Au sens premier du terme, le parrainage a un sens et une définition forte, être le parrain d’un enfant signifie lui apporter son soutien moral, économique et matériel. Parrainer une femme ou un homme politique à l’élection présidentielle ne doit pas avoir le même sens.
L’affirmation qui ne cesse de fleurir : « Parrainer n’est pas soutenir » est fausse. On peut retourner le problème dans tous les sens, s’abstraire d’une partie d’une réalité qui ne nous convient pas, les mots signifient quelque chose : parrainer, c’est soutenir !
Pourtant ce système dit des « 500 parrainages » est une création dans notre société. Les textes, au premier desquels, la loi du 6 novembre 1962 relative à l’élection du Président de la République au suffrage universel, n’évoquent aucunement une notion de parrainage.
Elle fait référence à des « présentations » : les candidats doivent recueillir 500 présentations. Comment en sommes-nous venus à mettre ces deux notions de présentation et de parrainage au même rang, au point de nous dédire devant l’impensable et demander à des élus locaux de parrainer à la toute hâte des candidats qu’ils ne soutiennent absolument pas pour éviter un déni de démocratie ? Je l’ignore, mais je suis persuadé que si nous étions restés à la notion première de « présentateur » et non de « parrain » nous n’en serions pas là.
Je ne pense pas qu’il faille remettre en cause le système des « présentations », il est essentiel pour notre démocratie – il s’agit même de la seule vraie condition pour être candidat à l’élection présidentielle.
Ce filtre démocratique a une valeur et un rôle forts. L’idée n’est pas de supprimer ni de le réformer, mais de retourner à l’esprit des textes. Quand la notion de présentations qui revient à faire rencontrer une femme ou un homme politique avec des citoyens est remplacée par la notion de parrainage, nous en dévoyons le sens et la portée. C’est cette situation qui conduit des candidats très haut dans les sondages à ne pas obtenir les fameuses signatures, car là où la loi nous demande de les présenter, nous avons décidé qu’il fallait les parrainer et donc les soutenir.
Bien évidemment, je souhaite que ces candidats puissent être présents sur la ligne de départ, c’est essentiel pour notre démocratie. Je ne souhaite pas simplement pas que l’on blâme les élus locaux pour une erreur et un dévoiement que nous avons fait collectivement.
Je le réitère, les mots ont du sens, et plus nous l’oublierons, plus nous nous perdrons. Arrêtons de parler de parrainage là où l’on nous demande simplement des présentations.
Olivier Richefou
Président du Conseil Départemental de la Mayenne