Dans cette tribune, Alice Clergeau, responsable des jeunes LR Charente, souhaite porter la voix de plus de 200 citoyens qui refusent un nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron.
« Le soupçon qui pèse aujourd’hui sur nos représentants, le manque d’efficacité et l’insuffisante responsabilité de nos dirigeants menacent notre démocratie. » Voici les termes inscrits sur la profession de foi d’Emmanuel Macron en 2017 : une parole qui nous promettait un renouveau de la politique menée par un outsider sans programme et adulé par des sympathisants en quête d’un système innovant. Un monde si neuf, que le système imposé depuis 5 ans met la démocratie à rude épreuve aujourd’hui.
L’irresponsabilité contestée ci-dessus est un réel sujet. La confiance envers le monde politique est au plus bas, avec un niveau de confiance fixé à 21% pour les partis politiques contre 82% pour les hôpitaux. Elle est certes entachée par une succession de scandales depuis les années 80, mais le quinquennat d’Emmanuel Macron est loin d’être exemplaire. Si les homards de Rugy étaient l’unique erreur, les français se porteraient à merveille. Mais nos citoyens ont malheureusement eu l’occasion d’être déroutés lors des Gilets jaunes, de l’affaire Benalla, de l’affaire Orpéa ou plus récemment de l’affaire McKinsey. Rappelons simplement que la révolte des Gilets jaunes a émergé lorsque le premier ministre proposait une taxation supplémentaire sur le carburant pour réduire l’utilisation des véhicules afin de préserver notre planète. C’est en réalité l’incarnation d’un exécutif déconnecté incapable de saisir le quotidien des français. Ce comportement n’a rien de surprenant quand on sait que le Président a déclaré : « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». La rupture entre le cercle élitiste mondialisé et la France périphérique ne faisait plus aucun doute, elle était assumée.
Au-delà de l’arrogance se cache le mensonge et un relativisme face à toutes épreuves. Les chiffres témoignant de l’insécurité croissante dans notre pays ont été rapidement étouffés par le fameux sentiment d’insécurité qui serait de l’ordre du fantasme. La réponse à l’affaire McKinsey s’est limitée à l’assurance du gouvernement que l’entreprise paierait ses impôts. Il n’y a donc aucune remise en question : chez les macronistes, les problèmes ne sont pas ceux que vous croyez. D’ailleurs le président candidat n’a jamais assumé le bilan de son quinquennat. Mis à part une mise en scène de sa repentance devant les journalistes en décembre, sa réélection paraît naturelle car ce quinquennat lui a permis d’apprendre, il est donc prêt à agir…
L’humilité aurait pu être au rendez-vous, faire campagne auprès du camp des oubliés aurait pu être de bon goût. Mais cela n’était pas nécessaire… Emmanuel Macron et ses fidèles destriers ont été connectés aux français via TikTok ou en accueillant des Youtubeurs à l’Elysée. Pourtant, il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il existe une classe oubliée, méprisée, cette classe tiraillée entre l’aspiration élévatrice vers l’élite d’un Georges Duroy ou bien le déshonneur d’une Gervaise : la classe moyenne. Elle n’a de moyenne que le nom, en tout cas, on devrait l’appeler la classe majoritaire. Alors qu’en 2017, le président tweetait : « Si le FN est au second tour, c’est parce qu’il n’ y a pas de résultats. Il faut tout faire pour que le pays aille mieux », il serait temps de s’interroger sur son (in)action politique.
Voter Emmanuel Macron c’est affirmer que les problèmes sont les violences policières et non pas la délinquance, voter Emmanuel Macron c’est assumer qu’il n’existe pas de culture française, voter Emmanuel Macron c’est accepter que le contribuable paie 10 000 euros pour le jet de Jean Castex afin qu’il mette son bulletin dans l’urne alors que le travailleur peine à se déplacer à cause du coût de l’essence… C’est un tas de va-et-vient, c’est l’absence d’une vision qui n’a cessé de trahir les uns et les autres. Face aux tensions, l’autonomie de la Corse est possible, quelques jours après, c’est impossible. C’est également les 80km/h, les 10 livres de Marlène Schiappa alors que la citoyenneté est en crise, la destruction de la langue française au nom des minorités, la suppression de l’ENA pour une école d’Etat management qui préfère la discrimnation positive plutôt que la méritocratie, la diminution des enseignements fondamentaux alors que près de 1⁄4 des élèves en 6ème ne savent ni lire ni écrire, le déboulonnage de nos statues et un bicentenaire pour Napoléon à demi-mots, la baisse des APL, la fermeture de Fessenheim suivie d’un mea culpa pro nucléaire… Ordre et contre-ordre, un coup pour rassurer l’électorat de gauche, un coup pour rallier l’électorat de droite. Voici l’œuvre de Jupiter…
Philippe Séguin avait écrit lors des débats sur le traité de Maastricht : « France ! Réveille-toi ! ». Notre appel aujourd’hui est le même.
Les citoyens sont libres mais la situation actuelle nous prend en otage : ils n’ont que le choix entre un président méprisant dont ils ne veulent plus et une candidate extrémiste. Les résultats du premier tour montrent le mal-être français et la division de son peuple. C’est l’occasion de mettre le sujet du vote blanc sur la table. Le vote blanc serait une alternative au vote de protestation. Ainsi ce dernier serait certainement moins marqué et le recours au vote “utile” limité.
Au-delà du vote du 24 avril, il est de notre devoir de nous pencher sur une reconstruction de la vie politique. Loin des effets d’annonce d’un renouveau de la classe politique, réaffirmer le clivage gauche-droite est une priorité. Il est temps de faire émerger une génération d’hommes et de femmes engagés prêts à porter une ligne claire, il est temps de se débarrasser de la quête du pouvoir à tout prix, il est temps de mener une politique authentique et gaulliste. Pour réussir à servir la France, la droite de demain doit être digne, exigeante, sociale et souverainiste. La droite doit réapprendre à parler aux français.
Alice Clergeau