Si la stabilité et la prévisibilité sont les bienvenues, le Gouvernement doit (ré)agir pour défendre notre économie et nos emplois dans la négociation finale d’un pré-accord déséquilibré.
Le Gouvernement doit transformer l’essai
Le récent préaccord sur les droits de douane entre l’Union européenne et les États-Unis a été accueilli avec un mélange complexe de sentiments par les PME françaises. Si la stabilité et la visibilité qu’il promet sont indéniables, le coût de cette accalmie commerciale risque de peser lourdement sur nos entreprises et l’emploi, notamment en Île-de-France. Donald TRUMP a en effet su utiliser les faiblesses des Européens, leurs nombreuses divisions internes et dépendances externes – stratégique, commerciale, énergétique…
Nous avons salué l’écoute attentive du gouvernement français qui, au cours des négociations préliminaires, a semblé prendre en compte les préoccupations légitimes de nos TPE et PME. Cette attention est cruciale, car c’est notre capacité à exporter, innover et créer de la valeur qui soutient des milliers d’emplois sur notre territoire. Cependant, cette première étape positive ne doit pas rester un coup d’épée dans l’eau. Nous attendons désormais du Gouvernement de la France qu’il transforme l’essai en relayant et en faisant valoir avec conviction, fermeté et pugnacité, nos intérêts vitaux dans la négociation cruciale de l’accord final sur les droits de douane.
L’enjeu est de taille : nos emplois et la prospérité de nos régions en dépendent très directement !
Une stabilité qui n’a pas de prix mais un coût élevé
Certes, cet accord offre un semblant de stabilité bienvenue dans un contexte économique mondial incertain, aléatoire, chaotique, marqué par l’incertitude et les tensions géopolitiques. Pour les PME, la prévisibilité, même sous-optimale, est un atout majeur, leur permettant de planifier leurs investissements, de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et de se projeter avec plus de sérénité sur les marchés internationaux. Cependant, cette stabilité, aussi désirable soit-elle, a un coût, et l’Europe semble malheureusement s’apprêter à payer une addition salée…
Le préaccord UE-USA, bien que présenté comme un rempart indispensable contre une escalade de la guerre commerciale, est malheureusement déséquilibré et frappe durement notre économie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 15 % de droits de douane imposés sur nos exportations et des concessions majeures accordées de notre côté, sans oublier le secteur viticole français, fleuron de notre patrimoine et de notre savoir-faire, pris en otage dans ces négociations. Dans ce jeu de dupes, nos PME et TPE se retrouvent en première ligne, subissant de plein fouet les contrecoups de ces décisions macroéconomiques, avec des marges réduites et une compétitivité amoindrie.
Les PME françaises ne demandent pas l’aumône
Si toutes nos grandes régions industrielles ou agricoles sont touchées, l’Île-de-France sera particulièrement concernée par les conséquences en cascade de cet accord. Et pour cause : les exportations franciliennes vers les États-Unis concernent 1 PME exportatrice locale sur 3 et représentent 25% des exportations françaises vers ce pays.
Ces entreprises, souvent dotées de ressources limitées et d’une capacité d’adaptation contrainte, sont particulièrement vulnérables aux fluctuations des politiques commerciales et aux barrières tarifaires.
Elles ne demandent pas l’aumône à l’État, mais simplement la possibilité de travailler dans un environnement commercial juste et équitable, et de pouvoir améliorer leur productivité sans être pénalisées par des entraves douanières excessives et arbitraires. C’est en leur offrant une Europe économiquement plus forte et les conditions d’un développement serein que le Gouvernement pourra contribuer à maintenir notre dynamisme économique et préserver notre compétitivité.
Le Gouvernement français a donc une responsabilité historique et impérieuse : celle de veiller à ce que l’accord final rééquilibre la balance des concessions et protège efficacement les intérêts vitaux de nos TPE et PME. C’est en défendant ardemment notre tissu économique, en garantissant un accès juste et équitable aux marchés internationaux, que nous assurerons la pérennité de nos emplois, la vitalité de nos industries et la prospérité durable de notre Nation.
Bernard Cohen-Haddad
président du Think Tank Étienne Marcel.