La langue française n’est pas la seule victime du wokisme dont l’écriture soi-disant « inclusive » est le langage. Il s’en est trouvé une autre : la cause animale. Après des années d’efforts pour la faire entendre y compris en questionnant la légitimité de la consommation de viande, les défenseurs de cette cause s’en voient médiatiquement dépossédés par des politiciens qui multiplient les outrances dans tous les domaines.
Le cas de Sandrine Rousseau en est un bon exemple. Cette experte en agitprop médiatique a réussi à teinter la question de la viande d’une idéologie néoféministe qui peine à dissimuler sa misandrie sexiste, stigmatisant les hommes à partir d’une vision ridiculement manichéenne où la viande est le fait non pas de l’humanité, mais de ces messieurs. Il faut croire que la consommation de viande est par essence masculine, une idée imposée à des femmes réticentes sans doute. On les imagine très bien d’ailleurs à l’âge des pierres tenter la larme à l’œil de retenir les mâles d’aller faire un carnage à la chasse et refusant de participer aux festins carnés, s’opposant plus tard à l’élevage, libérant les animaux de leurs enclos, et leurs lointaines descendantes regarder avec mépris les riches se repaître d’une viande qu’elles auraient refusé de manger quand bien même elles auraient eu les moyens de se la payer, quand leurs maris salivaient bêtement, pleurant sur leur identité masculine contrariée par une bourse trop peu fournie.
Sandrine Rousseau et ses acolytes ruinent des décennies d’efforts pour porter sérieusement la cause animale sur la place publique.
Les wokes de la cause animale – qui n’en manque pas – s’en félicitent ; d’autres, comme moi, regardent avec amertume le rouleau compresseur médiatique s’abattre sur une pauvre cause animale transformée en lubie woke. A ce petit jeu, beaucoup trouvent leur compte. Les wokes font main basse sur une cause universelle pour faire passer frauduleusement leur agenda délétère (quand ils ne sont pas animés d’intentions bassement électoralistes) ; les adversaires de la cause animale en profitent pour faire de l’animalisme l’aboutissement d’un progressisme perverti, même si tous, fort heureusement, ne cèdent pas à cette facilité. Le constat que faisait Caroline Fourest à propos du féminisme universaliste, lui-même broyé par le néoféminisme woke, il est temps de le faire pour la cause animale. Ce constat, hélas, bien peu le feront dans les rangs animalistes. Il est vrai que le camp du silence est confortable, mais c’est un choix, et tous les choix ont des conséquences. Espérons qu’elles ne seront pas politiquement fatales aux seuls qui n’ont pas leur mot à dire dans cette histoire, ceux qui ne font que pousser des cris dans les élevages et les abattoirs, des cris étouffés dans le bruit délirant de l’idéologie woke.
David Chauvet
Essayiste, docteur en droit privé et sciences criminelles