Depuis le 17 mars, la France est confinée en raison de l’épidémie de coronavirus. Pierre Larrouy, économiste et essayiste, tient pour la Revue Politique et Parlementaire, un journal prospectif.
Les données dans les plis de la crise
L’autre versant de la souveraineté, lundi 6 avril
Terra Incognita, au fil du confinement, enregistre, intègre mais, sans s’arrêter sur le factuel, continue de viser des possibles.
Mais je ne peux pas échapper à la montée en puissance, subite, autour de la question du « tracking », de la question de la souveraineté de la donnée. Pied de nez, je viens de développer ces sujets, dans un essai, intitulé Après. Cela me permet de me situer Maintenant.
Sous la pression de l’inquiétude et de l’absence de solution claire et consensuelle, on nous prépare à un état d’exception algorithmique pour envisager une sortie du confinement.
Les libertés publiques vont-elles entrer dans le piège à rats ? Comme toujours, on prétend déchirer le vélin d’un contrat très précieux, on l’appelle démocratie, sous la pression manichéenne d’une possible tragédie humaine. Le sacrifice d’Abraham conserve, décidément à jamais, sa puissance d’évocation symbolique…
Résumons l’affaire ! On ne sait pas sortir du confinement et on ne peut pas y rester. Aucun dispositif ne répond à toutes les contraintes et différences d’analyse.
L’utilisation de la géolocalisation apparaît comme une tentative d’échapper à des décisions qui ne renverraient qu’au pouvoir et à sa rhétorique.
Dans la continuité de la communication publique autour de la pandémie, toujours cette danse incertaine des experts et des politiques.
Soyons honnêtes, hors des systèmes totalitaires (et encore on verra la suite), à l’exception, peut-être de la Suède (là encore attendons la suite), le flottement est largement partagé.
Et nous, citoyens désorientés, bien sûr, on répond oui. Oui ! volez-nous nos données, notre liberté, pour notre bien.
Entendez-moi bien ! Je ne veux pas participer à un procès en attentat contre les libertés publiques, anticipé et non argumenté. Mais on ne peut pas, non plus, se résoudre à une soumission. Ce doit être l’opportunité d’aller dans un débat dont le politique, hors des rodomontades, ne s’est pas saisi. Et là on pourra parler de manque d’anticipation et de projection. Les citoyens, depuis de longs mois, sont sortis d’un mutisme complexé, pour venir le dire sous la forme d’une crise de la représentation.
Sans doute la pandémie créera un consensus. Sans doute, si ça marche, on s’en félicitera. Mais, s’il le fallait, voilà une expression cruelle du manque de confiance.
L’adhésion se fera sous la pression pas sous la communion, pourtant nécessaire sur de tels sujets.
Alors, puisque qu’on va subir volontairement, tendons la corde que la chèvre que nous sommes rattache à son pieu, dans un pré qui mérite de plus belles escapades.
Je rajoute ce texte, avec précipitation, pour participer au débat qui va s’ouvrir mais dont on sent venir la chape de plomb de la culpabilité qui viendra courber nos nuques, sous l’éclairage blafard des plateaux de la télévision en continu.
A tout de suite…
Pierre Larrouy
Economiste et essayiste