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dans N°1099, Politique

Pourquoi commémorer Napoléon ?

ParThierry Lentz
16 juillet 2021
Couvre-chef de Napoléon

La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon est en cours. On a beau répéter qu’il ne s’agit pas seulement de célébrer mais aussi de faire le point sur les recherches historiques concernant le personnage et son œuvre, les polémiques fleurissent sur quelques aspects sombres de son règne, sur fond de « sensibilités contemporaines ». Rétablissement de l’esclavage, place des femmes dans le Code civil, victimes des guerres, sort de la « république » et autres questions seraient ainsi le prétexte à rejeter ce grand homme, après tant d’autres, aux marges de l’histoire de France, au nom d’on ne sait trop quel déterminisme, dicté – pour ne pas dire inventé – par quelques groupes tenant de nos jours le haut du pavé médiatique. Faut-il se contenter d’observer ce mouvement minoritaire et s’y soumettre ?

La trace unique de Napoléon sur notre histoire et, partant, sur notre identité empêche certains de le laisser dormir en paix, de bénéficier tranquillement de sa postérité et même d’être sereinement étudié. Ils la trouvent trop prégnante, enragent que notre premier empereur reste un des trois personnages historiques préférés des Français (avec Louis XIV et de Gaulle), se moquent de la dévotion qu’il suscite dans certains milieux associatifs. En politique intérieure, il évoque tout ce qu’ils détestent : l’autorité de l’État, la primauté de l’intérêt général, l’unité nationale, l’ordre public, les hiérarchies découlant du mérite et de l’effort, jusqu’à la non-confessionnalité de l’État, mère de la laïcité à la française, dont ils chantent pourtant les louanges. En politique extérieure, il représente tout ce qu’ils ignorent sur l’histoire et la réalité des relations internationales : les rapports de force, les rivalités anciennes et la géopolitique y sont tout, tandis que l’idéologie, la colombe et les bons sentiments n’y sont presque rien. Sans admettre la discussion et sans même essayer de se documenter, ils assènent leurs vérités : les guerres et l’ambition folle de Napoléon ont fait « des millions de morts » ; son Code civil a sciemment voulu abaisser la femme et assurer à lui seul le triomphe du patriarcat ; le rétablissement de l’esclavage était uniquement fondé sur son « racisme » ; son régime était à peine moins pire que celui d’Hitler et de Staline ; sa police était une Gestapo ou une Tchéka avant l’heure, ses opposants étaient « systématiquement » mis à mort ; sa justice n’agissait que sur ordre, et on en passe. Et lorsque cela ne suffit pas, on lui dénie toute exceptionnalité parce qu’il avait aussi des côtés humains : il n’était pas drôle, se mettait parfois en colère, trompait sa femme, faisait mal l’amour et on ne sait quoi encore.

Historiens du Consulat et de l’Empire, nous pourrions évidemment ne pas en tenir compte et poursuivre tranquillement notre travail dans la quiétude de notre bureau. Napoléon a toujours été, au fond, l’objet de critiques, de son vivant et depuis sa mort. Alors, diriez-vous, un peu plus ou un peu moins… il s’en relèvera cette fois encore, comme il s’est relevé du reste.

« Lui, lui partout », disait déjà Victor Hugo

Mais on sent bien désormais que l’enjeu n’est plus le même et touche plus que par le passé à quelque chose qui dépasse la postérité du personnage. Certains semblent trouver en lui un nouvel élan pour l’autoflagellation et le déboulonnage des statues. Le phénomène serait stimulant s’il s’accompagnait du droit de défendre nos études et d’expliquer en quoi la période nous intéresse. Mais c’est le contraire qui se passe. Dans la « patrie de la liberté », comme on a pris l’habitude de surnommer notre pays depuis la Révolution, une superstructure idéologique, qui bénéficie de nombreux soutiens dans la presse, la radio publique et les institutions, raille et aimerait bien interdire le débat sur l’histoire napoléonienne en la condamnant sans appel et, pour faire bonne mesure, en soupçonnant ses historiens d’on ne sait quelles turpitudes. Peu lui importe l’intérêt de ses concitoyens pour leur histoire et de leur désir de se reconnaître ou se regrouper autour d’elle. La cause est entendue : comme l’histoire ne saurait être que « mondiale » et que, partant, la France n’est qu’une petite chose artificiellement créée (il y a tout de même au bas mot un millénaire, mais qu’importe !), elle se doit aussi d’être désincarnée. Il n’y a pas, il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais de grand homme, pas même d’homme qui, par son action et sa volonté, aurait pu influencer l’histoire de ses contemporains, dans un sens positif s’entend. Dès lors, tout Napoléon serait dans quelques questions qui fâchent nos contemporains, au nom de la victimisation, de la racialisation et de la « genrisation » de toutes les problématiques. Et malheur à ceux qui ne pensent pas ainsi : ils ont historiquement tort parce qu’ils sont – ou plutôt, seraient – politiquement minoritaires. Ils ne méritent que des lazzis et le mépris de leur parole.

Concernant l’histoire de Napoléon, il y a un « mais » de taille.

Au grand désappointement de ce courant qui n’a pas encore réussi à les rééduquer, les « masses » en demandent et en redemandent. Il ne passe pas une semaine sans qu’il ne soit question de lui, au travers de l’activité éditoriale, des documentaires audiovisuels, du cinéma ou des spectacles dits « vivants ». Les épisodes de sa vie, ses réussites et ses échecs, ses actions et ses pensées, ses batailles et ses réformes, les femmes et les hommes qui l’ont entouré ou affronté, en un mot, tout ce qui ramène à lui passionne nos concitoyens. Pas un programme d’éditeur qui ne comporte deux ou trois fois l’an des titres napoléoniens, y compris des romans qui le prennent pour héros ou développent leur intrigue en son époque. Pas une saison de Secrets d’histoire sans lui. Pas une chaîne, thématique ou non, qui ne cherche à le programmer dans sa grille. Pas un scénariste ou un documentariste qui n’ait dans ses cartons un projet le concernant de près ou de loin. Pas un magazine historique qui ne lui consacre régulièrement sa couverture ou un numéro hors-série. Pas un quotidien ou un hebdomadaire qui ne lui consacre de temps en temps des pages « magazine ». Pas un de nos présidents qui ne lui soit comparé, sans parler des « Napoléon des affaires » ou des « Napoléon du football » qui fleurissent en Une. Pas un musée qui n’ait programmé une exposition sur lui, sur les artistes ou l’art de son temps. Pas une municipalité qui n’ait profité des bicentenaires pour ici restaurer un monument, là apposer une plaque en souvenir d’un enfant de la commune qui s’est illustré sous son gouvernement. Enfin – mais peut-on être exhaustif ? – il a conquis la toile et les réseaux sociaux : sites, pages, groupes d’amis et de gazouilleurs à lui consacrés se comptent par milliers. « Toujours Lui ! Lui partout ! », Victor Hugo a encore raison aujourd’hui. Rien de ce qui le concerne ne laisse le monde indifférent. D’où venait-il ? Qui était-il ? Que voulait-il ? Que mangeait-il ? Comment aimait-il ? Qu’a-t-il dit ou pas dit ? Était-il un génie ? Un dictateur ? Un fondateur ou un opportuniste ? À quoi ont servi ses guerres ? De quoi est-il mort ? Et même, que ferait-il s’il revenait ?

Napoléon est « en nous »

Les mêmes questions posées il y a un siècle, cinquante ou vingt ans, visaient à instaurer des débats, à tirer des bilans, à constater des désaccords, mais pas à effacer purement et simplement Napoléon de l’histoire et de la mémoire nationales. L’heure est probablement venue pour les historiens de descendre dans l’arène, non pas pour minimiser et encore moins écarter les critiques, mais mettre en perspective ou en contexte. Ils pourront aussi commencer à répondre à la question sans cesse posée : pourquoi commémorer Napoléon ?

La réponse est multiple, mais il en est un élément que l’on n’ose pas toujours avancer : Napoléon est en nous, sans que nous en ayons conscience.

Je ne parle pas des souvenirs d’école, des traces de nos lectures, du merveilleux de son épopée et des monuments qu’il nous a laissés. Je ne parle même pas de savoir ou d’imagination. Je dis qu’il est en nous parce qu’il influence ce que nous sommes, ce que nous pensons et la façon dont nous agissons dans de nombreux domaines, jusque dans notre quotidien.

Cette présence inconsciente a sa source principale dans les règles de la vie en société fondées par son Code civil. Même réformé depuis deux siècles, il a conservé son ossature et une bonne part de sa cohérence philosophique d’origine. Il n’est pas un chapelet d’articles soigneusement classés, mais une conception de l’organisation sociale qui nous façonne, sans contrainte, presque naturellement. Il proclamait et proclame encore les principes d’égalité devant la loi, de l’organisation familiale, de l’état-civil, des successions, de la liberté des contrats, de l’étendue et des limites du droit de propriété, des règles de la responsabilité civile, de la non-confessionnalité de l’État, et j’en oublie. Sait-on que sur les 2 281 articles promulgués le 21 mars 1804, une petite moitié est encore en vigueur ? Par l’application de ces principes dans notre vie de chaque jour, comme M. Jourdain pour la prose, nous faisons « du Napoléon » sans le savoir.

Dans de nombreux autres domaines, tout le monde sait encore que nous lui devons les principes de l’organisation de l’État, de notre fiscalité et de nos finances publiques, de l’organisation judiciaire, du maillage des chambres de commerce et d’agriculture, et encore la création des pompiers de Paris, du numérotage des rues, de l’obligation de balayer devant sa porte ou d’enterrer les morts à six pieds sous terre, de la prééminence du droit du sol en matière de nationalité, etc.. Oh, bien sûr, Napoléon ne reconnaîtrait pas nombre de ses petits-enfants, des préfectures aux lycées, en passant par sa Banque de France (même si ses statuts restent ceux de 1806) ou sa Cour des comptes. Mais l’essentiel est là : c’est sous son impulsion qu’a été fondée la France contemporaine, avec des schémas conservés, parfois tels quels, par deux régimes monarchiques, un autre empire et quatre républiques. Ces schémas sont petit à petit entrés en nous et composent notre identité individuelle et collective. Peu de pays au monde ont eu comme dirigeant un homme du calibre de Napoléon. Parvenu au pouvoir après dix ans de chamboulements et de déchirements sans précédent, il a remis le pays sur pied, unifié la nation, bâti un édifice qu’il voulait pérenne et qui l’a été. Il disait vouloir jeter sur le sol de France des « masses de granit » pour y fixer les citoyens-grains de sable. « Je suis de la race d’hommes qui fonde », déclara-t-il encore un autre jour avec orgueil. Il a fondé et de ce qu’il a fondé découle toujours une part de nous.

Commémorer Napoléon est certes parler d’histoire, mais c’est aussi évoquer et creuser notre identité.

Thierry Lentz
Directeur de la Fondation Napoléon
Professeur associé à l’Institut catholique d’Études supérieures (La Roche-sur-Yon)

Thierry Lentz

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