Les Jeux paralympiques de Paris 2024 ont été un moment de célébration pour toutes et tous, un rappel éclatant que le sport dépasse les limites physiques, culturelles et géographiques. Mais derrière cette vitrine mondiale, la réalité quotidienne reste plus ambivalente. Comment notre société intègre-t-elle réellement les personnes en situation de handicap ?
Le Handicap : une prise en compte encore insuffisante
Paris 2024 ne doit pas masquer les lacunes de notre société, notamment dans les territoires ruraux comme ceux de notre Bretagne. En France, 12 millions de personnes vivent avec un handicap et 9 millions de personnes sont aidantes. Malgré les lois de 1975 et encore plus de 2005 qui promettaient l’accessibilité à 100% des établissements recevant du public (ERP), les progrès en la matière sont encore trop lents. À titre d’exemple, à peine de 50 % des ERP sont totalement accessibles. L’égalité des chances reste un concept lointain pour beaucoup, que ce soit dans l’accès à l’éducation, au travail ou aux loisirs.
Trop souvent, le handicap est abordé de façon ponctuelle, à travers des événements médiatiques comme les Jeux paralympiques, mais cela ne suffit pas.
Une société inclusive ne se construit pas seulement sur des événements ponctuels, mais sur un travail de fond, constant et durable. Il est nécessaire de repenser l’organisation de nos villes et de nos services publics pour garantir une inclusion réelle.
Le handicap doit être une priorité politique, car il témoigne de l’attention et de la dignité humaine de toutes et tous.
De fait, le premier motif de recours au Défenseur des droits pour discrimination est le handicap ce qui devrait nous alerter.
Les territoires ruraux, grands oubliés
Si l’accessibilité des grandes villes progresse, même si cela reste encore insuffisant (à Paris 3% seulement du réseau de métro est accessible aux fauteuils roulants), les territoires ruraux sont quant à eux les grands oubliés de cette transition. Les obstacles à l’inclusion y sont encore plus prononcés.
En Bretagne, par exemple, l’accès aux soins, aux services spécialisés et même aux transports publics est souvent limité, voire inexistant.
Les infrastructures adaptées sont rares, et de nombreuses personnes se retrouvent isolées, faute de moyens ou de soutien.
Près de 70 % des personnes concernées vivant en milieu rural rencontrent des difficultés pour accéder aux services de base.
Ce chiffre est alarmant et montre l’urgence d’adapter les politiques publiques aux réalités de ces territoires. Le manque de moyens et l’éloignement géographique des services spécialisés aggravent l’isolement des personnes en situation de handicap dans ces territoires.
En effet, pour beaucoup d’entre elles, l’inclusion sociale devient un défi quotidien, là où dans les villes, des solutions commencent timidement à émerger. Il est donc impératif que l’État et les collectivités locales s’engagent à adapter leurs politiques aux réalités rurales.
L’inclusion ne doit pas être un simple slogan. Le concept de « Design for All » pourrait être au cœur de nos politiques publiques : penser des environnements accessibles à tous, et avant tout à celles et ceux en situation de handicap. Ainsi, l’arbre des Jeux paralympiques avec leurs 350 000 visiteurs et 4 400 athlètes ne doivent pas cacher la forêt des défis quotidiens : cet événement doit être un moteur de changement au long cours afin de créer un espace d’égale dignité pour tous.