L’adoption de ce très controversé projet de loi immigration laissera des traces dans la majorité présidentielle soucieux de garder ces deux jambes.
C’est la fin d’un long chemin législatif et le début d’une crise politique au sein de la galaxie Macron. Avec 349 votes favorables , le texte issu de la Commission Mixte Paritaire (CMP) a été adopté mardi soir à l’Assemblée nationale. Mais à quel prix ?
Depuis sa tour de contrôle du Palais de l’Élysée, le chef de l’État avait mis en garde sur une éventuelle seconde délibération du projet de loi en cas de vote décisif des députés du Rassemblement National. Panique à bord. Cette déclaration assez étonnante s’est faite dans la débandade et la crainte d’un risque d’éclatement de sa majorité après la défection des députés de l’aile gauche au premier rang, le président de la commission des lois, Sacha Houlié et le risque de démission de plusieurs ministres issus de la même sensibilité.
Résultat des courses, 20 députés Renaissance ont voté contre ce texte tandis que 17 se sont abstenus. La majorité n’a pas voté comme un seul homme. Pis, si les 89 députés du Rassemblement National n’avaient pas voté ce texte, celui-ci aurait été rejeté. En guise de repentance, Emmanuel Macron annonce ce matin en conseil des ministres une saisine du conseil constitutionnel. A l’instar des retraites , le président de la République renvoie la pression sur les sages de la rue Montpensier.
Crise dans la majorité mais aussi crise gouvernementale. Le ministre de la Santé a laissé ce matin son siège vide en conseil des ministres. Sa démission sera officialisée plus tard par le porte-parole du gouvernement lors du point de presse. Mardi matin , Au Monde, Aurélien Rousseau confiait que ce texte touchait aux “murs porteurs”. L’ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne se disait incapable de l’expliquer.
Agacé, le chef de l’État a poussé un cri de colère dans le conciliabule ministériel , fustigeant “ceux qui doutent et qui n’ont jamais vraiment mené de combat n’ont pas de leçon à donner.” Audacieux.
Une chose est certaine, cette séquence immigration à l’issue de laquelle Marine Le Pen salue une “victoire idéologique” sonnera comme un coup d’arrêt de la politique du “En même temps” qui est en réalité un vrai slogan de communication marketing. Emmanuel Macron qui voulait balayer le vieux monde s’est vu imposer un texte par un parti politique dont il espérait l’éclatement. Le retour du clivage politique est bien de retour. L’heure du choix a donc sonné.
Carlyle GBEI
Chef du service politique
Fréquence Protestante