Pour autant la vague rouge attendue ne fut pas au rendez-vous : le Sénat restera démocrate ; quant à la Chambre des représentants elle est acquise aux Républicains mais aucunement dans les proportions annoncées par les sondages. Il faut chercher ailleurs néanmoins la lecture de ce scrutin, en élargissant le scope de son interprétation à l’état des forces politiques à l’échelle des démocraties libérales. Après les élections au Brésil, et encore plus après les législatives italiennes et suédoises, la figure d’une grande opposition se répète entre “populaires” et “élitaires”, une dichotomie sans doute moins tendancieuse que celle voulant opposer “populistes” et “progressistes” dans la mesure où cette dernière est d’abord le fruit de la conception des seconds qui ont préempté, un tantinet abusivement, le sens et l’histoire de la notion de “progrès”.
Ici et maintenant, l’Occident est traversé par une faille qui, scrutin après scrutin, témoigne d’une tension où alternent avancées et reculs des uns et des autres au gré de circonstances nécessairement évolutives, sans que l’un des partis ne soit à ce stade en mesure de l’emporter sur l’autre.
C’est à cette bipartition que nous sommes désormais exposés entre deux partis qui bien entendu selon chaque nation prennent des formes différentes, mais qui à proportion qu’ils se combattent ne cessent de voir le fossé qui les sépare s’accroître au risque, à terme, de rendre inconciliable jusqu’à leur cohabitation démocratique. Cette convulsion s’érige tous les jours un peu plus comme la nouvelle grande affaire de tout l’Occident politique.
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à l’Université Paris Sorbonne