Le conclave sur les retraites n’a pas abouti à un accord global entre partenaires sociaux. Mais, contrairement à ce qu’imaginait le PS, l’histoire ne s’arrête pas là. Après les discussions entre patronat et syndicat, le Premier ministre proposera bel et bien un texte de compromis aux parlementaires. La motion de censure déposée par le PS ne sera pas votée, le RN ne s’y associant pas. Le parti d’Olivier Faure revient à la case départ aux cotés des Insoumis.
« Être gros Jean comme devant », le dernier vers de la fable de « La laitière et le pot au lait » s’applique aux socialistes à propos du conclave sur les retraites. N’écoutant que leur aversion envers François Bayrou, persuadés qu’au final, faute d’accord entre syndicats et patronat, les parlementaires ne seraient saisis d’aucun texte, ils se sont précipités pour dénoncer la « trahison » du Premier ministre accusé de ne pas respecter la parole donnée. Ils se voyaient déjà comme les héros de l’actualité politique, ceux par lesquels le Premier ministre et le socle commun avec lui seraient contraints d’admettre leur échec.
Mais en vieux routier de la politique, François Bayrou a puisé dans son sac à malices pour proposer un texte reprenant les mesures de compromis actées lors du conclave. Adieu veau, vache, cochon, couvée… Les socialistes ne tireront aucun bénéfice de cette censure qui a pour seul effet de les remettre dans l’orbite de Jean-Luc Mélenchon.
La discussion parlementaire aura lieu à l’automne lors du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Et le PS se retrouvera exactement dans la même situation qu’aux débuts du gouvernement Bayrou. Devra-t-il laisser passer le texte qui comprend des avancées pour les mères de famille, la baisse de l’âge de décote et peut-être sur la pénibilité, ou renoncer à ces progrès sous prétexte que patronat et syndicats se sont mis d’accord pour ne pas revenir sur le départ à 64 ans ? Le PS s’inscrira-t-il dans le paysage comme un parti de gouvernement, disposé aux compromis que suppose l’élection de la majorité parlementaire à la proportionnelle, ou bien s’arrimera-t-il à LFI dans la protestation systématique ? Ces questions sont rigoureusement les mêmes qu’il y a six mois.
Entretemps le PS aura déposé deux motions de censure. L’une sur le mot « submersion migratoire », l’autre sur une intention non vérifiée et non avérée. Comme si se payer de mots était la meilleure façon de faire de la politique.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste