Le pays est frappé de sidération devant des pillages et des dégradations qui sont le fait de jeunes, voire de très jeunes. La raison est en échec d’explications devant des actes des gens d’un territoire qui abîment celui-ci, leur propre lieu de vie. Une sorte de scarification sociale.
Ces entailles dans la peau-territoire sont une décharge d’un trop plein douloureux. Pas étonnant qu’ils soient particulièrement le fait d’adolescents.
Il ne s’agit pas d’excuser mais de replonger dans ce moi-peau pour en cerner les ressorts.
Le moi-peau est une expression due au psychanalyste Didier Anzieu. Selon lui, le ‘moi-peau’ soutient le psychisme comme la peau le fait pour le squelette et les muscles. Le Moi-peau assure une fonction d’individuation du Soi. Comme pour la peau, on est dans la membrane qui nous relie à notre intime tout en étant la marque de la rencontre, de l’altérité. C’est le cœur même de la constitution de l’identité. On ne peut pas être surpris de cette relation entre quête d’identité, d’individuation, ces actes de scarification et les soubassements de ressentiments dont je fais le tamis d’analyses dans un livre en préparation sur la ‘société ressentimentale’
On a là la grille d’analyse de la ‘chaîne de haine’ qui se déploie actuellement.
Elle doit permettre de dépasser les commentaires convenus qui ne saisissent rien en cherchant une logique matérielle à une dérive psychologique dans un profond désordre émotionnel.
Il y va de la cohésion sociale.
Pierre Larrouy