L’idée de proximité telle que nous l’avons abordée dans notre précédent article doit être considérée au sens large du terme. C’est en effet, avant tout un concept beaucoup plus large dans l’espace et dans le temps mais aussi dans les relations humaines qui doit permettre de venir à bout des attentes, tracasseries et contre-temps permanents qui font le quotidien des chefs d’entreprises.
Soyons honnêtes, la mondialisation telle que nous la connaissons, symbole de ces trois dernières décennies et raison d’être d’une partie des industriels, paraît désormais avoir atteint ses limites. Economiquement parce qu’elle repose sur une croissance effrénée et permanente, elle a perdu une partie de son intérêt. Moralement, parce qu’elle est impitoyable elle est devenue la proie de toutes les critiques et de la cible de tous les courants contestataires.
Le nouveau mot à la mode c’est désormais la proximité. Le mouvement de fond de plus en plus perceptible, pour un retour à la production et à la consommation, locales, d’une bonne partie de la population française, prouve s’il en était besoin qu’il est temps pour les politiques de se recentrer sur les territoires. Evitons pour autant d’être des naïfs ; n’en déplaise aux fâcheux et aux grincheux, la mondialisation même dépassée, n’en a pas moins encore de beaux restes et quelques beaux jours devant elle.
Il ne s’agira donc pas d’entraîner nos régions dans la mise en place d’un schéma économique essentiellement circulaire et autarcique, qui se révélerait rapidement contreproductif voire suicidaire, mais plutôt de les aider à trouver leur place dans cette nouvelle économie mondiale qui se met en place.
Rappelons-le, notre propos reste la réindustrialisation de la France, pas son repli sur elle-même. Il ne peut donc s’inscrire que dans un contexte large et international avec une vision et une stratégie sur le long terme.
Dans ce contexte et face à cette nouvelle donne, il n’y a pas d’autres choix que de se lancer dans une politique de développement industrielle territoriale accélérée. Le territoire doit en effet devenir l’unité élémentaire de la volonté de reconquête industrielle de la France. Ses forces vives que sont les chefs d’entreprises, les élus, les pouvoirs publics et les hommes et les femmes qui travaillent dans nos entreprises, doivent avoir la volonté et les moyens d’en être pleinement acteurs.
Cela ne se fera pas sans une réflexion globale à l’échelle du pays. Elle devra être portée et animée par des politiques capables de comprendre et de défendre les arbitrages nécessaires au niveau national et international, afin que chaque territoire soit associé à une stratégie de développement dans le secteur d’activité qui lui est le plus propice.
La reconnaissance de ces territoires et leur capacité à devenir le leader d’un secteur défini se fera dès lors en déployant un écosystème local, dimensionné pour fédérer l’ensemble des entreprises régionales, quelle que soit leur taille, et leur apprendre à se développer et à travailler en réseau pour redonner son sens à l’industrie française.
« Ensemble, redonnons du sens à l’industrie française »
Eric Remisz
Dirigeant passionné par le potentiel de l’industrie française
Crédit photo : Christian Jacquet, photographe