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dans Société

État social et monde du travail (3)

Certains seront toujours plus égaux que d’autres

François-Xavier RoucautParFrançois-Xavier Roucaut
15 mai 2023
État social et monde du travail (1)

Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. Georges Orwell, La Ferme des animaux, 1945.

La mentalité américaine face au travail diffère fortement de sa conception française. Ceci découle probablement de son état social, lequel, à l’inverse de l’état social français (qui est de type aristocratique, collectiviste et hiérarchique), est lui de type démocratique, individualiste et égalitaire. Cet état d’esprit s’inscrit dans l’héritage de la mentalité des colons, débarqués dans un monde aux espaces et à la richesse en apparence infinis, mais qui ne pouvaient que compter sur eux-mêmes, ainsi que sur leurs communautés, pour subsister. Ces émigrants fuyaient par ailleurs le principe hiérarchique des régimes aristocratiques de la vieille Europe, pour embrasser le principe égalitaire de la démocratie du nouveau monde.

La production est ici en plein celle de l’individu ; lequel peut bien évidemment s’associer à d’autres, mais uniquement sur le mode contractuel, et non du fait d’une impératif collectiviste, comme c’est le cas en France.

Par ailleurs, les fortunes ne résultent pas d’une transmission, comme c’est l’usage dans la tradition aristocratique, mais sont théoriquement accessibles à tous, et circulent sans cesse, dans ce monde en perpétuelle évolution.

Pour obtenir un poste convoité, le poids du statut social (qu’il résulte d’un diplôme, d’une filiation, d’un patronage…) est largement contrebalancé par l’engagement propre de l’impétrant, son talent individuel et ses réalisations concrètes.

La jalousie n’a pas lieu d’être, puisque les richesses sont en apparence illimitées, accessibles à tous, et qu’il revient donc à chacun la responsabilité de s’en saisir. L’individu qui fait fortune est donc perçu comme un exemple à suivre, et non comme un profiteur à accabler, et sa réussite matérielle est souvent brandie comme un argument en sa faveur, advenant qu’il s’aventure en politique.

En outre, l’éthique protestante a instillé chez les Américains un impératif catégorique, celui de cultiver la création et d’en récolter les fruits, afin de rendre hommage au créateur, renouant d’ailleurs là avec l’esprit du judaïsme.

Cette éthique protestante, d’essence démocratique, promeut de surcroit la responsabilité individuelle et met en exergue l’horizontalité des liens communautaires.

À l’inverse d’un catholicisme, d’essence aristocratique, qui s’est lui tourné vers l’ascèse et l’au-delà, et qui s’en remet à la verticalité de l’autorité du clergé, confortant les Français dans leurs éternelles attentes vis-à-vis de leur hiérarchie. Enfin, le pragmatisme existentiel des Américains, confrontés à l’immense tâche de bâtir de leurs mains une civilisation ex-nihilo, rendait futile l’esprit courtisan et les abstractions intellectuelles qui animaient le monde raffiné et tardif de la vieille Europe. En somme, comme le résumait Tocqueville : « Ce n’est pas qu’aux États-Unis comme ailleurs il n’y ait des riches ; je ne connais même pas de pays où l’amour de l’argent tienne une plus large place dans le cœur de l’homme, et où on professe un mépris plus profond pour la théorie de l’égalité permanente des biens. Mais la fortune y circule avec une incroyable rapidité, et l’expérience apprend qu’il est rare de voir deux générations en recueillir les faveurs. »1.

 

Le comportement du travailleur américain est donc à l’exact opposé de celui du travailleur français. Il est animé par « l’american dream », le rêve de la réussite individuelle, et habité par l’accumulation de richesses et la consommation.

Le mode contractuel fait que le travailleur reste libre, et non contraint par un quelconque engagement implicite envers le collectif, ce qui réduit fortement l’influence des enjeux interpersonnels inhérents aux phénomènes de groupe, si présents dans les milieux de travail français. La « théorie de l’égalité permanente des biens », le socialisme, est contre-nature dans cet univers individualiste, marqué par l’optimisme et les opportunités de réussite personnelle. Le monde du travail n’est donc plus, comme en France, ce terrain où se déchainent les passions, et au cœur duquel se joue la partition de la dialectique sociale, mais un simple lieu de production, au sein duquel le travailleur doit remplir sa part du contrat et espérer prospérer. Les comportements y sont par conséquent plus homogènes : le travailleur n’a pas à donner plus que stipulé, mais il ne peut pas non plus se permettre de donner moins. Enfin, l’éthique de travail protestante, qui privilégie la productivité à l’affirmation du statut social, permet fortement d’assainir l’ambiance de travail, en la purgeant de ces enjeux interpersonnels qui rendent parfois si toxique le monde professionnel français.

Par ailleurs, dans cette Amérique, à l’état social éminemment démocratique, l’élite ne diffère pas de la masse. Les dirigeants adoptent d’ailleurs le plus souvent une gestion de leurs ressources humaines sur le mode égalitaire, avec une approche par motivation et conviction, délaissant le surplomb hiérarchique de la contrainte et de l’autorité. Les dynamiques interpersonnelles, en particulier celles liées à la séduction ou à la domination, omniprésentes en France, n’y sont pas admises, donnant parfois même lieu à de véritables mises au pilori. Si l’élite peut étaler sa réussite matérielle, suscitant ainsi l’admiration (et non l’envie), elle doit en revanche se garder de dégager un quelconque sentiment aristocratique de supériorité sociale.

Les « fortunes de la tech » en sont la parfaite illustration : tout en incarnant ce « mépris plus profond pour la théorie de l’égalité permanente des biens », l’égalitarisme économique, elles militent activement (et avec une tartufferie certaine) pour l’égalitarisme sociétal. Cette ploutocratie, qui a accumulé un niveau de richesses digne des pires tyrannies, affiche ostensiblement sa normalité, et arbore les codes vestimentaires et culturels de l’Américain moyen (jeune de surcroît), dans une parfaite symétrie avec leurs homologues égalitaires socialistes, en regard du prolétariat. Validant à nouveau l’adage orwellien, selon lequel si tous les hommes sont égaux, certains le seront toujours plus que d’autres.

François-Xavier Roucaut
Psychiatre
Professeur adjoint de clinique à l’université de Montréal

  1.  Alexis de Tocqueville , De la démocratie en Amérique,1835, État social des Anglo- Américains ↩

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