Les demandes de procurations s’envolent ? Les démocrates bienpensants s’en félicitent y voyant un engagement fort devant une situation politique très confuse. Sans doute, à l’évidence la mobilisation démocratique est, de prime abord, une excellente nouvelle. Sans gâcher la fête, un doute ? Est-ce bien ce sursaut citoyen qui s’épand derrière l’arbre de la satisfaction ?
Un décor ambigu nous est proposé. De toutes parts remontent les mises en garde du phénomène « TikTok » dont les leaders semblent être le Rn et LFI et, bien sûr, les jeunes.
Notre histoire politique nous renvoie souvent à ce qui paraît une maxime projective – jeunes parlent, manifestent et vont danser.
Alors cette question ? Les procurations cachent-elles pas exclusivement mais aussi une apparition nouvelle des jeunes dans la vie politique ?
Ne serait-ce pas une révolution démocratique à risques et espérances si tel était le cas ? Les jeunes auraient-ils décidé de s’approprier le débat politique, à leur manière, dans l’individualisme qui sied à la jeunesse.
Alors faisons vite, car tout va se précipiter et les échéances suivantes ne sont pas stabilisées et sont de toute manière proche.
Je sais que des personnalités de la social-démocratie se sont emparées de ce sujet et en font un enjeu stratégique pour l’avenir de la démocratie. La quasi évidence du résultat disruptif clair, cinglant et puissant doit les pousser à sortir du bois puisqu’ils ont perçu ce que cachait l’arbre.
A l’heure des errements des fonctionnements des réseaux sociaux qui apparaissent de plus en plus naturellement pour ce qu’ils sont, leurs voix doit indiquer les premières balises du chemin à reconquérir loin de la dictature émotionnelle de communautés de situations.
La première des souverainetés sera peut-être celle-là – que ce beau pays de la « langue » ne se perde pas dans les ramages surpuissants des désespérances des affects venues masquer les véritables sentiments. Le rapport sur les perturbations mentales des adolescentes devrait beaucoup nous alerter.
Le choc actuel nécessite la mobilisation de la culture comme toujours, mais elle-même ayant réfléchi à la nouvelle donne de la société, associée à cette adaptation aux comportements des jeunes auxquels il faut trouver le chemin de leur réinscription dans le débat social hors d’un désir destructif et d’une désinhibition mortifère.
Ils sont formidables mais font l’expérience d’une emprise, jusque là inconnue, de technologies de l’expression déresponsabilisée mais efficace et jouissante.
Il faudra affronter le débat éthique et épistémologique que nous propose le déploiement de l’intelligence artificielle générative.
Il y va du choix entre déshumanisation et nouveau projet de partage en commun.
Revoir Charlot et écouter Chaplin sur la nécessité de toujours observer avec la plus grande attention le rapport de la machine et de l’humain.
Pierre Larrouy
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