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dans Libre opinion

Peut-on lutter contre la bêtise ?

Première partie

ParPierre-André Taguieff
29 novembre 2022
Peut-on lutter contre la bêtise ?

Dans cette tribune en quatre parties, Pierre-André Taguieff nous livre une critique philosophique de la bêtise.

On lutte, avec raison et parfois avec quelque succès, contre l’ignorance, l’erreur, l’illusion et le mensonge. Au nom de la vérité, on lutte aussi contre les rumeurs et les préjugés. Et l’on s’efforce de dissiper les visions délirantes.

Toutes ces luttes intellectuelles impliquent un recours méthodique à l’analyse et à l’examen critique. Mais peut-on lutter efficacement contre la bêtise ? Doit-on déclarer la guerre à la bêtise et à quelles armes symboliques recourir ? Raymond Aron affirmait que « l’ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l’Histoire » (Le Spectateur engagé, 1981). Et il ajoutait : « Le dernier livre que je voudrais écrire vers la fin porterait sur le rôle de la bêtise dans l’Histoire. » Mais l’attention des historiens et des philosophes s’est portée sur l’ignorance plutôt que sur la bêtise. Ils ont aussi privilégié l’étude des effets des erreurs de jugement des gouvernants, des illusions collectives et des mensonges de propagande sur le cours de l’Histoire.

Le rôle de la bêtise dans l’Histoire reste donc méconnu, en dépit des remarques faites sur la question par divers esprits lucides, de Gustave Le Bon, Friedrich Nietzsche et Léon Bloy à Raymond Aron et Clément Rosset en passant par Paul Valéry, José Ortega y Gasset et Robert Musil. Tous, par des voies différentes, ont tenté d’en définir la notion, sans jamais parvenir à un accord sur son noyau dur.

Tout se passe comme si la bêtise se dérobait devant les tentatives de l’expliquer et de la comprendre. Et pourtant, nous savons qu’elle existe.

Nous en connaissons plus ou moins les effets. Dans le monde moderne occidentalisé où les idéologies politiques tendent à remplacer les vieilles croyances religieuses, non sans les parasiter, la bêtise est inévitablement idéologisée. Disons que la bêtise s’insinue en tout « isme », masquée par la cohérence apparente des constructions idéologiques. Comment peut-on dès lors y échapper ?

En explorant les territoires les plus divers des luttes politiques, en analysant notamment les discours dits extrémistes et ceux de leurs ennemis déclarés, les anti-extrémistes, on ne cesse d’être troublé par le simple constat d’une dissémination sans limites de la bêtise. Il est difficile de ne pas s’interroger sur la régularité avec laquelle celle-ci se manifeste dans les débats publics. À vrai dire, rien n’est plus banal que la bêtise, car elle se confond avec l’émission de pensées banales, indéfiniment répétées, et cette affligeante banalité la rend imperceptible, comme si elle était un élément nécessaire du décor. Elle s’intègre pour ainsi dire dans le bruit de fond du fonctionnement social, elle fait partie de la rumeur du monde, celle qu’on n’écoute plus dans la vie ordinaire mais dans laquelle on baigne.

La bêtise est donc d’abord une donnée immédiate de l’expérience sociale. Mais l’existence aveuglante de la bêtise ne doit pas nous cacher son essence énigmatique.

Pour commencer à réfléchir sérieusement sur la question, il faut avoir à l’esprit  les trois premières « lois fondamentales de la stupidité humaine » formulées par Carlo M. Cipolla en 1976 : « Chacun sous-estime toujours inévitablement le nombre d’individus stupides existant dans le monde » ; « La probabilité que tel individu soit stupide est indépendante de toutes les autres caractéristiques de cet individu » ; « Est stupide celui qui entraîne une perte pour un autre individu ou pour un groupe d’autres individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant éventuellement des pertes .» C’est là ce qui expose l’individu stupide au ridicule.

Par ses propos comme par ses actes, l’individu stupide déclenche le rire autant que des sentiments de mépris ou d’apitoiement. Car il y a des imbéciles heureux et des imbéciles malheureux. De quoi rire ou pleurer, jusqu’à pleurer de rire. De quoi aussi être exaspéré, jusqu’à la colère.

L’ironie méprisante est le bâton de longueur qui les rend supportables. On peut aussi considérer, avec Barbey d’Aurevilly, que « la politesse est le meilleur bâton de longueur qu’il y ait entre soi et les sots .» Il faut toutefois se rendre à l’évidence : dans le cas d’un imbécile, le ridicule ne tue pas. La résilience de l’imbécile est sans limites. De quoi désespérer les esprits les plus combatifs. Sauf à transformer ces raisons de désespérer en spectacle comique.

 Mais, face à la bêtise, suffit-il d’en rire ? Si le rire est une expression de la sociabilité, car « celui qui ne rit pas est grincheux ou pédant » (Kant), il ne suffit pas de rire ensemble pour échapper à la bêtise. Il n’avait pas échappé à Kant qu’il y a des communautés de rieurs imbéciles : « Un rire mécanique (à qui manque tout principe spirituel) est fade, et rend insipide la compagnie des rieurs. »

Le rire partagé et contagieux peut souder une communauté d’imbéciles, comme le montrent les rires bruyants de ceux qui assistent à des spectacles d’humoristes-pétomanes, enchaînant les jeux de mots les plus éculés, les « gros mots » et les injures grossières.

De nombreuses émissions dites de variétés, pièces maîtresses de l’industrie du divertissement, jouent sur cette bêtise contagieuse de groupe. La bêtise fonctionne comme un gaz hilarant.

Schopenhauer voyait dans l’attrait de la ressemblance la raison majeure du regroupement spontané des imbéciles, la force motrice qui les amène à « faire communauté » :

« La source de tout plaisir est l’homogénéité. Pour notre sens de la beauté, notre propre espèce, et dans celle-ci notre propre race, sont indiscutablement les plus belles pour nous. En matière de relations sociales aussi, chacun préfère nettement celui qui lui ressemble ; ainsi, pour un imbécile, la fréquentation d’un autre imbécile est infiniment plus agréable que celle de tous les grands esprits réunis. »

Imaginons un imbécile idéologisé contemporain lisant ce passage de Schopenhauer. Conformément au célèbre proverbe chinois (« Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt »), l’imbécile de notre temps, convenablement « wokisé », s’indignerait de l’emploi du mot « race » par le philosophe, en déduirait qu’il est « raciste », et conclurait qu’il faut d’urgence supprimer ses œuvres des programmes scolaires ainsi que des bibliothèques universitaires. Il prendrait donc le mot « race » à la lettre, ou littéralement, c’est-à-dire au sens imposé par la vulgate antiraciste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – la chaîne d’équivalences étant « race » = « racisme » = « nazisme ».

 Le même type contemporain d’imbécile, lorsqu’il se veut « antifasciste », dénonce le malheureux qui, oubliant imprudemment les interdits lexicaux édictés par le « politiquement correct », emploie les expressions « Français de souche » et « identité nationale » (ou « française »), censées être « de droite » ou « d’extrême droite », ou encore le mot « terroir », censé être « pétainiste .»

C’est ainsi que, début février 2010, deux nigauds de gauche « issus de l’immigration » ont dénoncé Alain Finkielkraut au CSA pour avoir notamment employé l’expression « Français de souche », qui serait selon eux « directement empruntée au vocabulaire de l’extrême droite ». Il existe une bêtise d’indignation affectant particulièrement ceux que Rutger Bregman, dans Utopia for Realists (2017), appelle les « socialistes perdants », qui se sont réfugiés dans l’émotion : « Ils ne cessent d’être du côté des malheureux : les pauvres, les exclus, les demandeurs d’asile, les handicapés et les discriminés. Ils rejettent l’islamophobie, l’homophobie et le racisme. Ils sont obsédés par les fractures qui divisent le monde entre cols bleus et cols blancs, pauvreté et richesse, les gens ordinaires et le 1%. »  Non seulement ils sont « ennuyeux comme un bouton de porte », mais ils « aiment perdre », « comme si l’échec, la ruine et les atrocités servaient surtout à prouver qu’ils avaient raison depuis toujours .»

Derrière ces flots d’indignation et de récriminations qui alimentent une forme de narcissisme, on reconnaît la puissance illimitée du ressentiment.

 La valorisation extrême du principe majoritaire et du principe égalitaire par les partisans de la démocratie, ou plus exactement du démocratisme, fait de la bêtise politique quelque chose de banal et d’intouchable, voire de respectable.

Alors que l’intelligence est peu probable et non transmissible socialement, la bêtise est majoritaire, transmissible et renouvelable.

Chacun peut s’y reconnaître. Elle est même contagieuse, par imitation ou intimidation. C’est là sa supériorité. Elle semble indestructible. On ne peut guère espérer que l’ébranler furtivement. C’est l’une des tâches de l’ironiste. Pratiquant le « faire-semblant » en empruntant le point de vue d’un autre que lui, l’ironiste feint de croire par exemple que ses interlocuteurs, aussi ignorants ou stupides soient-ils, sont savants ou intelligents, ou qu’ils peuvent l’être. À l’âge de la bêtise idéologisée de masse, l’ironie demeure l’arme de l’intelligence, aussi minoritaire soit-elle. Mais il ne faut pas surestimer les effets de la critique ironique. Rappelons, après Albert Camus, que « la bêtise insiste toujours » (La Peste, 1947). Et aussi, après Boileau (L’Art poétique, I), qu’« un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire ». Voilà qui laisse entendre que diverses hiérarchies d’imbéciles, sur la base de critères différents, pourraient être dressées.

Pierre-André Taguieff
Philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS

Sortir de l’antisémitisme ? Le philosémitisme en question, Paris, Odile Jacob, 2022 ; Le Retour de la décadence. Penser l’époque postprogressiste, Paris, PUF/Humensis, 2022 ; Qui est l’extrémiste ?, Paris, Éditions Intervalles, 2022 ; Le Grand Remplacement ou la politique du mythe.  Généalogie d’une représentation polémique, Paris, Éditions de l’Observatoire/Humensis, 2022 ; Pourquoi déconstruire ? Origines philosophiques et avatars politiques de la French Theory, Saint-Martin-de-Londres, H & O éditions, 2022. 

 

Pierre-André Taguieff

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