L’élection très confortable de Bruno Retailleau à la présidence de LR, réveille à droite l’espoir de revenir au pouvoir en position de force. Mais s’ils ne doivent pas perdre de temps pour reconstruire leur unité sur un projet, les Républicains doivent aussi refreiner leurs impatiences.
Sophie Primas est la porte-parole du gouvernement Bayrou. L’ancienne sénatrice des Yvelines n’en est pas moins LR jusqu’au bout des ongles. Élue d’un département qui a largement plébiscité Bruno Retailleau, la ministre a lâché le fond de sa pensée en toute franchise : « le macronisme, probablement, trouvera une fin dans les mois qui viennent, avec la fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron ». Une impatience à la mesure de l’enthousiasme des Républicains. Ils perçoivent enfin le bout d’un long tunnel qui n’en finissait pas de s’enfoncer dans les ténèbres électorales.
La lumière est encore loin, mais ils en discernent au moins la petite lueur. Car si leur avenir est encore très incertain, celui de leurs adversaires n’est pas dégagé non plus. Comment va évoluer le duo Marine Le Pen / Jordan Bardella ? Leurs électeurs accepteront-ils longtemps cette indécision ? Quel est l’avenir du macronisme sans Emmanuel Macron président ? D’autant, observent ses opposants, qu’à force de heurter ses dauphins potentiels, le président de la République semble être le premier à vouloir que l’aventure s’arrête avec lui. Certes, Macron et Le Pen sont deux marques électorales qui ont asphyxié Les Républicains. Mais aucune famille politique ne résiste longtemps à l’absence de chef. Les LR ont payé pour le savoir, eux qui en avaient tant qu’ils n’en avaient aucun.
Une autre difficulté pèse autant sur le centre macroniste, LR ou le RN, c’est l’absence d’une ligne politique claire et solide.
Dans le camp présidentiel, Gabriel Attal, Gérald Darmanin ou Edouard Philippe incarnent chacun une approche différente. Au RN, Marine Le Pen est plus ouverte sur le plan social que le libéral Jordan Bardella. Les LR n’ont pas beaucoup de divergences sur le fond, mais ils peuvent s’en créer sur la question des alliances.
Car le troisième problème à résoudre, une fois la question de l’incarnation et de la ligne tranchée, est celui des partenaires en vue des seconds tours électoraux. Le socle commun gouvernemental est-il autre chose qu’une alliance de circonstance ? La gauche est-elle irréconciliable ? Quelles sont les frontières de la droite ? Y a-t-il aujourd’hui une famille politique certaine de l’emporter seule ? C’est-à-dire capable d’obtenir la majorité absolue sans alliés ? Sans doute pas. Les Républicains les plus impatients espèrent sans doute tirer avantage de l’affaiblissement conjugué du macronisme et du RN. Mais la réalité, c’est qu’aujourd’hui, ils ne constituent pas un pôle attractif. Bruno Retailleau l’a bien compris. C’est pourquoi il préfère se consacrer à la préparation des municipales. Ces élections locales ont le mérite de tester de nombreuses configurations en termes d’alliances. Le nouveau président de LR se donne le temps de la prudence. Son autorité se mesurera à sa capacité à calmer les ardeurs des impatients.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste