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dans Libre opinion, N°1096

Est-ce qu’on rit plus fort quand on a mal ?

Bruno GaccioParBruno Gaccio
26 novembre 2020
Est-ce qu’on rit plus fort quand on a mal ?

Existe-t-il un humour particulier en temps de crise ? Nous avons posé la question à Bruno Gaccio.

La question de la douleur est intimement liée à la pratique de l’humour.

Avant d’en venir à l’humour en temps de crise précisons quelques points :

  • Il n’y a pas d’exercice plus périlleux et ridicule que de parler d’humour au lieu d’en faire. Jankélévitch et Bergson ont saoulé des générations de thésards avec leur Le rire (La revue de Paris, 1900) et leur L’ironie (Flammarion, 1979). Pourtant il faut les avoir lus pour comprendre le proverbe populaire : ceux qui savent le faire, le font ; les autres l’enseignent.
  • De l’ironie au grotesque en passant par l’absurde ou la parodie, le rire se déclenche toujours aux dépens de quelqu’un.
  • Ce quelqu’un a le droit de ne pas trouver ça drôle parce que ça lui fait mal. Par exemple à cet instant même, il m’est douloureux par anticipation d’écrire sur l’humour par temps de crise. Inévitablement, quelqu’un se moquera de moi pour faire rire les autres lecteurs. Je serai ridiculisé et j’aurai mal. Pourtant, d’autres tireront une source d’allégresse joviale de ce rire à mes dépens. Ma douleur peut être source de joie. Dois-je m’en réjouir ?
  • Peut-on parler d’humour sans en faire tout en évitant de prêter le cou au tranchant de la raillerie ? Pas facile. Mais possible, si on intègre ce qui suit : celui qui accepte de parler d’humour sans en faire manifeste une humilité prouvant incontestablement sa capacité à avoir de l’humour et, sans en faire lui-même, dévoile sa disposition à en générer en dehors de sa petite personne, prouvant ainsi son absence d’égo mal placé : génie, il sait faire de l’humour sans en faire.
  • L’autodérision, seule forme d’humour dont l’intitulé semble dire qu’elle échappe à la méchanceté envers autrui, est un leurre. Pratiquée par quelqu’un qui se connaît bien, l’autodérision est la plus violente des formes de l’esprit caustique. Au-delà du rire – que l’autodérision ne déclenche jamais chez celui qui s’auto-vanne – elle vous mènera en psychothérapie et, pour peu que votre psy soit bon, au suicide par excès de lucidité. La lucidité étant un des symptômes les plus marquants de l’intelligence, le suicide serait donc une des formes les plus abouties de l’humour ? Ou, plus simplement, le syllogisme est-il un attrape-couillon ?

Cela étant posé : existe-t-il un humour particulier en temps de crise ?

Non. Il n’y a pas vraiment d’humour de temps de crise simplement parce que s’il y a humour, c’est qu’il y a crise. Chômage, Covid, tremblement de terre, terrorisme, assassinat, cocufiage, infirmité, maladie… glissade sur peau de banane, c’est la même chose : quelqu’un, à des degrés divers, souffre.

Peut-on rire quand des milliers de gens affligés par un malheur désespèrent ? Oui.

Peut-on rire si par bonheur on a été épargné par cette souffrance ? Oui. C’est cruel ? Oui. Méchant ? Oui.

Qui peut juger si c’est drôle ? Personne. Nous seuls. C’est nous les juges. On a ri, c’est drôle, on n’a pas gloussé, c’est pas drôle. Pas compliqué. Il n’y a pas de tribunal avec une chambre spéciale « bon goût ».

Le reste relève de la gestion du timing. Trop près de l’événement ça peut rebuter le citoyen délicat, trop loin de l’événement on risque l’indifférence.

Enfant d’Hara Kiri et de son rire libérateur, je souscris sans réserve à ce qu’écrivait François Cavanna dans les années 60 : « L’humour est un coup de poing dans la gueule […] rien n’est tabou, rien n’est respectable, pas même ta mère, pas même les martyrs juifs, pas même ceux qui crèvent de faim »1.

Et j’ajouterais une maxime prêtée à Picasso : « Le pire ennemi de la création, c’est le bon goût ».

Quant à la question tarte à la crème « peut-on rire de tout ? », la réponse est : « on ne peut rire que de tout ». Car c’est bien parce qu’on a déjà ri de tout que la question est posée : « Vous êtes allé trop loin, là ! On ne peut pas rire de tout Môssieur ! Peut-on rire de tout ? Je vous pose la question Môssieur ? Vous trouvez ça drôle vous un cancer des testicules chez un cycliste ? Je suis moi-même cycliste Môssieur ! ».

L’époque exhorte le marrant à la mesure. Chaque catégorie d’individu ayant obtenu une protection juridique a son périmètre (finalement il y a bien un tribunal du bon goût quand même), le moquage devient périlleux. Il faudrait égratigner avec élégance. Se gausser avec raffinement. Ne pas blesser. Et merde.

La quintessence de la modération élégante c’est Plantu. Jean Plantu est un bon dessinateur, incontestable, il a un trait, une patte, il est au moins encore aussi bon que Jacques Faizant… mais Plantu est chiant. Cette élégance prestigieuse cache une platitude du propos et de la pensée que rien n’égale, à part un discours électoral de centriste. C’est à dire la Une du Monde.

Le rire, le vrai, déchire les zygomatiques, coupe le souffle, décroche la machoire et n’est jamais de bon goût. Il n’a pas le temps.

« Quand même, il y a des choses sacrées, vous allez trop loin », combien de fois ai-je entendu ça quand je travaillais comme auteur aux Guignols de l’Info. Petite précision, je ne suis pas humoriste comme je peux le lire parfois sous des plumes fainéantes. Je suis auteur. L’humoriste fait rire lui-même, les meilleurs dit-on en lisant le bottin, les autres avec leur physique, leurs mimiques : l’humoriste est drôle s’il fait bien son travail. L’auteur, lui, tire la langue pour inventer et écrire des situations et il ne peut qu’espérer faire sourire ses lecteurs : c’est ce qu’il écrit qui est parfois drôle. Pas lui. La preuve.

L’humour ne doit pas avoir de limite et tant pis s’il blesse.

Ça ne veut pas dire blesser n’importe qui. Il y un code d’honneur. Pas écrit bien sûr. Il se transmet entre seigneurs de la bouffonnerie. Et il n’est pas sacré. Il dit ceci : le plus faible n’est pas une cible principale. Ceux qui ne connaissent pas ce code, qui n’en ont jamais entendu parler et qui seraient tentés d’en nier l’existence, ne sont simplement pas des seigneurs. Tu peux te moquer du faible bien sûr, mais t’insistes pas. Par exemple, quand la planète crève de la connerie humaine, de la surconsommation, et de la marchandisation de tout, tu peux te moquer de l’écolo en Birkenstock qui bouffe du boulgour dans le Cantal, mais ce n’est pas l’urgence.

L’humour est traditionnellement une arme de l’esprit que les plus faibles emploient contre les plus forts. Désespérément.

Le faible en se moquant place-t-il pour autant le fort dans la position de faible ? Non. De faiblesse passagère dans le meilleur des cas. C’est en cela qu’on dit que le rire soulage. Mais il ne change rien à l’ordre des choses, il vaut mieux le savoir. Le fort reste puissant par les moyens qu’il a d’exercer sa puissance. A-t-on vu beaucoup de Gilets jaunes à l’œil crevé faire des vannes pendant que la police les traînait par les cheveux ? Le sens de l’humour se perd au contact de la violence pour celui qui la subit et se déclenche parfois chez celui qui l’exerce : « Ça va neuneuil ? T’es venu perdre l’autre ? Pour la prochaine manif, je te prête mon chien ? » L’humour policier c’est comme la poésie militaire, faut être du sérail pour bien goûter le truc.

N’empêche, si momentanément le faible, par la puissance de son esprit rageur, rend le fort moins fort pendant un instant, il a rempli sa mission.

L’humour qui s’exerce contre ceux qui souffrent plutôt que contre les responsables de la souffrance est un humour bourgeois. C’est celui qu’on voit prospérer depuis deux ans. Les railleurs appointés de Gilets jaunes ont fleuri, jeunes ambitieux pourvoyeurs de rire conventionnel dont ils tirent une reconnaissance de salon télévisé. Prompts à moquer la faute d’orthographe sur un Gilet plutôt que ridiculiser ce qui a fait sortir ce Gilet sur les ronds-points.

Anticonformistes pour les petites choses, ils restent conformistes pour les grandes. Ces bonnes âmes ne veulent pas juger, souhaitent rester neutres, au-dessus de la mêlée. Confort des cimes. Mon cul. Vous êtes les complices des marchands de sommeil propriétaires de médias.

« L’humour juge, critique, condamne et tue, il ne connaît pas la pitié ni les demi-mesures »2.

Cette tendance-là, l’humour teigneux est aujourd’hui au musée de la rigolade, j’en suis conscient. À quelques exceptions près ce qui a fleuri pendant le confinement était bien faible. Sur les Rézossocio le réjouissant était plutôt musical. Ceux qui se sont essayés aux sagas comiques pour nous raconter leur vie de confinés ont fait de leur mieux mais – à part Pierre Emmanuel Barré qui fut grandiose, brutal, ravageur – ils restèrent dans l’ironie de bon aloi.

Rien n’est sacré. L’humour qui reste en toutes circonstances « distingué » c’est de la rigolade secondaire. Le Graal c’est le comique. Le comique premier, le comique universel. Le comique c’est pas de l’humour. Le comique ose tout, va au bout des situations les plus tragiques, les exagère, les tord pour en extraire toute la bêtise et la jeter par terre, nue, en espérant la voir s’oxyder à la lumière du soleil et finalement crever, desséchée. Le comique travaille près de la plaie. Aujourd’hui, il a perdu la bataille du rire. L’humour facile et cette saloperie de bon goût ont gagné, amuseur est devenu un métier honnête. Les voyous de la gaudriole se font rares.

Les initiés, les seigneurs de la rigolade savent où les trouver. Mais c’est comme les coins à champignons, on les dit qu’aux amis, car finalement le rire ne se déclenche que par les moyens qui nous font rire nous-mêmes et… nos amis.

Bruno Gaccio
Auteur, scénariste, producteur de télévision

  1. Cavanna raconte Cavanna, éditions Les Échappés, 2012. ↩
  2. François Cavanna, ibid. ↩

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