Ce lundi 11 décembre, la tension était palpable dans l’hémicycle. L’atmosphère qui régnait lors de l’examen de la motion de censure du groupe LIOT pendant la réforme des retraites semblait refaire surface.
Cette fois, le scénario est bien différent. Le projet de loi immigration portée par le ministre de l’Intérieur n’a pas résisté à la motion de rejet portée par les écologistes.
Elle a été adoptée avec 270 voix contre 265.
Lors de son propos introductif, le premier flic de France se faisait le chantre du débat parlementaire. Pour Gérald Darmanin, “Ne pas parler d’immigration, rejeter le débat, c’est rejeter ce que demande les Français”. Tentant de séduire dans les dernières secondes ses anciens compagnons politiques, il annonce même un projet de loi sur la réforme de l’Aide médicale d’Etat (AME). Hélas ; la messe est déjà dite. Cette alliance de la “carpe” et du “lapin” qu’il redoutait a bien eu lieu.
Après avoir fait durer le suspens, Les Républicains et le Rassemblement national ont finalement soutenu la motion des Verts.
Chez LR, Olivier Marleix a dénoncé une “fausse promesse” qui permettra des “régularisations massives”. Pour le patron des députés républicains, “Le débat doit se poursuivre mais sur la base du texte adopté au Sénat”. Toutefois, cette position n’a pas fait l’unanimité au sein de son groupe. Sur les soixante deux députés, on dénombre quarante deux votes favorables, deux contre, et dix abstentions.
Du côté du RN, les députés ont profité pour régler leurs comptes avec le ministre de l’Intérieur. Edwige Diaz, l’oratrice du groupe a déploré les provocations du locataire de la place Beauvau. Pour la députée mariniste, “ce texte est invotable, car il va à l’encontre des attentes des Français qui sont 65 % à vouloir supprimer le droit du sol”.
A gauche , les différentes chapelles politiques appellent à la démission du ministre. Cette motion de rejet aux allures de motion de censure apparaît comme un véritable camouflet d’abord pour le premier flic de France. En première ligne sur ce texte, dont il espérait faire un tremplin pour accéder à Matignon, Gérald Darmanin sort plus que jamais fragilisé politiquement de cette séquence. Reçu dans la soirée à l’Elysée, il a présenté sa démission au chef de l’Etat qui l’a refusée. Pour la majorité présidentielle, c’est aussi le revers de la médaille de la politique du “en même temps”. Déterminé à gouverner avec cette majorité relative, Emmanuel Macron tirera-t-il enfin les leçons de cette déconvenue ? Allons-nous vers une dissolution ?
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