Sonia Rabotoson, ancienne Secrétaire nationale Les Républicains à l’engagement citoyen, adresse dans la Revue Politique et Parlementaire sa tribune post-électorale.
Je salue de manière républicaine la réélection d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République française.
Mais soyons lucides, son élection bien que légitime est fragile, car de nombreuses voix se sont portées sur lui sans conviction ni adhésion pour le projet qu’il propose.
La France de 2022 est plus fracturée que celle de 2017. Pour preuve les scores cumulés des partis qui représentent une certaine radicalité totalisent au premier tour plus de 50% des suffrages, sans compter les plus de trois millions de personnes ayant voté blanc ou nul, lors du second tour de la présidentielle. Cela exprime une défiance citoyenne toujours plus grande et le rejet du duel Macron-Le Pen. J’espère et je souhaite que le Président de la République reconduit puisse dans le cadre d’une nouvelle ère, apaiser notre pays, loin de l’arrogance, de l’opportunisme et du flou.
Après trois défaites consécutives, il est temps pour la Droite de se reconstruire véritablement.
Une reconstruction qui passera tout d’abord par les élections législatives qui doivent permettre aux Français de retrouver confiance à travers cet autre moment de démocratie.
Par loyauté et dans le respect des règles établies, comme de nombreux militants et sympathisants, j’ai soutenu Valérie Pécresse, candidate de la Droite et du Centre.
Malgré des erreurs de communication, elle ne peut pas porter seule les responsabilités de ce cuisant échec.
Au-delà du choix de la ligne politique, qui a mon sens doit incarner le gaullisme social à savoir la souveraineté de la France tout en considérant les plus fragiles, notre famille politique, au risque de disparaître devra se renouveler pour coller à la réalité d’aujourd’hui.
La Droite devra considérer la France dans toute sa diversité :
Diversité des origines dans le respect des fondements de la République. Sans tomber dans la caricature du wokisme, nous devons mettre en avant des représentants des Français originaires d’ailleurs en les intégrant aux instances dirigeantes de notre parti. Cela n’a été le cas ni de manière générale ni lors de cette campagne en particulier, rendant orphelins nos compatriotes partageant nos valeurs et qui sans incarnation ont fini par tourner le dos à la candidate.
Diversité des territoires : au même titre que la France des grandes métropoles et la France rurale, nous devons nous adresser à la France périphérique, celle qui regorge de concitoyens de la classe populaire. Les Français les plus modestes, celles et ceux qui courbent l’échine et participent tous les jours au bon fonctionnement de notre pays.
Les partis traditionnels, LR et PS souffrent de leur manque d’agilité pour s’adapter aux nouvelles attentes des Français.
Ce qu’il faut pour reconstruire demain, c’est une Droite fière qui donne envie, une Droite vers laquelle on vient naturellement, qui ne doit pas être un choix par défaut.
Elle se doit d’ouvrir grand les fenêtres, faire en sorte que l’entre-soi perçu par les Français disparaisse. Cela passera probablement par des mandats locaux chaque fois renouvelés avec le plus de personnalités nouvelles et volontaires. Notre mouvement ne manque pas de ces profils mais notre fonctionnement ne leur permet pas d’émerger.
Il faut ainsi valoriser les talents de la diversité en les intégrant aux instances dirigeantes de la Droite et en leur permettant d’accéder à des mandats électifs, afin que tous nos compatriotes qui partagent nos valeurs puissent naturellement s’identifier.
En somme, la Droite de demain doit avoir le visage de la société française, tout en gardant son ADN, à savoir la valorisation du travail, du mérite et des territoires, dans le respect de l’ordre et de l’autorité.
Sonia Rabotoson
Docteur en Pharmacie
Ancienne Secrétaire nationale Les Républicains à l’engagement citoyen