La mythologie gaullienne aime rappeler cette phrase célèbre, quoique apocryphe, du Général de Gaulle rappelant dans l’avènement d’un Homme providentiel, sa rencontre avec son peuple, sans oublier dans cela la notion grecque de Kairos, c’est-à-dire le moment, les circonstances. La France, après une dissolution ratée et une censure du gouvernement inédite depuis plus de 60 ans, exige un tel momentum !
Qui pour se réunir sous ce que le président de la République dessina, à 20h jeudi 5 décembre, le parapluie d’un hypothétique « Gouvernement d’Union Nationale » ?
Un Général pour la France
L’histoire passe les plats, saurons-nous déguster les bons. Au même moment, notre grande Nation s’apprête (dans les deux sens du terme) à recevoir le monde afin de célébrer la résurrection de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un chantier rondement mené en un temps record, dont l’ensemble des médias français, mais également étrangers, décrivent les ressorts d’un tel exploit.
Au centre de cette réussite figure un homme, un militaire, malheureusement décédé dans des circonstances qui donneraient raison à Camus tellement elles sont absurdes ; une chute en montagne lors d’une randonnée solitaire. Cet homme se nomme le Général d’Armée Jean-Louis Georgelin.
Voilà, vous avez démasqué le propos de cette tribune !
Faudrait-il, dans de telles circonstances, désigner un Général pour diriger la France ?
Que penser d’un des scenarii, un gouvernement technique ? Dont personne n’ose envisager qu’il pourrait être incarné par un quelconque techno, de Bercy. Or, je crois qu’il serait admis par les Français, pour un temps défini, que ce gouvernement porta l’ornementation des Hommes dont le sacerdoce est de se battre pour défendre les citoyens français. Qu’ils se battent là-bas contre le terrorisme ou ici pour surveiller les rues de nos grandes villes. Reconnaissons que nous avons surtout besoin, en ces temps troublés, de nous défendre de nous-mêmes. La maladie auto-immune diagnostiquée sous la forme d’une méconnaissance de la culture de compromis, voit le système immunitaire, sa propre représentation politique, attaquer son organisme politique. Ces dysfonctionnements, que ce soit à l’Elysée ou à l’Assemblée nationale, rongent nos institutions et handicapent sa capacité d’action.
« Qu’il ferme sa gueule » (lien associé à la vidéo)
Je dois confesser être parfois excessivement « pro-mili » dans l’utilisation hors du cadre des missions régaliennes admises pour l’emploi des armées et de ses valeureux soldats ; homéostasie familiale sans doute. Un seul exemple, lorsque l’armée combat les attaques cyber et cognitives, nul besoin de savoir si la menace vient d’ici ou de l’étranger.
J’ai souvent regretté, durant la crise du Covid-19, la sous-utilisation des talents de nos chefs militaires, ne comprenant pas pourquoi les laisser l’arme au pied alors que leurs savoir-faire sont essentiellement dirigés autour de la gestion des crises et l’emploi des moyens pour réduire celles-ci.
Les raisons de la réussite du Général Georgelin résident dans la capacité des militaires à construire une stratégie de planification et surtout d’en suivre l’exécution pratique et minutieuse sur le terrain.
Le chantier de Notre-Dame n’était sans doute pas la mission la plus périlleuse qu’ait connu ce grand commis de l’Etat. Toujours est-il qu’une autre raison de sa réussite reste visible sur le net, afin que chacun comprenne à quoi tient cette notion tant décrite quoique très évanescente de leadership. Et pour réussir de telles missions, il faut croire en son chef à 200%. Lorsque, auditionné au Sénat, Georgelin exige de la part d’une éminente personnalité du ministère de la culture de cesser ses prises de parole intempestives. En quelques mots, qui certes choquèrent les pudeurs de certaines gazelles, affirmèrent assurément l’autorité du chef. Soutenu par le silence du chef de l’Etat, il sut mettre instantanément tout le monde derrière lui. Chacune et chacun désormais orienté vers la conduite de sa tâche et acharné à respecter l’infrangible timing imposé par le Président de la République. CQFD !
Un gouvernement technique dont l’ultime mission serait de mener le pays vers la négociation d’un vote afin de donner un budget à la France et de gérer les affaires courantes, tout en se mettant d’accord sur des projets transpartisans, ne peut être confié, à ce stade de la crise politique et institutionnelle, à personne d’autre qu’à un militaire dont chacune et chacun, députés et responsables de partis, respectent déjà l’engagement total pour le pays.
Lorsque des situations exceptionnelles, telles que nous les vivons aujourd’hui, amputent l’action d’un immense pays qu’est la France, un général providentiel a déjà su sauver le pays, plusieurs fois d’ailleurs. Puis, il a su doter ce même pays d’une constitution très solide et favorable à l’exercice de la démocratie.
Un militaire n’a pour seule ambition politique que celle de mettre en œuvre le crédo simple qui le gouverne, socle de sa formation : la mission, le chef, les moyens. Comme le soldat Georgelin, entouré d’experts de la finance, de la culture et de l’artisanat, a su rebâtir la plus symbolique des cathédrales, un autre militaire saurait remettre le train France sur les rails de l’efficacité institutionnelle. Comme le rappellent les théories de Daron Acemoğlu, récompensées en 2024 par le Prix Nobel d’économie 2024, seules des institutions efficaces et inclusives permettent aux États de connaitre « Prospérité et Puissance ».
Jacky ISABELLO
Fondateur du Cabinet Parlez-moi d’Impact
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