCF et du NPA.
(8) Constitué au sein de l’Association française de science politique, il est coordonné par Florent Gougou et réunit Julien Audemard, Paul Bacot, Frédérik Cassor, Alan Confesson, Baptiste Coulmont, Laurent de Boissieu, Diane Delacourt, Thomas Ehrhard, Martial Foucault, Abel François, Joël Gombin, David Gouard, Grégory Hû, Jérôme Jaffré, Antoine Jardin, Simon Labouret, Pierre Martin et Simon Persico. Une note d’étape de ce travail a été rédigée par Florent Gougou et Simon Labouret, consultable sur https://slowpolitix.blogspot.fr/2015/03/ les-resultats-du-premier-tour-des.html.
(9) Les informations fournies par les appareils nationaux sont malheureusement d’exhaustivité et de précision très inégales, d’autant plus qu’aux élections départementales les investitures ont souvent été gérées à l’échelon des fédérations.
(10) Par exemple pour les élections législatives de 2012 : https://www.france-politique.fr/elections-legislatives-2012.htm#RESD.
(11) Nous proposons sur notre site Internet un tableau davantage détaillé des résultats : https://www.france-politique.fr/elections-departementales-2015.htm#RESD.
(12) La présence du FN dans 93 % des cantons – contre 71 % aux élections cantonales de 2011 et 51 % dans l’autre moitié des cantons à celles de 2008 – constitue néanmoins en soi un exploit politique.
- Nouvelle dénomination des élections cantonales, avec dorénavant un renouvellement intégral (et non plus par moitié tous les trois ans) et un mode de scrutin majoritaire binominal paritaire, entraînant la disparition de la moitié des cantons pour chaque département. Le seuil de maintien au second tour demeure en revanche inchangé (12,5% du nombre des électeurs inscrits). ↩
- Afin de différencier les nuances des candidats de celles des binômes de candidats, le ministère de l’Intérieur utilise pour ces derniers l’abréviation “BC”. Nous présentons sa grille des nuances politiques telle quelle. ↩
- Délibération de la CNIL n°2013-406 du 19 décembre 2013. ↩
- Élu en mars 2001 conseiller de Paris du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua, François Asselineau y exerce encore la fonction de porte-parole en mars 2003, alors que la plupart de ses autres dirigeants ont rallié l’UMP. En décembre 2004, il adhère finalement au groupe UMP du Conseil de Paris. En novembre 2006, il entre au comité directeur du Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France de Paul-Marie Coûteaux, avant de fonder le 25 mars 2007 son propre parti, l’UPR. ↩
- L’UMP a adopté le 30 mai 2015 la dénomination Les Républicains. ↩
- Le MoDem abandonne progressivement, depuis les élections municipales de mars 2014, son positionnement fondateur au centre, à équidistance de la droite et de la gauche, pour intégrer le bloc d’alliance de droite. Lire notre analyse : “Le centre est-il condamné à tomber à droite ?”, L’état de l’opinion 2015, Le Seuil, 2015. ↩
- Le PCF, le Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon et Ensemble, issu du rapprochement des Alternatifs (héritiers du PSU), de dissidents du PCF et du NPA. ↩
- Constitué au sein de l’Association française de science politique, il est coordonné par Florent Gougou et réunit Julien Audemard, Paul Bacot, Frédérik Cassor, Alan Confesson, Baptiste Coulmont, Laurent de Boissieu, Diane Delacourt, Thomas Ehrhard, Martial Foucault, Abel François, Joël Gombin, David Gouard, Grégory Hû, Jérôme Jaffré, Antoine Jardin, Simon Labouret, Pierre Martin et Simon Persico. Une note d’étape de ce travail a été rédigée par Florent Gougou et Simon Labouret, consultable sur https://slowpolitix.blogspot.fr/2015/03/ les-resultats-du-premier-tour-des.html. ↩
- Les informations fournies par les appareils nationaux sont malheureusement d’exhaustivité et de précision très inégales, d’autant plus qu’aux élections départementales les investitures ont souvent été gérées à l’échelon des fédérations. ↩
- Par exemple pour les élections législatives de 2012 : https://www.france-politique.fr/elections-legislatives-2012.htm#RESD. ↩
- Nous proposons sur notre site Internet un tableau davantage détaillé des résultats : https://www.france-politique.fr/elections-departementales-2015.htm#RESD. ↩
- La présence du FN dans 93 % des cantons – contre 71 % aux élections cantonales de 2011 et 51 % dans l’autre moitié des cantons à celles de 2008 – constitue néanmoins en soi un exploit politique. ↩