Emmanuel Macron s’est expliqué pendant plus de trois heures mardi sur TF1 sans apporter de précisions sur ses futures orientations. Obligé une nouvelle fois de défendre son bilan, il n’est pas parvenu à porter une vision d’avenir, tout en regrettant ne pas pouvoir se représenter en 2027.
Le regret est venu à la toute fin de l’entretien : « Je suis le premier président de la République qui n’a pas le droit de se représenter » se désole Emmanuel Macron auprès de Gilles Bouleau qui l’interroge sur ses intentions pour la présidentielle de 2032. « Je ne pourrai pas le faire », insiste-t-il. S’il ne se représente pas en 2027, ce n’est pas par choix mais par interdiction.
La volonté de formuler ce constat est surprenante. Ce regret signifie-t-il que s’il en avait la possibilité, Emmanuel Macron serait candidat en 2027 avec l’espoir d’être réélu ? Sur le fond, cette hypothèse apparaît en contradiction avec la faiblesse de la cote de confiance du futur président sortant. Le moment où ce regret est exprimé est plus significatif. Emmanuel Macron ne vient pas de découvrir cette interdiction. Elle date de la réforme constitutionnelle de 2008 de Nicolas Sarkozy. L’expression de cette déception intervient au terme d’un entretien au cours duquel Emmanuel Macron n’a pas su parler d’avenir. Le chef de l’État qui dispose de deux années devant lui n’a pas su dire ce qu’il comptait en faire. Lors de ses vœux en décembre 2024, il avait envisagé de recourir au référendum. Cinq mois plus tard, on n’en sait pas plus.
D’autres présidents de la République ont achevé leur mandat en sachant qu’ils ne se représenteraient pas, que ce soit François Mitterrand, Jacques Chirac ou François Hollande. Mais aucun d’entre eux ne s’est retrouvé dans une situation identique à celle d’Emmanuel Macron. Ses prédécesseurs avaient des héritiers, désignés ou contestés, mais ils s’inscrivaient dans une continuité. Ils appartenaient à des familles politiques dont les idéaux existaient avant et se perpétueraient après eux, que ce soit au sein de la majorité ou de l’opposition. La situation d’Emmanuel Macron est radicalement différente.
Le président élu en 2017 a inventé un courant politique. Il l’a fortement incarné et uniquement dans l’exercice du pouvoir. Certains de ceux qui l’ont rejoint depuis n’ont connu que cette position dominante. Deux questions se posent désormais. Quel est l’avenir du macronisme sans Emmanuel Macron au sommet du pouvoir ? Quel serait l’avenir du macronisme devenu parti d’opposition ? Une partie des réponses à ces questions appartient au fondateur du mouvement. Mais avant cela, Emmanuel Macron doit tracer la route des deux prochaines années. Cela passe par l’acceptation d’un dauphin qui porte son héritage en 2027, et par la définition de cet héritage.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste